On se doutait bien que ce serait impossible de présenter le Grand Prix du Canada comme prévu, le 14 juin prochain. La confirmation mardi du report de l’évènement n’a surpris personne. En entrevue à La Presse, le président et chef de la direction du Grand Prix, François Dumontier a insisté : « En ce moment, il est primordial de concentrer tous nos efforts pour contrer la COVID-19.
« On essayait d’être optimiste, mais aussi réaliste. On a suivi l’évolution de cette pandémie au Québec et partout dans le monde et c’est évident que la priorité se situe là. Même si c’est difficile de prendre des décisions qui vont avoir un impact sur nos employés et tous nos partenaires, c’était facile de prendre celle-là.
« Je suis d’ailleurs fier de voir toutes les initiatives qui émanent de la F1 durant cette période de crise, a souligné Dumontier. Les équipes disposent de ressources humaines et technologiques considérables, des armées d’ingénieurs notamment, et elles les ont mises à contribution dans le domaine médical. »
Déjà, les huit premières épreuves du Championnat du monde de F1 avaient été annulées ou reportées. Le Grand Prix d’Azerbaïdjan, qui devait être présenté une semaine seulement avant celui du Canada, avait été annulé dès le 23 mars. L’annonce mardi par la mairesse Plante de l’annulation de tous les festivals et évènements sportifs jusqu’au 3 juillet a confirmé le report du Grand Prix.
« Nous savions que ça s’en venait et, en fait, cela n’a avancé que de quelques jours notre décision, a souligné Dumontier. L’annonce dimanche dernier, par le premier ministre Legault, de la prolongation jusqu’au 4 mai de la période de restriction sur les activités non essentielles rendait déjà la présentation du Grand Prix improbable le 14 juin ; la majorité de nos partenaires responsables du montage des installations font partie de cette catégorie et nos délais auraient été trop serrés. »
Dumontier a insisté sur l’excellence communication entre tous les intervenants dans ce dossier. « Quand on vit une situation aussi exceptionnelle, c’est important que tout le monde rame du même bord. Aussi bien dans nos contacts avec les dirigeants de la F1, qu’avec les autorités locales, la Ville de Montréal, Tourisme-Montréal, les paliers des gouvernements provincial et fédéral, les officiels de la santé publique, nous nous sommes efforcés d’apporter notre contribution, tout en suivant les recommandations et consignes. »
En septembre ?
Le président du Grand Prix a répété mardi que l’évènement faisait partie des épreuves prioritaires qui devraient être inscrites à un calendrier remanié d’épreuves que les dirigeants de la F1 espèrent présenter dès que la situation le permettra. Plusieurs scénarios sont à l’étude et aucune date n’a encore été précisée, mais on a évoqué la fin septembre pour le Canada.
« La situation évolue constamment et c’est impossible d’avoir des garanties, car tout dépend du moment où la saison pourra débuter, a rappelé Dumontier. Nous sommes limités par notre climat ; passé la mi-octobre, et j’étire ma chance, ce ne sera plus possible de tenir un Grand Prix à Montréal. Si ça commence en septembre, Montréal pourrait être la première course ; si c’est plus tard, ce sera peut-être trop tard pour nous. »
Dumontier a aussi expliqué : « Un championnat du monde doit avoir un minimum de huit épreuves sur trois continents pour être valide. On pourrait alors représenter l’Amérique du Nord. Pour l’instant, nous sommes tous en attente et il y a tellement de facteurs à considérer. Honnêtement, je ne voudrais pas être celui qui devra boucler ce calendrier ! »
Le grand patron de la F1, Chase Carey, a confirmé par communiqué que toute la famille de la F1 espérait se rendre au Canada en 2020 : « Nous avons hâte de nous rendre dans cette ville merveilleuse qu’est Montréal et, même si nous devons attendre encore, nous allons présenter un spectacle grandiose un peu plus tard cette année. »
Dumontier espère maintenant que la F1 pourra éventuellement contribuer à la relance économique et sportive de Montréal et du Canada, quand la situation sera revenue à la normale.
« Ça fait un peu bizarre de parler d’un Grand Prix de Formule quand on est plongé dans une pandémie, reconnaît-il. Mais en même temps, les gens prennent conscience de l’importance du sport comme divertissement. Tous les dirigeants sportifs des grandes lignes du monde entier – que ce soit ceux de la NBA, du hockey, du baseball, du soccer – explorent des pistes pour relancer leurs activités et je pense que ce sera important pour tout le monde quand le temps sera venu. »
Calendrier actualisé du Championnat de F1 en 2020
ANNULÉ 15 mars : Australie (Albert Park, Melbourne)
REPORTÉ 22 mars : Bahreïn (circuit de Sakhir, Manama)
REPORTÉ 5 avril : Vietnam (circuit de Hanoï)
REPORTÉ 19 avril Chine (circuit de Shanghai)
REPORTÉ 3 mai : Pays-Bas (circuit de Zandvoort)
REPORTÉ 10 mai : Espagne (circuit de Barcelone-Catalogne, Montmelo)
ANNULÉ 24 mai : Monaco
REPORTÉ 7 juin : Azerbaïdjan (circuit de Bakou)
REPORTÉ 14 juin : Canada (circuit Gilles-Villeneuve, Montréal)
– 28 juin : France (circuit Paul-Ricard, Le Castellet)
– 5 juillet : Autriche (Red Bull Ring, Spielberg)
– 19 juillet : Grande-Bretagne (circuit de Silverstone)
– 2 août : Hongrie (Hungaroring, Budapest)
– 30 août : Belgique (circuit de Spa-Francorchamps)
– 6 septembre : Italie (Autodrome de Monza)
– 20 septembre : Singapour (circuit de Marina Bay)
– 27 septembre : Russie (Autodrome de Sotchi)
– 11 octobre : Japon (circuit de Suzuka)
– 25 octobre : États-Unis (circuit des Amériques, Austin)
– 1er novembre : Mexique (circuit des Frères Rodriguez, Mexico)
– 15 novembre : Brésil (circuit d’Interlagos, Sao Paulo)
– 29 novembre : Abou Dabi (circuit de Yas Marina)
NDLR : la trêve estivale habituellement observée par les écuries en août a été avancée aux mois de mars, avril et/ou mai, ce qui doit permettre de reporter certaines courses entre les GP de Hongrie (2 août) et de Belgique (30 août). La saison, qui devrait compter entre 15 et 18 GP au lieu de 22 selon le PDG de la F1 Chase Carey, devrait se prolonger au-delà de la fin novembre.