(Montréal) Le promoteur du Grand Prix du Canada François Dumontier fait des pieds et des mains depuis des mois afin de trouver des solutions pour éviter que « sa » course soit annulée pour une deuxième année de suite. Et il pourrait même envisager une possibilité inusitée : celle de présenter la course en semaine.

Dumontier répète à qui veut l’entendre que le nœud du problème pour son organisation est la fameuse quarantaine obligatoire décrétée par le gouvernement fédéral pour toute personne provenant de l’étranger qui entre sur le territoire canadien. À ce sujet, Dumontier assure qu’il est en constante discussion avec les principaux acteurs dans le dossier.

Il serait toutefois étonnant que cette règle — elle passerait bientôt de 14 à sept jours selon certains experts qui gravitent dans le monde du hockey — soit carrément levée d’ici au Grand Prix du Canada, qui doit avoir lieu le 13 juin.

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« J’ai lu ça hier, et c’était relié à la LNH. Si un joueur américain est échangé à une équipe canadienne, alors il pourrait devoir faire une quarantaine de sept jours. Est-ce que ça pourrait-être appliqué de façon plus large ? Je ne sais pas. Nous n’avons pas ces indications-là. Mais même à sept jours, ça ne fonctionnerait pas pour nous », a déclaré Dumontier en entretien téléphonique avec La Presse Canadienne vendredi.

Dumontier fait ici référence au fait que le Grand Prix du Canada est « coincé » entre le Grand Prix d’Azerbaïdjan, le 6 juin, et le Grand Prix de France, le 27 juin, ce qui laisse très peu de marge de manœuvre pour le déplacer.

C’est là qu’est née l’idée de présenter le Grand Prix du Canada en semaine, pour respecter une éventuelle quarantaine écourtée après Bakou tout en tenant une course de F1 sur le circuit Gilles-Villeneuve. Il reste cependant bien des obstacles avant que cette solution soit réellement envisageable.

« C’est une décision que je devrais prendre conjointement avec la F1, car généralement les équipes retournent à leur usine entre le Grand Prix du Canada et celui de France, afin de préparer la suite de la saison en Europe. Mais c’est certain que je vais analyser cette idée-là », a commenté le patron d’Octane Management.

Ce serait vraisemblablement la première fois qu’une épreuve de F1 serait présentée en pleine semaine, mais Dumontier a rappelé que ce ne serait pas la première fois qu’une course aurait lieu en semaine à Montréal.

Il a cité en exemple le Grand Prix de Montréal, une épreuve de la série Champ Car, qui s’était déroulée le lundi 28 août 2006.

« C’était plus simple avec le Champ Car, qui se déplaçait en camions. La F1, c’est une autre logistique », a rappelé Dumontier, sans parler des enjeux associés aux droits de télédiffusion internationaux.

Si jamais la course devait être reportée ou annulée pour une deuxième année de suite, alors Dumontier croit que « la F1 ne laissera pas ce week-end là libre, qu’elle sera tentée de l’offrir à un autre pays ».

La perspective de la reporter semble également assez difficile, puisque le calendrier doit compter 23 courses — un record — et s’étaler du 28 mars au 12 décembre. Mais ce n’est pas hors de question.

« C’est très différent de l’an dernier, parce que plus on va avancer dans le calendrier cette saison, plus les pays qui accueillent des courses auront fait progresser leur campagne de vaccination massive, ce qui réduit les chances qu’ils annulent leur Grand Prix à l’automne. Ce n’est pas impossible, mais ce serait difficile », a évoqué Dumontier, en rappelant qu’une fenêtre s’était ouverte — brièvement — pour le Grand Prix du Canada à l’Action de grâce l’an dernier.

« Il va falloir être patient, et travailler avec la F1 et la FIA pour voir si un autre Grand Prix sera annulé, toujours en gardant en tête notre météo capricieuse à l’automne au Québec », a-t-il ajouté.

De plus, si jamais une course a lieu, sera-t-elle présentée devant des spectateurs ou à huis clos ? Le principal intéressé a indiqué que toutes ces questions pourraient bientôt obtenir leur réponse.

« À l’heure actuelle, c’est incertain, ça c’est clair. Nous discutons au quotidien avec Québec et Ottawa, et je m’attends à une réponse quelque part la semaine prochaine », a-t-il dit.

Mais peu importe l’issue de la situation actuelle, Dumontier jure que l’avenir du Grand Prix du Canada n’est pas menacé.

« (Si le Grand Prix) est encore annulé, ce ne serait pas une catastrophe, mais ce serait un autre coup dur, a-t-il convenu. Mais la F1 ne romprait pas le contrat que j’ai avec eux jusqu’en 2029, parce qu’on ne contrôle pas la pandémie. Ce n’est pas une faute qu’on aurait commise. Nous ne sommes pas les seuls affectés par ça.

« D’ailleurs, il va falloir surveiller la première portion du calendrier de proche, jusqu’à Silverstone, parce que ça se peut que certains Grands Prix ne puissent avoir lieu », a-t-il confié, en référence à la troisième vague de coronavirus qui balaie présentement l’Europe.

Stroll rêve à un Grand Prix devant des spectateurs

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Le pilote québécois Lance Stroll

Une chose est certaine, c’est que les pilotes canadiens inscrits au championnat du monde de F1 en 2021 seraient déçus que le Grand Prix du Canada soit annulé pour une deuxième année consécutive.

Le Québécois Lance Stroll croit toutefois qu’il est préférable de jouer de prudence avec la situation sanitaire actuelle, et prend le tout de manière philosophique.

Tout dépend de la situation sanitaire à Montréal et au Canada, et du degré de tolérance du gouvernement à la visite de la F1 au pays. Si tout le monde est à l’aise avec l’idée de présenter le Grand Prix du Canada, et que c’est sécuritaire pour tout le monde, alors je serai le premier à vouloir y participer. Mais si ce n’est pas le cas, alors nous devrons respecter la décision. La dernière chose que nous voulons, c’est une éclosion provoquée par la F1 au Canada ; ce serait un désastre. Il faudra donc un bon plan.

Lance Stroll

Pour sa part, l’autre pilote canadien inscrit au championnat du monde de F1 cette saison, Nicholas Latifi, rêve toujours de participer à son premier Grand Prix du Canada en carrière, puisqu’il n’a pu le faire l’an dernier à cause de la pandémie de coronavirus.

« J’ai entouré la date à Montréal sur mon calendrier. J’y ai déjà piloté, lors des essais libres en 2018 et 2019, et je rêve de pouvoir vivre cette expérience à titre de pilote titulaire », a mentionné le Torontois âgé de 25 ans plus tôt cette semaine.

« Dans un monde idéal, nous aimerions voir des spectateurs dans les gradins. Ce serait triste qu’un aussi beau Grand Prix soit privé de son énergie, avec des gradins déserts. Je détesterais devoir vivre ça. Mais il faudra attendre de voir l’évolution de la situation sanitaire sur la planète, ainsi qu’au Canada, en juin », a résumé Stroll avant de prendre congé.