(Paris) L’impact financier de la pandémie de coronavirus a « touché tout le monde » de la Formule 1 et pas seulement les écuries, même si certaines sont en difficulté, a souligné lundi le président de la Fédération internationale de l’automobile (FIA), Jean Todt, dans un entretien accordé à l’AFP.

« L’épidémie a des conséquences financières qui ne se limitent pas à une ou deux équipes engagées en Formule 1. Cela touche les constructeurs, les partenaires, les équipementiers, cela touche tout le monde », a déclaré Jean Todt.

Williams à vendre

« Mais cela touche plus particulièrement certaines équipes dont Williams qui a annoncé qu’elle cherchait un repreneur. À côté de cela, on a eu le plaisir d’apprendre la décision de Renault de continuer. Cela fait partie de l’histoire de l’automobile et de la F1, des équipes qui partent et des équipes qui arrivent », a-t-il rappelé alors que le Championnat du monde doit reprendre le 5 juillet en Autriche.  

L’ancien directeur sportif de Peugeot-Talbot puis de Ferrari a rappelé que les instances dirigeantes de la discipline, la FIA, mais aussi le promoteur américain Liberty Media, voulaient « rendre la F1 moins onéreuse », avec un récent renforcement des mesures de plafonnement du budget des équipes.

Interrogé sur l’avenir des courses d’endurance automobile alors que les 24 Heures du Mans ont été déplacées à septembre au lieu de juin en raison de la pandémie, M. Todt a également exprimé sa confiance.

« Nous avons mis en œuvre un nouveau règlement avec nos amis de l’Automobile Club de l’Ouest (ACO) pour permettre l’arrivée de voitures que nous appelons “Hypercar”. C’est une voiture de rêve, fabriquée en édition limitée et bénéficiant souvent d’un nom prestigieux », a-t-il indiqué.

La F1 pas juste un spectacle : un « laboratoire »

« D’une manière globale, la compétition automobile, ce n’est pas uniquement un spectacle. Cela doit également être un laboratoire », a-t-il rappelé.

« On se rend compte que si on n’avait pas décidé d’équiper les F1 de moteurs hybrides, ce qui avait été très critiqué lors de son introduction, et bien aujourd’hui on serait critiqué pour ne pas l’avoir fait, de même pour l’arrivée de la Formule E (électrique). Pour l’endurance, cela va être la possibilité d’avoir des voitures hybrides, des voitures laboratoires qui utiliseront des technologies comme l’hydrogène, des carburants propres qui sont des projets extrêmement sérieux et avancés que nous menons avec nos différents partenaires », a encore plaidé M. Todt.

Selon lui, les conséquences de la pandémie de COVID-19 vont continuer de se révéler progressivement dans le domaine de la compétition automobile.

« On va voir éventuellement l’arrivée de nouveaux constructeurs ou de nouvelles équipes qui voudront s’en servir pour bénéficier d’un vrai laboratoire et pour mieux valoriser leurs produits », a prédit le président de la FIA.  

Jean Todt a rappelé que la FIA ne s’occupait pas seulement de compétition automobile, mais de sécurité et de politique routières.

Discipline routière

« Il est évident que les déplacements vont maintenant être différents. Quand les gens rentrent dans un transport public […] ils prennent un certain nombre de précautions particulières et ils voudront certainement être plus autonomes pour se déplacer. Cela veut dire plus de deux roues, plus de patinettes et souvent sans tenir compte des règles », a-t-il déclaré, le recours accru à la voiture créant « plus de pollution, plus de congestion ».

Il a souligné que la pandémie avait illustré l’importance de la discipline collective et a appelé « à une même discipline sur la route ».

« 90 % des drames routiers ont lieu dans les pays en voie de développement. Si on mettait en œuvre une discipline égale à la discipline demandée par les États face à la pandémie de la COVID-19, je peux vous garantir que les objectifs du développement durable qui sont de diviser par deux d’ici 2030 le nombre de victimes sur la route seraient atteints ».