C’est ce vendredi sur le circuit de Sakhir que la saison 2021 du Championnat du monde s’amorce, avec les essais libres du Grand Prix de Bahreïn.

Alors qu’on repart sur les mêmes bases techniques que l’an dernier, à l’exception de quelques règles destinées à ralentir les voitures, beaucoup espèrent une saison très compétitive, si bien sûr la pandémie ne vient pas tout bouleverser.

Chez Aston Martin, le pilote montréalais Lance Stroll entend bien se mêler à la lutte aux avant-postes. Superbe dans sa livrée verte, la nouvelle AMR21 est encore perfectible, mais Stroll est optimiste. « Il est encore très tôt et nous avons encore beaucoup à apprendre sur la voiture, mais les règlements n’ont pas changé et elle ressemble à celle de l’an dernier », a-t-il expliqué jeudi en visioconférence.

« Cela a été très serré l’année dernière avec McLaren pour la troisième place du championnat et je pense que ce sera la même histoire cette année. Il faudra aussi compter avec Ferrari, Alpine, Alpha Tauri, des équipes qui seront en compétition avec nous. »

Stroll et son nouveau coéquipier Sebastian Vettel ont été gênés par des ennuis techniques, il y a deux semaines, lors des essais d’avant-saison organisés sur le même circuit de Sakhir. « On ne sait jamais à quoi s’attendre, mais les essais ont lieu justement pour ça, a expliqué le pilote, qui entreprend sa cinquième saison en F1. On a beaucoup travaillé sur la voiture depuis ces essais et, même s’il n’y a pas encore de gros changements, juste des détails aérodynamiques, on est confiants. »

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Lance Stroll

La saison dernière a donné une bonne indication du potentiel de l’équipe, du mien aussi. Je pense que nous avons de bonnes chances de faire aussi bien, sinon mieux, et de nous battre pour de bons résultats.

Lance Stroll

Plus bas dans la hiérarchie, le pilote torontois Nicholas Latifi espère lui aussi être plus compétitif au volant de sa Williams. Souvent en queue de peloton la saison dernière pour ses débuts en F1, le pilote de 26 ans reste toutefois prudent.

« Je n’ai eu qu’une journée pour découvrir la nouvelle voiture et j’ai évidemment hâte à ce premier Grand Prix, hâte au début des essais libres, a insisté Latifi. Tout le monde a travaillé très fort, à l’usine et ici, afin que nous soyons aussi bien préparés que possible. Je suis très excité et motivé de voir à quel rythme nous pourrons progresser cette saison. »

Lutte au sommet

En plus de la lutte en milieu de peloton, on pourrait aussi assister cette saison à une vraie bataille au sommet. Pour la première fois depuis plusieurs années, Mercedes n’amorce pas la saison dans une position de force.

Après sept championnats du monde, la nouvelle W12 n’a pas été aussi impressionnante qu’on l’attendait lors des essais d’avant-saison. Lewis Hamilton et Valtteri Bottas n’ont effectué que 304 tours de piste, le plus bas total de toutes les équipes, en raison d’ennuis techniques et de nombreuses sorties de piste.

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Lewis Hamilton

Cette semaine, le directeur de l’équipe Mercedes, Toto Wolff, a d’ailleurs reconnu : « Nous allons certainement devoir montrer notre capacité à réagir rapidement ! La W12 n’était visiblement pas aussi stable, aussi prévisible que certaines de nos rivales. La Red Bull semblait forte, aussi bien dans les longues séquences que dans les plus courtes. Toutefois, comme toujours dans ces essais, c’est difficile d’avoir une idée précise des performances véritables de tout le monde. »

Christian Horner, directeur de l’équipe Red Bull, a vite rappelé que « Mercedes essaie de détourner l’attention vers nous et ça fait partie du jeu. »

La réalité, c’est que [Mercedes] a remporté tous les titres depuis sept ans et que nous devons encore combler l’écart avec [elle] si nous voulons nous battre pour le titre.

Christian Horner, directeur de l’équipe Red Bull

« Nous ne pouvons nier qu’après trois journées d’essais sans ennuis à Bahreïn, il y a une certaine excitation dans l’équipe à l’idée que nous puissions mettre fin à la domination de Mercedes, a poursuivi Horner dans une entrevue publiée sur le site de Red Bull. Nous avons toutefois bien évalué l’ensemble des données des essais à notre retour à l’usine et nous avons convenu qu’il fallait rester prudents dans nos prédictions. Et il ne faut surtout pas sous-estimer l’ampleur des défis qui nous attendent dans plusieurs domaines. »

« Le monde dans lequel on vit… »

Si tout se déroule normalement à Bahreïn cette semaine, la suite de la saison n’est pas sans susciter plusieurs points d’interrogation. La deuxième épreuve au calendrier est prévue à Imola, le 18 avril, alors qu’une troisième vague de COVID-19 sévit en Italie.

« Franchement, je ne sais ce qui va se produire avec la suite de la saison, a reconnu Lance Stroll jeudi. Pour moi, c’est business as usual, c’est notre nouvelle réalité. Il faut continuer d’être prudents, de prendre ses responsabilités et les bonnes décisions. »

Dans les paddocks, on gère la situation comme l’an dernier. Au début, comme pour tous les athlètes, ç’a été un défi de s’adapter. Mais c’est partout pareil, que ce soit pour nous ou pour les travailleurs qui doivent assurer la sécurité de leur famille. C’est le monde dans lequel on vit. On s’y habitue, c’est devenu une routine.

Lance Stroll

Après l’annulation du Grand Prix du Canada en 2020, Stroll espère avoir la chance de revenir à Montréal bientôt. Il estime toutefois que cela devra se faire dans des conditions sécuritaires et s’interroge sur l’évolution de la pandémie au pays.

« Ça dépendra de la situation au Canada, a-t-il déclaré. Je suis le premier qui veut aller courir à Montréal, mais nous devrons être certains de le faire dans un environnement sûr pour tout le monde. Je ne doute pas que les organisateurs et les autorités vont prendre les meilleures décisions quand ce sera le temps. »

Nicholas Latifi se montre lui aussi réaliste sur ses chances d’être à Montréal à la mi-juin. « Ce sera peut-être un peu tôt, a-t-il estimé récemment en visioconférence. La situation évolue lentement au Canada, mais la pandémie sévit toujours. Nous devons rester prudents. »

Des sprints le samedi ?

Les dirigeants de la F1 cherchent continuellement des recettes pour rendre le spectacle plus intéressant… et maximiser leurs revenus. La dernière idée consiste à remplacer les qualifications du samedi par des courses sprints qui serviraient à déterminer l’ordre sur la grille de départ. Les meilleures équipes hésitent à s’engager, en raison notamment des coûts supplémentaires, et exigent d’importantes compensations financières. Les discussions doivent se poursuivre cette semaine à Sakhir. Interrogé à ce sujet jeudi, Lance Stroll s’est montré sceptique : « Je ne suis pas certain que ce soit la solution, il y a d’autres choses à améliorer dans notre sport avant ça. La priorité devrait être d’améliorer la compétition en piste, de réduire les écarts entre les équipes. Plus que des gadgets comme les courses sprints, les grilles inversées et les autres trucs du genre. Ce serait déjà beaucoup mieux si les voitures pouvaient rouler plus près les unes des autres. »