Le Grand Prix d’Italie a tourné à la loterie, dimanche à Monza, et c’est le Français Pierre Gasly qui a gagné le gros lot ! Le pilote de l’équipe Alpha Tauri a été opportun avec ses arrêts aux puits et il a profité d’une pénalité à Lewis Hamilton pour remporter sa première victoire en carrière devant l’Espagnol Carlos Sainz (McLaren) et le Canadien Lance Stroll (Racing Point), qui grimpe sur le podium pour la deuxième fois de sa carrière.

Gasly, comme Vettel

Pierre Gasly a profité d’une course folle sur le circuit de Monza pour offrir à l’équipe Alpha Tauri la deuxième victoire de son histoire, 12 ans après Sebastian Vettel sur le même circuit de Monza. Souvent brillant cette saison, le pilote français a profité des nombreux rebondissements de la course pour se porter en tête et résister pendant 28 tours à ses poursuivants.

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Le Français Pierre Gasly

« Je suis sans mots, a-t-il souligné en point de presse. Cette équipe a fait tellement pour moi : ma première opportunité en F1, mon premier podium et maintenant cette première victoire. C’est fou, complètement fou. »

Avantagé par un changement de pneus juste avant l’intervention de la voiture de sécurité, au 20e tour, Gasly était bien placé quand la course a été interrompue au drapeau rouge après l’accident spectaculaire de Charles Leclerc dans la Parabolique. À la relance, il a profité du passage aux puits du meneur Lewis Hamilton (pour une pénalité) et de l’hésitation de Lance Stroll pour prendre la tête. « J’ai passé Lance dans le premier virage, et cela m’a mis en confiance pour la suite. À la fin, mes pneus étaient “morts”, j’étais de travers dans tous les virages et je voyais que Carlos se rapprochait. Je suis tellement content d’avoir tenu jusqu’au bout. »

Après avoir perdu son volant chez Red Bull au milieu de la saison 2019, Gasly a brillamment rappelé à tout le monde qu’on l’avait peut-être jugé trop rapidement…

Sainz, dont la McLaren était plus rapide, n’a pourtant jamais pu doubler son rival, le circuit de Monza n’offrant que peu de possibilités de le faire. En point de presse, l’Espagnol n’a pas caché sa frustration : « Dès que je m’approchais de lui, je perdais de l’adhérence. Mes pneus étaient plus usés que les siens et je ne pouvais que serrer les dents de rage ! »

Sainz rejoindra l’équipe Ferrari la saison prochaine, une décision qu’il commence peut-être à regretter. La Scuderia a encore connu un week-end d’enfer à Monza avec l’accident de Leclerc et l’abandon de Vettel sur une panne de freins. L’Allemand a d’ailleurs noté après la course : « C’est une bénédiction qu’il n’y ait pas eu de spectateurs dans les gradins ce week-end »…

Stroll sur le podium, mais déçu

Lance Stroll a obtenu dimanche le deuxième podium de sa carrière, après sa troisième place au Grand Prix d’Azerbaïdjan en 2017, mais le pilote de l’équipe Racing Point était déçu d’avoir laissé la victoire lui échapper.

« C’est décevant, car je crois que j’avais le contrôle de la situation en repartant de la deuxième place [derrière Hamilton], a-t-il insisté. J’ai toutefois eu beaucoup de patinage, et tous mes concurrents en ont profité pour me doubler. »

Stroll a perdu six positions lors de la relance du Grand Prix et il n’a pu combler l’écart avec Gasly et Sainz. « Mes roues patinaient, même en quatrième vitesse, et je ne sais pas pourquoi. Mais nous avions une chance de gagner et c’est un peu dommage de l’avoir gâchée, mais c’est quand même bien d’être troisième. Cela faisait déjà une couple d’années que j’étais grimpé sur le podium et je suis heureux d’y être de retour. Ç’a été une course folle, et je suis content pour Pierre [Gasly], qui le mérite bien. »

Cette troisième place permet à Stroll de grimper à la quatrième place au classement du Championnat du monde, à égalité avec Lando Norris (McLaren, 4e dimanche), avec 57 points. Au classement des équipes, Racing Point est aussi quatrième, derrière Mercedes, Red Bull et McLaren, mais devant Renault et Ferrari.

Le directeur de l’équipe, Otmar Szafnauer, a par ailleurs confirmé dimanche que Racing Point avait retiré son appel contestant les pénalités infligées par la FIA pour l’utilisation de pièces interdites. Les autres équipes l’ont aussi fait, et le dossier est donc clos.

Hamilton et Mercedes, beaux joueurs

Encore plus rapide que ses rivaux, Lewis Hamilton s’est pourtant contenté de la septième place après un arrêt imposé de 10 secondes pour un ravitaillement non autorisé alors que les puits étaient fermés. Reparti en queue de peloton, le Britannique n’a pu remonter tous ses rivaux, mais il termine tout près de son coéquipier Valtteri Bottas (cinquième, toujours à 47 points au classement du championnat) et profite de l’abandon de leur principal rival, Max Verstappen.

Le directeur de Mercedes, Toto Wolff, s’est montré beau joueur : « C’est une défaite pour Mercedes et pour les grandes équipes, mais c’est une victoire pour le sport. Ç’a été un Grand Prix spectaculaire aujourd’hui et c’était fantastique de voir les jeunes pilotes se battre pour la victoire. Félicitations à Pierre et à Alpha Tauri, ils ont mérité cette victoire. Ç’a été une course décevante pour nous, avec une séquence inhabituelle d’évènements qui nous a coûté la victoire. Nous aurions dû réaliser plus tôt que les puits étaient fermés. Quand nous l’avons fait, Lewis était déjà entré… »

Latifi, 11e pour la dernière sortie de la famille Williams

Après avoir cédé récemment son équipe de F1 à de nouveaux propriétaires, la famille Williams a fait une dernière sortie dimanche à Monza. Et le pilote canadien Nicholas Latifi a bien failli marquer l’occasion en marquant ses premiers points. Neuvième à la relance de la course, il s’est finalement contenté de la 11e place, à quelques secondes de Sergio Pérez.

« C’est très décevant de ne pas avoir pu offrir à Claire [Williams, l’ex-directrice générale] et à la famille Wiliams leur dernier point en F1 ; ç’aurait été un bel au revoir. Ç’a été une course difficile à gérer. J’ai été un peu chanceux de me retrouver si bien placé pour la relance de la course, mais c’était excitant d’être du top 10. Je me suis toutefois battu avec des pneus froids lors des premiers tours, et il n’y avait pas grand-chose à faire par la suite. »

George Russell, le coéquipier de Latifi, a pour sa part rappelé : « C’est la fin d’une époque, et je suis privilégié d’avoir pu en faire partie. Claire et Frank Williams ont fait un travail extraordinaire pour cette équipe et tous ceux qui en ont fait partie. Ils ont toujours eu à cœur le bien-être de leurs employés. »

Les nouveaux propriétaires ont assuré qu’ils préserveraient l’héritage de cette équipe qui a remporté 9 titres mondiaux et 114 victoires en Grand Prix, mais qui connaît des difficultés depuis quelques saisons.