Le Grand Prix de Formule 1 du Canada aura-t-il lieu cette année ? La Santé publique de Montréal émet des réserves et les autorités sanitaires d’Ottawa, de Québec et de Montréal se renvoient la balle pour savoir s’ils approuveront la tenue de la course.

Québec dit attendre la décision d’Ottawa… alors qu’Ottawa dit attendre la décision de Québec et de Montréal pour prendre ensuite sa propre décision.

Pour que la course puisse avoir lieu à Montréal en juin, la Santé publique fédérale doit approuver une exemption aux règles sanitaires pour réduire la période de quarantaine des équipes.

Selon les informations obtenues par La Presse auprès d’une source fédérale, pour que la Santé publique fédérale approuve une exemption, elle doit avoir été demandée et recommandée par les autorités sanitaires de la province et de la ville. Selon cette source, Ottawa n’a pas reçu la recommandation écrite de Québec et de Montréal de réduire la période de quarantaine (la F1 tient une course en Azerbaïjan sept jours plus tôt). Ottawa estime donc ne pas pouvoir donner pour l’instant de réponse aux organisateurs du Grand Prix.

Même si Québec et Montréal disaient oui, Ottawa devrait ensuite faire sa propre évaluation de l’exemption demandée. Il est loin d’être certain que la Santé publique fédérale approuverait cette exemption pour environ 1600 personnes qui arrivent de l’étranger. Depuis le début des mesures de quarantaine, Ottawa n’a pas approuvé de demande d’exemption aussi large pour autant de personnes en même temps.

Montréal émet des réserves

Dans une déclaration écrite envoyée à La Presse, la Santé publique de Montréal a exprimé des réserves quant à la tenue de la course. « Face à l’incertitude des variants, la Direction régionale de santé publique de Montréal a émis des réserves sur la tenue de l’évènement début juin qui peut générer des éclosions et contribuer à la dégradation de la situation épidémiologique fragile actuellement à Montréal.

« Les craintes concernent le rassemblement de plus de 2500 visiteurs avec un potentiel élevé de contacts avec les bénévoles ou le personnel local impliqués dans l’organisation de l’évènement ; l’impossibilité de respecter une quarantaine de voyageurs arrivant de l’évènement tenu à Baku la semaine précédente ; et la tenue de rassemblements potentiels autour des lieux d’hébergement des visiteurs.

« Nous avons demandé au [ministère de la Santé et des Services sociaux] de considérer ces préoccupations dans leur décision et de rehausser les protocoles advenant que l’évènement ait lieu », a indiqué la Direction de santé publique de Montréal.

À Québec, l’avis défavorable de la Santé publique de Montréal a causé une certaine surprise. Jusqu’ici, le directeur national de santé publique, Horacio Arruda, a envoyé tous les signaux montrant que la tenue de l’évènement à huis clos serait possible sous certaines conditions.

Du côté du gouvernement du Québec, la ministre du Tourisme, Caroline Proulx, a indiqué en entrevue avec La Presse qu’elle attendait toujours l’avis de la Santé publique fédérale. « La Santé publique du Québec a donné l’autorisation pour la tenue du Grand Prix à huis clos. Maintenant, j’ai besoin d’obtenir l’avis de la Santé publique fédérale. »

La mairesse Valérie Plante s’est montrée préoccupée par la présentation du Grand Prix cette année. « Le fait que la Santé publique de Montréal ait émis un avis défavorable pour la tenue du Grand Prix, même à huis clos, c’est une information qu’on doit prendre en compte, dit-elle. À ce moment-ci, ce qu’on veut, c’est que les directions de santé publique se parlent et qu’on puisse officialiser le tout. Je pense que c’est la moindre des choses. »

Un refus sanitaire ne compromettrait pas l’avenir de l’épreuve

Selon nos informations, un refus des autorités de santé publique de permettre la course pour des raisons sanitaires ne compromettrait pas l’avenir à long terme du Grand Prix du Canada.

Si Ottawa, Québec et Montréal donnent leur approbation pour un Grand Prix à huis clos, la F1 a demandé aux gouvernements une somme supplémentaire de 6 millions de dollars pour payer les dépenses d’organisation du promoteur local, qui ne pourra pas compter sur ses revenus habituels sans spectateurs. Selon ce scénario, faute d’entente spéciale à cet effet, l’avenir du Grand Prix à long terme pourrait être menacé, avait laissé entendre le premier ministre du Québec, François Legault, plus tôt cette semaine.

Les gouvernements ont une entente avec la F1 pour présenter la course jusqu’en 2029. Ils paient 18,7 millions par an pour avoir le droit d’organiser l’évènement à Montréal. Si la course est annulée pour des raisons sanitaires (comme l’an dernier), ils n’ont pas à payer cette somme aux propriétaires de la F1 (Liberty Media).

La F1 a indiqué jeudi continuer ses discussions avec le promoteur local du Grand Prix du Canada, le Groupe de course Octane, et n’a pas commenté le dossier.

Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, La Presse