George Russell a été patient au cours des trois dernières saisons. Il a fait ses preuves, luttant à chaque course pour une place dans les points au volant de sa Williams. Cette saison, il roule dans une Mercedes. Il pointe au quatrième rang du classement des pilotes. Et il fait preuve d’une constance à toute épreuve.

Pour tout dire, Russell est le seul pilote à avoir terminé au sein du top 5 dans les neuf premières courses de la campagne. Certains lui ont d’ailleurs attribué à juste titre le surnom de « M. Constance ».

« Ça me va. Cela dit, c’est bien de finir dans le top 5 à chaque course, mais il n’y a aucun prix pour ça au championnat. Il y a un prix quand tu remportes le championnat, et c’est pas mal tout. C’est là-dessus qu’on a les yeux rivés », a toutefois précisé le Britannique en entrevue avec CNN, cette semaine, à la veille du Grand Prix de Silverstone.

Cette constance est d’autant plus surprenante du fait que Mercedes éprouve les fameux problèmes de marsouinage – ce phénomène aérodynamique qui entraîne de violents soubresauts dans les voitures – avec sa nouvelle monoplace depuis le début de la saison. L’équipe de pointe n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était dans les dernières années.

Russell a malgré tout réussi à monter trois fois sur la troisième marche du podium. Il dépasse largement les attentes à sa toute première saison avec les Flèches d’argent. En grande partie parce qu’il s’est mieux adapté à sa nouvelle voiture que son coéquipier, le septuple champion du monde Lewis Hamilton, actuellement au sixième rang du classement des pilotes.

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George Russell a terminé au troisième rang lors du Grand Prix d’Espagne, en mai dernier.

Pour tout dire, l’athlète de 24 ans a devancé le vétéran dans sept des neuf courses cette saison. Un fait digne de mention. Mais Mercedes semble revenir dans le coup graduellement et il sera intéressant de voir comment Russell gérera la cohabitation avec Hamilton s’ils commencent à lutter pour des podiums…

Ce sera la première fois de sa jeune carrière que le jeune pilote prendra part à sa course locale à bord d’une Mercedes, ce dimanche à Silverstone. Il partira toutefois au huitième rang sur la grille de départ, à la suite de qualifications décevantes pour lui sous une pluie persistante, samedi.

Il a devant lui un boulot colossal sur la surface lisse du circuit britannique pour arriver à faire sa place sur le podium.

« Je veux que mon premier podium à Silverstone soit sur la plus haute marche », disait-il à l’émission balado Beyond the Grid au cours des derniers jours.

« Non pas que je relâcherais dans le dernier tour si j’étais deuxième ou troisième, mais Silverstone tient une si grande place dans mon cœur ; c’est là que j’ai remporté ma toute première course, c’est là que j’ai fait ma toute première course aussi. C’est là que j’ai fait mon tout premier essai dans une voiture de Formule 1. »

Le « bon moment »

Russell s’est joint à l’équipe de Mercedes comme pilote junior en 2017. Deux ans plus tard, il signait un premier contrat en Formule 1 avec Williams, qui utilise un moteur Mercedes. L’équipe a fini au dernier rang du championnat des constructeurs en 2019 et en 2020.

Mais Russell a réalisé sa meilleure saison en 2021, réussissant son premier podium, une deuxième place en Belgique. Quelques jours plus tard, on apprenait qu’il avait signé un contrat à long terme chez Mercedes pour 2022, en remplacement de Valtteri Bottas.

C’était là l’aboutissement du plan initial de Russell, a-t-il raconté dans la balado.

« Depuis la Formule 2, le plan était de concourir chez Williams et de se joindre à Mercedes. Toto [Wolff, chef d’équipe chez Mercedes] m’avait dit : “Continue de faire ce que tu fais et tu seras dans une voiture.” »

Au bout du compte, l’attente de trois ans aura valu la peine…

Quand je regarde ça avec du recul, je pense que me joindre à Mercedes l’année dernière ou même en 2020 aurait été extrêmement difficile parce que j’aurais été contre Lewis [Hamilton] alors que la voiture était adaptée à son style de conduite depuis tant d’années… C’était son bébé.

George Russell, en entrevue à l’émission balado Beyond the Grid

Avec la nouvelle réglementation cette saison, tout le monde, sans exception, repartait de zéro avec une toute nouvelle voiture. « C’était probablement le bon moment [cette année]. »

Aucune garantie

Questionné par l’animateur de la balado pour savoir quel a été le sentiment qui l’a envahi quand il a signé son contrat avec les Flèches d’argent, Russell a expliqué qu’il préférait regarder les choses « un peu plus objectivement ».

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George Russell au volant de sa monoplace lors des essais libres sur le circuit de Silverstone samedi

« Les choses peuvent changer très rapidement en Formule 1. […] Si je ne performe pas et que je me fais botter le cul par le plus grand pilote de tous les temps, qu’est-ce que ça veut dire ? Parce que dans un an, je serai probablement dehors.

« C’est en quelque sorte l’image du gars qui escalade une montagne. Il pense qu’il est au sommet, il lève les yeux et le sommet est à des kilomètres. C’est ainsi que je le vois. Il y a beaucoup à célébrer dans un moment comme celui-là, mais je veux être champion du monde et gagner des courses. Signer un contrat ne garantissait rien. »