(Jeddah) « La sécurité est assurée, allons courir » : le Grand Prix d’Arabie saoudite de F1 continue « comme prévu » malgré les attaques commises vendredi dans le pays, notamment sur une installation pétrolière proche du circuit de Jeddah, revendiquées par les rebelles yéménites houthis.  

« Les autorités ont confirmé que l’évènement pouvait continuer comme prévu », a précisé le promoteur du championnat, Formula 1, dans un communiqué diffusé quelques minutes après les essais libres 2, dominés par le Monégasque Charles Leclerc (Ferrari).  

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Charles Leclerc au volant de sa Ferrari.

Puis le PDG de la F1 Stefano Domenicali, le président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA) Mohammed Ben Sulayem et les autorités locales ont reçu les pilotes et les patrons d’écuries pour tenter de les rassurer.

« Nous avons reçu l’assurance totale que, pour le pays, la sécurité est prioritaire », a expliqué Domenicali aux médias après cette réunion. « Ils (les responsables saoudiens, NDLR) sont sur le circuit avec leurs familles et ils ont mis en place tous les systèmes nécessaires pour protéger cette zone, la ville et les endroits où nous allons. Nous sommes donc confiants […] C’est pourquoi nous allons poursuivre l’évènement ».

« Que visent-ils (les houthis, NDLR) ? Les infrastructures économiques, pas les civils et pas le circuit. Nous avons vérifié les faits et nous avons l’assurance à haut niveau que cet endroit est sécurisé. La sécurité est assurée, allons courir », a ajouté Ben Sulayem.

Et Domenicali de démentir avec ce qui semble une pirouette la rumeur selon laquelle certains pilotes ne souhaiteraient pas poursuivre : « Ils seront sur la piste, vous verrez ».

« En démocratie »

La décision de continuer était unanime « entre les Team Principals », a développé le patron de Mercedes Toto Wolff. Les pilotes, réunis en discussion jusque tard dans la nuit de vendredi à samedi, sont quant à eux libres de faire leur choix : « Nous en sommes en démocratie », a souligné Wolff.

Les pilotes se sont finalement séparés au bout de quatre heures, sans faire d’annonce officielle.

L’attaque du site pétrolier de Jeddah figure parmi 16 revendiquées par les houthis vendredi, à la veille du septième anniversaire de l’intervention de la coalition militaire dirigée par Riyad au Yémen pour soutenir le gouvernement face aux rebelles proches de l’Iran.

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Max Verstappen au volant de sa Red Bull.

En représailles, la coalition a mené des frappes aériennes au Yémen dans la nuit de vendredi à samedi, à Sanaa et Hodeidah, villes tenus par les rebelles, selon l’agence saoudienne officielle SPA.

L’attaque à Jeddah a provoqué un gigantesque incendie et un nuage de fumée noire visibles depuis le circuit pendant les essais libres 1 à 17 h locales et ensuite. « Je sens une odeur de brûlé, c’est ma voiture ? », a même demandé le pilote néerlandais Max Verstappen (Red Bull) à son équipe.

Déjà le plus rapide de la première séance d’essais en 1 min 30 sec 772/1000, Leclerc, vainqueur du GP inaugural à Bahreïn la semaine passée, a porté son chrono à 1 min 30 sec 074/1000 à la nuit tombée, dans les conditions des qualifications samedi et de la course dimanche.

Il a devancé le champion en titre, Verstappen, de 140/1000, son propre équipier espagnol Carlos Sainz Jr de 246/1000 et le Mexicain Sergio Pérez (Red Bull) de 286/1000. Les trois étaient toutefois chaussés de pneus medium contre des pneus tendres, plus rapides sur un tour, pour le Monégasque.

« Énorme quantité de travail »

Les Mercedes des Britanniques Lewis Hamilton et George Russell,  eux aussi sur des pneus tendres, suivaient en 5e et 6e positions à respectivement 439 et 590/1000 du plus rapide.

Du côté de Red Bull, on a annoncé dans la matinée avoir réglé le problème qui a provoqué le double abandon de Verstappen et Pérez la semaine dernière.

« Nous avons réussi à reproduire à l’usine ce qui s’est passé : une combinaison de facteurs a créé un vide » empêchant les pompes d’aspirer le carburant et de le délivrer au moteur, a expliqué le directeur d’équipe Christian Horner à l’AFP. « Nous avons mis en place des solutions qui, je l’espère, permettront d’y remédier. »

Chez Mercedes, on tente de venir à bout du manque de stabilité des deux monoplaces pour rattraper le niveau de performance des Ferrari et des Red Bull.

« Une énorme quantité de travail a été abattue au cours des trois derniers jours », a assuré Hamilton. « Nous sommes conscients de nos problèmes, nous travaillons sur ce qui les cause pour voir comment y remédier sans perdre de performance puis, finalement, en gagner. Mais trois jours entre deux courses, c’est si court qu’il n’y aura pas une différence énorme ce week-end. Mais j’espère que nous aurons des choses à essayer ».

Enfin, chez Aston Martin, l’Allemand Nico Hülkenberg remplace de nouveau son compatriote Sebastian Vettel, testé positif à la COVID-19 la semaine dernière. Le quadruple champion du monde devrait faire son retour lors de la prochaine manche en Australie du 8 au 10 avril.