Bertrand Godin a été intronisé samedi au Temple de la renommée du sport automobile canadien, à Toronto. C’est non seulement sa carrière de pilote qui a été soulignée, mais aussi son souci de redonner.

Bertrand Godin était loin de se douter qu’il allait un jour recevoir ce genre d’hommage lorsqu’il a démarré dans le monde du karting à 18 ans. Encore moins lorsqu’il est parti pour l’Europe, en 1992, avec 200 $ en poche pour vivre de sa passion. « J’étais parti en Europe sans argent, mais j’étais le gars le plus riche au monde, parce que je faisais ce que j’aimais. Je réalisais mon rêve », se souvient-il.

Les deux années suivantes, il est devenu vice-champion de France en Formule Ford avec l’écurie Mygale. Le reste de sa carrière fait maintenant partie de l’histoire.

Ce qui est d’autant plus fascinant de la carrière de Bertrand Godin, c’est qu’il ne s’est pas démarqué seulement derrière le volant. L’homme de 54 ans est aussi conférencier, auteur, instructeur et chroniqueur. Il a vécu de sa passion de différentes manières, à différentes époques.

C’est aussi cette longévité qui a convaincu les membres du Temple de la renommée d’introniser le Québécois.

En 2018, il a fait son grand retour au Grand Prix du Canada et au Grand Prix de Trois-Rivières en Formule 1600, où il est d’ailleurs monté sur la première marche du podium.

Bertrand Godin est toujours actif dans le milieu de l’automobile, et c’est pourquoi il a été surpris de recevoir l’appel lui annonçant la bonne nouvelle. C’était en septembre dernier, pendant qu’il était en train de faire l’épicerie. Au départ, il croyait qu’il s’agissait d’un sondage quelconque ou d’un mauvais numéro, étant donné que l’afficheur montrait un numéro en provenance de Toronto. Il a décroché et un homme lui a annoncé qu’on allait rendre hommage à sa carrière qui s’échelonne sur plus de 35 ans.

Lorsqu’il a raccroché, il a tout de suite eu une pensée pour toutes les personnes qui lui ont été bénéfiques. Qui ont été essentielles à son succès, d’hier à aujourd’hui.

Il a surtout regardé vers le ciel pour remercier son idole, le grand Gilles Villeneuve. « Quand j’ai vu Gilles Villeneuve gagner à Montréal en 1978 et faire le tour d’honneur avec le drapeau à damier, le petit gars de 10 ans que j’étais s’est dit qu’il aimerait ça, vivre des moments comme ça. Il n’a pas fait ça pour montrer qu’il était le meilleur. C’était pour partager quelque chose avec les gens », a expliqué Godin.

Une leçon qu’il a bien comprise et qu’il a transposée tout au long de sa carrière. Il l’a fait en prenant le temps de faire partager sa passion et ses connaissances, tant aux adeptes qu’aux néophytes.

PHOTO FOURNIE PAR le GROUPE À L’INFINI

Bertrand Godin

Bien au-delà des victoires, je ne suis pas quelqu’un qui a réécrit le livre des records, loin de là. […] mais je suis un gars qui aime partager son bonheur et sa passion.

Bertrand Godin

Godin parle de cette intronisation comme du « trophée de tous les honneurs ». Même si la route a été sinueuse, le jeu en a valu la chandelle : « Ça regroupe toutes les petites victoires et même les moments plus difficiles grâce auxquels j’ai appris. Parfois, il faut apprendre à perdre pour mieux gagner. »

Pour la relève policière

Dans cette quête perpétuelle d’apprentissage, Godin s’est lancé un autre défi, il y a maintenant 11 ans, lorsqu’il a accepté de devenir instructeur de conduite de véhicules d’urgence pour l’École nationale de police du Québec (ENPQ), à Nicolet.

Il enseigne aux policiers et aux policières de demain à bien gérer et anticiper les dangers qui peuvent se présenter à eux au volant de ces véhicules uniques.

Pour lui, d’être avec des jeunes et de faire partager son expérience au service de la sécurité publique n’a pas de prix.

C’est bien beau, gagner des courses, mais c’est encore plus important de pouvoir amener un aspect de sécurité dans notre société.

Bertrand Godin

Il précise que cet aspect qui fait partie intégrante de l’apprentissage de ces futurs agents de la paix est peut-être sous-estimé, mais extrêmement important. Il y a une nette différence entre la conduite réglementaire et la conduite d’urgence. De là l’importance de planifier, comprendre et contrôler chacun de ses déplacements d’urgence.

« Ce que j’enseigne à l’école est plus basé sur la sécurité et la conscience. Du contrôle de soi avant tout, parce qu’on ne peut pas être en contrôle d’une voiture si on n’est pas en contrôle de soi. Oui, il y a de la technique, mais c’est surtout tout un mécanisme pour que les policiers puissent conduire en urgence en toute sécurité. Quand on se déplace pour aller sauver des vies, on ne peut pas se permettre de mettre la vie des autres en danger. »

Godin parle par passion, mais aussi par expérience. Une expérience qui a été saluée et honorée et qui place le pilote parmi les immortels du monde de l’automobile au Canada.