(Paris) À l’instar d’autres grands sportifs, le jeune pilote de Formule 1 britannique Lando Norris n’hésite pas à parler publiquement de sa santé mentale, ce qui l’a « beaucoup aidé » et peut « aider d’autres personnes » à ne pas se sentir seules.

La gymnaste américaine Simone Biles, en renonçant à plusieurs épreuves des Jeux olympiques cet été, la joueuse de tennis japonaise Naomi Osaka ou dernièrement la vedette brésilienne de soccer Neymar ont porté le débat sur la santé mentale des sportifs sur la scène médiatique mondiale.  

Arrivé à 19 ans seulement (en 2019) dans l’élite du sport automobile, Norris a connu des problèmes similaires en début de carrière et ne s’en est pas caché : « Cela m’a beaucoup aidé de rendre la situation publique. »

« Mais si je l’ai dit aux médias, ce n’est pas pour que l’on s’apitoie sur mon sort mais pour aider d’autres personnes qui, à leur tour, trouveront la force de s’exprimer. Pour qu’ils puissent se dire : “Je ne suis pas seul” », a expliqué l’Anglais lors d’un récent entretien à l’AFP et au quotidien allemand Bild.

Entourage

« Je vais beaucoup mieux maintenant qu’il y a deux ans. Je profite beaucoup plus de la vie. Je ne suis plus toujours en train de m’inquiéter, de penser, de paniquer », a-t-il continué.

Il y a deux ans, le jeune espoir britannique, vice-champion de Formule 2 en 2018, était propulsé en F1 chez McLaren, chargé avec l’Espagnol Carlos Sainz Jr de piloter la renaissance de l’écurie britannique.

Avant d’en parler publiquement, Norris s’est entouré : « Il y a quelques années, quand je faisais du karting, et pendant longtemps, j’ai eu recours à un psychologue pour m’aider. Mais maintenant, j’ai juste une très bonne équipe autour de moi, mes ingénieurs, mon entraîneur, mon gérant, ma famille, avec qui je peux parler de tout ».

Comme sur un court de tennis ou un tapis de gymnastique, le pilote de Formule 1 est seul dans sa monoplace et l’aspect mental est primordial.  

Surtout pour se relever après un échec, comme celui de Norris en Russie : leader pendant la plus grande partie de la course, il n’est pas entré aux stands pour changer de pneus à l’arrivée de la pluie dans les dernières minutes et cette erreur lui a couté la victoire.

« Il y aura toujours quelque chose au fond de mon esprit qui me rappellera Sotchi car c’était ma première chance de gagner en F1. Mais c’est plus comme un souvenir, ça ne me fait pas vraiment mal maintenant », a-t-il assuré dès la course suivante en Turquie.

Plus jeune que George Russell (23 ans), Max Verstappen (24), Charles Leclerc (24), Esteban Ocon (25) ou Pierre Gasly (25), Norris (21) s’interroge sur pourquoi sa génération est plus à même de parler de ces sujets.

Je suis sûr qu’il y a eu beaucoup de pilotes ou d’athlètes dans le passé qui ont ressenti la même chose mais qui n’ont jamais rien dit. Je ne sais pas si c’est parce que nous sommes plus ouverts aujourd’hui, plus disposés à dire ce que nous ressentons.

Lando Norris, pilote de F1

Réseaux sociaux

Pour l’adepte de jeux vidéo, qui compte 4,2 millions d’abonnés sur Instagram et plus d’un million sur sa chaîne Twitch, les médias sociaux sont également « un facteur important dans ce domaine ».  

Les problèmes de santé mentale chez un sportif « peuvent aussi commencer avec les réseaux sociaux, pas nécessairement à cause de la situation sportive dans laquelle vous êtes ».

Entré en Formule 1 « pour être champion du monde, pas pour être une vedette », Norris pense qu’il aura « une chance en 2023 et 2024 » avec McLaren, qui doit encore rattraper son retard sur Mercedes et Red Bull.  

Malgré tout, il estime être « un privilégié » qui a « beaucoup de chance » de faire ce métier.  

« Les conséquences de la célébrité peuvent être positives, si vous pouvez égayer la journée d’un jeune fan avec un égoportrait », a expliqué le très populaire pilote, avant de conclure : « Et si vous passez une mauvaise journée, vous mettez votre capuche et vous espérez ne pas être reconnu ».