(Montréal) Est-ce la fin d’une époque en Formule 1, ou encore le début d’une nouvelle ère dans la série reine du sport automobile ?

Une chose est certaine : les amateurs de course automobile viennent de vivre la saison la plus palpitante des dernières décennies en F1, qui a culminé avec le couronnement de Max Verstappen à l’issue de la dernière course de la campagne.

« C’est fou. Je ne sais pas quoi dire. Je suis si heureux pour l’équipe et les gars. J’adore travailler avec eux. J’ai finalement joué d’un peu de chance. Mon équipe sait que je l’aime, et je veux continuer comme ça avec eux pendant encore 10 ou 15 ans ! », s’est exclamé Verstappen après avoir confirmé son triomphe.

Le pilote néerlandais a ainsi décroché son premier titre de champion du monde en carrière, un exploit que son illustre père, Jos, n’est jamais parvenu à accomplir – même s’il a été pendant un certain temps le coéquipier d’un certain Michael Schumacher.

« Mon objectif, quand j’étais petit, était de devenir un pilote de Formule 1. Tu veux gagner, obtenir des podiums et entendre l’hymne national néerlandais. Et maintenant je suis ici, en tant que champion du monde, avec mon père. Ma famille, mes amis, tous ceux qui m’ont encouragé au fil des ans – ils sont tous ici », a souligné le pilote âgé de 24 ans, ému.

Pour sa part, Hamilton convoitait un huitième titre de champion du monde, ce qui lui aurait permis de briser l’égalité au sommet avec Schumacher. Un rendez-vous raté avec l’histoire.

« Félicitations à Max et à son équipe. Je suis très fier de mon équipe et nous avons donné tout ce que nous avions. J’étais très à l’aise dans la voiture depuis quelques mois. Nous verrons ce que l’avenir nous réservera », a dit Hamilton, visiblement déçu par la tournure des évènements.

PHOTO KAMRAN JEBREILI, ASSOCIATED PRESS

Lewis Hamilton convoitait un huitième titre de champion du monde, ce qui lui aurait permis de briser l’égalité au sommet avec Schumacher. Un rendez-vous raté avec l’histoire.

Hamilton et Verstappen se sont échangé de nombreuses salves au cours de la campagne, repoussant les limites du tolérable chaque fois qu’ils se mesuraient l’un à l’autre – tout en laissant leurs écuries respectives, Mercedes et Red Bull, s’échanger des critiques acerbes sur la place publique.

Et ç’a de nouveau été le cas lors de la dernière course, au Grand Prix d’Abou Dabi. N’eût été la perte de maîtrise du pilote Williams Nicholas Latifi avec cinq tours à faire, et la décision des commissaires de piste de replacer Verstappen aux côtés de Hamilton pour le dernier tour, le Néerlandais n’aurait jamais pu aspirer aux grands honneurs.

Un dépassement audacieux aux dépens du Britannique lui a cependant permis de signer sa 10victoire cette saison, mettant du même coup un terme à une lutte spectaculaire pour le championnat.

Imaginez, Hamilton et Verstappen étaient au coude à coude après 21 courses au championnat. C’était la première fois depuis 1974 que les meneurs au classement général étaient à égalité à l’aube du dernier départ de la saison.

La neuvième victoire de Verstappen a été enregistrée il y a un mois à Mexico, lui procurant alors un coussin de 19 points en tête du classement général. Il semblait alors avoir « les deux mains sur le volant » dans la course au championnat.

Hamilton, qui a remporté les quatre derniers titres en F1, a cependant signé trois victoires consécutives pour rejoindre Verstappen en tête du classement après le Grand Prix d’Arabie saoudite, mettant la table pour une finale enlevante.

Alors, assistera-t-on à un changement de garde en F1 ? Hamilton, qui est âgé de 36 ans, fera équipe avec son compatriote, l’espoir George Russell, en 2022, et il devra se plier comme tout le monde aux nouveaux règlements en vigueur en F1 à compter de la saison prochaine.

« Lewis est un pilote formidable et un compétiteur féroce. Nous avons connu des moments difficiles, mais c’est dans la nature du sport, car tout le monde veut gagner. Nous reviendrons l’an prochain et tenterons de le faire de nouveau », a conclu Verstappen.

Un spectacle rehaussé en 2022 ?

PHOTO ANTONIN VINCENT, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le Québécois Lance Stroll tentera de rebondir l’an prochain après avoir connu une saison honnête, sans plus, en 2021, avec la nouvelle équipe qui appartient à un groupe mené par son père, Lawrence. Il en a profité pour atteindre le plateau des 100 Grands Prix en carrière, à Abou Dabi le 12 décembre.

Plusieurs écuries ont d’ailleurs misé sur cette nouvelle réalité dans l’espoir de déloger Mercedes du sommet des constructeurs – l’équipe allemande a décroché un huitième titre des constructeurs consécutif en 2021 –, dont Aston Martin.

« Ce sera une histoire complètement différente l’année prochaine. Toutes les équipes vont devoir repartir à zéro. On compte sur de très bons ingénieurs, bourrés de talent, qui travaillent depuis longtemps déjà sur la voiture de l’année prochaine, alors j’espère qu’on pourra progresser [en 2022] », a lancé Lance Stroll à ce sujet.

Le Québécois tentera de rebondir après avoir connu une saison honnête, sans plus, en 2021, avec la nouvelle équipe qui appartient à un groupe mené par son père, Lawrence. Il en a profité pour atteindre le plateau des 100 Grands Prix en carrière, à Abou Dabi le 12 décembre.

Stroll n’a cependant réussi que neuf top 10 cette saison – son meilleur résultat a été une sixième place au Grand Prix du Qatar plus tôt ce mois-ci –, et il l’a conclue au 13rang du championnat des pilotes avec une maigre récolte de 34 points, soit 9 de moins que son coéquipier, Sebastian Vettel, qui l’a devancé au 12échelon.

De son propre avis, le pilote de Mont-Tremblant a admis que sa voiture n’était pas aussi compétitive que celle de l’an dernier, alors qu’elle était peinte en rose et que l’écurie portait encore le nom de Racing Point.

« Nous avons tout de même marqué de bons points cette année. C’est sûr que la voiture n’est pas aussi compétitive que celle de l’an dernier – j’ai déjà dit que les changements adoptés par la FIA l’an dernier nous avaient vraiment affectés, et c’est pour ça que nous ne sommes plus dans la position de nous battre pour des podiums », avait résumé le pilote âgé de 23 ans en novembre.

Stroll s’est toutefois dit en faveur de la poursuite d’une expérience tentée par la série reine du sport automobile en 2021 : la « course sprint qualificative ».

« J’aime ça, même si je sais que ça ne fait pas l’unanimité. Ça rend les week-ends plus excitants, et les équipes ont moins de temps pour se préparer. Un vendredi classique est souvent plus lent, et ça donne trop d’occasions aux équipes, aux ingénieurs et aux pilotes pour amasser des informations en vue des qualifications. J’espère donc que ce format sera étendu à plus de courses la saison prochaine », a-t-il confié.

À ce sujet, le réputé magazine hebdomadaire britannique Autosport a indiqué qu’une rencontre au sommet entre les directeurs d’équipe et les dirigeants de la F1 à Djeddah, en Arabie saoudite, survenue plus tôt en décembre avait été favorable à la reconduite des courses sprint qualificatives pour 2022.

Et parmi les six épreuves qui seraient ciblées pour ce format la saison prochaine se trouve le Grand Prix du Canada, qui se déroulera les 17, 18 et 19 juin – si le coronavirus ne fait pas des siennes d’ici là, ce sera la première fois que les monoplaces tourneront sur le circuit Gilles-Villeneuve en trois ans. Aussi bien dire un bail.

De nombreux changements à prévoir

Les amateurs de course montréalais devront également se familiariser avec quelques nouveaux visages en 2022, puisqu’un jeu de chaise musicale s’est opéré au cours des derniers mois dans les paddocks.

Parmi les changements significatifs se trouve le départ de Valtteri Bottas de Mercedes, qui sera remplacé par Russell. Une décision qui pourrait provoquer des flammèches chez Mercedes et secouer la hiérarchie actuelle en F1.

Bottas, de son côté, rejoindra Alfa Romeo, qui comptera aussi sur Guanyu Zhou – le premier pilote titulaire chinois de l’histoire de la F1.

Ces changements chez Alfa Romeo signifient également la fin d’une époque, puisque Kimi Raikkonen a décidé d’annoncer sa retraite à 42 ans, après une carrière qui s’est étalée sur 20 ans et au cours de laquelle il a pris part à 352 Grands Prix. Le Finlandais a signé un total de 21 victoires, et a été sacré champion du monde en 2007 – avec Ferrari.

De plus, il y aura deux pilotes canadiens sur la grille pour la troisième saison de suite, puisque Stroll sera accompagné de Nicholas Latifi, toujours installé chez Williams. Le Torontois fera cependant équipe avec Alex Albon, ex-pilote Red Bull exclu du plateau en 2021.

Enfin, le calendrier 2022 de la F1 devrait être composé de 23 courses, et comprendrait pour la première fois une deuxième épreuve américaine – le Grand Prix de Miami, le 8 mai. L’épreuve floridienne se déroulera vraisemblablement sur une nouvelle piste appelée l’Autodrome international de Miami, érigée autour du Hard Rock Stadium, domicile des Dolphins de Miami, dans la NFL.

Loin d’être préoccupé par la possibilité que cette course vienne drainer le bassin de spectateurs de son épreuve, le patron du Grand Prix du Canada, François Dumontier, avait déjà affirmé qu’il appuyait le projet en 2018.

La F1, en véritable transformation depuis deux ans, semble donc bien engagée dans sa sortie de crise, et elle pourrait bien offrir une première saison « normale » depuis 2019. En espérant que celle-ci soit aussi spectaculaire que celle qui vient de se terminer.