(Monza) Claire Williams, la seule femme dirigeante d’équipe en Formule 1, va quitter la tête de l’écurie éponyme après que celle-ci a été rachetée il y a deux semaines par un fonds d’investissement américain, mettant fin à l’histoire des écuries familiales dans cette discipline sportive.

À 44 ans, elle va quitter ses fonctions à l’issue du Grand Prix d’Italie disputé ce week-end à Monza.

L’écurie Williams a été fondée en 1977 par son père, Frank Williams, aujourd’hui âgé de 78 ans et paraplégique depuis un accident de la route en 1986.  

L’écurie a été rachetée il y a une dizaine de jours par le fonds d’investissement américain Dorilton Capital alors qu’elle connaît depuis plusieurs saisons de mauvais résultats.

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Claire Williams avait le titre directrice adjointe, son père demeurant officiellement le directeur général, mais dans les faits, elle dirigeait l'écurie depuis 2013. On la voit ci-haut lors d'une conférence de presse à Silverstone, en Angleterre, le 14 juillet 2017.

« Le Grand Prix d’Italie ce weekend à Monza sera la dernière course de Williams en tant qu’écurie familiale en Formule 1. Après 43 ans et 739 Grand Prix, la famille va quitter la discipline après le récent changement de propriété de l’écurie au profit de Dorilton Capital », indique un communiqué.

« Maintenant que l’avenir de l’équipe est assuré, le moment est venu pour nous de quitter le sport. En tant que famille, nous avons toujours accordé la priorité à Williams. Nous avons montré par nos récentes mesures que c’est le bon moment de passer les rênes et de donner aux nouveaux propriétaires l’opportunité de diriger l’équipe à l’avenir », a souligné Claire Williams jeudi.

Descente aux enfers

Elle avait pris, en tant que directrice adjointe, la direction de l’écurie de F1 succédant en 2013 à son père.

Sept fois championne du monde des pilotes, avec notamment Nelson Piquet, Alain Prost, Jacques Villeneuve, et 9 fois championne du monde des constructeurs entre 1980 et 1997, Williams n’est plus montée sur un podium depuis trois ans et ses monoplaces sont des habituées des dernières places.

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Jacques Villeneuve au volant de sa Williams-Renault au Grand Prix du Canada 1996.

Claire Williams était parvenue à se faire respecter dans le paddock très masculin de la F1 où une seule femme a exercé les mêmes fonctions, Monisha Kaltenborn chez Sauber.

Mon père disait parfois : “Je ne suis pas sûr que les femmes comprennent les voitures”. Ça a été l’étincelle qui m’a décidée à le faire.

Claire Williams, en 2017.

« Je suis convaincue que l’on ne m’aurait pas confié ce poste si les hommes qui l’ont fait n’étaient pas sûrs que j’en étais capable », ajoutait-elle.

Mais, sous sa direction, Williams a connu une lente descente aux enfers la faisant passer des premiers rôles au fond de grille et la pression devenait de plus en plus grande pour qu’elle passe la main.

« J’ai pris la décision de démissionner de l’équipe pour permettre à Dorilton de prendre un nouveau départ en tant que nouveau propriétaire », a-t-elle affirmé jeudi dans un communiqué policé.

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Claire Williams était parvenue à se faire respecter dans le paddock très masculin de la F1, mais l'écurie Williams n'est plus l'ombre de la puissance qu'elle a été jusqu'aux années 90.

Dorilton n’a pas encore fait savoir quelle serait la nouvelle direction de l’équipe.

Alors que se profile une nouvelle réglementation technique pour 2022 qui devrait resserrer les écarts entre les équipes, Williams ne peut se permettre de manquer le coche.

Elle jouit du meilleur moteur du plateau, le Mercedes, et pourrait profiter aussi de l’évolution des réglementations sur l’échange de pièces entre les différentes écuries pour remonter la pente en achetant, plutôt que fabriquant elle-même, certains composants comme le font déjà certaines de ses rivales comme Haas ou Racing Point.

Avec son départ, c’est la dernière des écuries « familiales » de la F1 qui disparait après d’autres grands noms de la discipline comme Tyrrell ou encore Lotus, depuis absorbées dans des structures plus grandes et plus industrielles.