(Silverstone) Et maintenant ? L’accident spectaculaire du Grand Prix de Grande-Bretagne fait entrer la rivalité entre Max Verstappen et Lewis Hamilton dans une dimension plus musclée que jamais sur la route du titre mondial en Formule 1.

« Il faut être deux pour danser le tango » : le directeur de l’écurie Mercedes a évacué la polémique touchant à son poulain Hamilton, pourtant jugé par la direction de course « principalement responsable » de l’accrochage à haute vitesse qui a envoyé son rival dans le décor.

Si Toto Wolff se permettait l’expression, c’est que Verstappen allait bien. Sorti de l’hôpital en soirée, le Néerlandais a rassuré tout le monde : rien de cassé… Sauf la relation respectueuse entre les deux champions.

Pour Verstappen, Hamilton a été « dangereux » dans son pilotage, « irrespectueux et antisportif » dans ses célébrations. Pour le Britannique, son concurrent est « l’un des pilotes les plus agressifs ».

L’expérience contre la fougue

Qui est fautif ? Chacun aura son avis sur l’accident à plus de 300 km/h. D’un côté du ring, un septuple champion du monde, plus beau palmarès de la Formule 1 : « King Lewis ». De l’autre, le prodige batave, plus jeune pilote et vainqueur de la discipline : « Mad Max ». L’expérience contre la fougue.  

Et si Verstappen est en F1 depuis 2015, leur rivalité ne fait que commencer. Car cette fois, les deux jouent dans la même catégorie. L’un avec une Mercedes auparavant sans égale. L’autre avec une Red Bull désormais parmi les poids lourds.

« Le plus grand pilote de tous les temps se bat avec une machine qui n’est peut-être pas aussi bonne que l’autre, conduite par une étoile montante qui essaie de faire sa place », a résumé Wolff. « Ils sont entrés en collision, mais nous avons déjà vu cela avec toutes les grandes rivalités de l’histoire ».

Avec 10 manches effectuées sur 23, l’avenir dira si cette saison s’inscrit effectivement dans les grands millésimes de la F1, aux côtés des duels Prost-Senna ou Mansell-Piquet.  

Si l’on regarde dans le rétroviseur, tout a commencé dès le premier round à Bahreïn. Le Néerlandais, revenu dans les derniers tours sur le Britannique, a fini par le doubler, mais en sortant des limites. Il a cédé sa place, sans broncher. À Imola, dans le premier tour, Verstappen parti troisième, a dépassé dès le premier virage Hamilton. À la régulière.

Au Portugal comme en Espagne, Verstappen a refait le coup mais Hamilton, après avoir temporisé, a fini par revenir pour sortir vainqueur de la quinzaine ibérique.

S’en est suivi un énorme passage à vide pour Mercedes, avec cinq échecs (Monaco, Azerbaïdjan, France, Styrie et Autriche) pour cinq victoires Red Bull-dont quatre de Verstappen.  

Vertigineux

Solide meneur avec 32 points d’avance, Verstappen est arrivé en Angleterre pour prendre la forteresse Silverstone. Mais devant plus de 140 000 spectateurs, dont Tom Cruise et Harrison Ford, Sir Lewis ne pouvait pas laisser échapper la victoire, surtout sur la ligne d’arrivée rebaptisée « Hamilton » en son honneur.

Alors quand les feux se sont éteints, les deux se sont envolés avec la même détermination. A chacun des virages, ils ont évité l’impact de justesse dans un balai vertigineux… jusqu’à celui de Copse, où aucun n’a accepté de céder.

« Max a été très agressif cette année et, la plupart du temps, j’ai dû céder pour éviter les incidents. […] Mais une fois qu’il est en tête, il est trop rapide, donc quand une opportunité se présente, je dois la saisir », a relevé Hamilton, dont la pénalité de dix secondes reçue ne l’a pas empêché de doubler en fin de course Charles Leclerc (Ferrari).

Entre les deux patrons d’écuries, Toto Wolff et Christian Horner, comme entre les fans sur les réseaux sociaux, la rivalité est aussi exacerbée. Mais des limites ont été dépassées : celle du respect, envers Verstappen, dont certains « supporters » se réjouissaient de l’accident et du passage à l’hôpital ; et celle du racisme, envers Hamilton, seul pilote noir de F1.

Des propos dénoncés unanimement. « Bien que la rivalité soit intense sur le circuit, les émotions très fortes ne doivent jamais franchir la ligne des insultes racistes », a déclaré Horner. En course, le duel reprend en Hongrie, le 1er août.