(Montréal) Les chances que le Grand Prix de Formule 1 du Canada soit présenté comme prévu le 14 juin prochain sont très minces, selon le Québécois Patrick Carpentier.

L’ex-pilote de la série NASCAR et de la série IndyCar maintenant analyste des courses automobiles à RDS a mentionné mercredi qu’il évalue à 10 % les chances que la saison de F1 se mette en branle au mois de juin sur le circuit Gilles-Villeneuve.

L’homme de 48 ans a cité la pandémie de COVID-19 pour justifier sa position, et rappelé que l’un des pays les plus touchés par le virus, l’Italie, est la terre d’accueil de l’une des équipes les plus prestigieuses au monde, Ferrari. Alpha Tauri, jadis connue sous le nom de Toro Rosso, a également son usine à Faenza, en Émilie-Romagne, l’une des régions les plus touchées du pays.

« Ferrari est une partie importante de la F1. S’ils ont annulé la première course de la saison, parce que McLaren était touchée par le coronavirus, ils ne viendront pas à Montréal parce que Ferrari n’y sera pas, a expliqué Carpentier. Et en ce moment, ce serait très, très, très mal vu que Ferrari aille courir pendant que près de 1000 personnes meurent par jour là-bas.

“Je souhaite à François (Dumontier) que ça ait lieu, mais selon moi c’est impossible, a ajouté Carpentier, qui a été rejoint au téléphone par La Presse canadienne alors qu’il s’affaire à rénover une résidence dans l’État du Vermont. Ses chances (de présenter la course) de 50/50 sont plutôt, selon moi, de 10 %. »

Carpentier faisait référence à la déclaration de la semaine dernière de Dumontier, qui continue d’espérer pouvoir donner le coup d’envoi de la saison de F1 en présentant sa course le 14 juin, comme prévu. Il avait ajouté que, pour l’instant, les chances que ça se concrétise sont de « 50/50 ». En ce sens, Dumontier avait précisé qu’une décision finale à ce sujet serait prise entre Pâques et le 1er mai.

De plus, l’ex-pilote de LaSalle a reconnu que la crise actuelle allait peut-être transformer le modèle de financement des pilotes dans les grandes séries de course automobile partout sur la planète.

« Je pense à un petit gars comme Raphaël Lessard, qui commençait à peine sa carrière aux États-Unis en NASCAR. Il a un talent exceptionnel, mais quand on parle de’timing’, dans son cas, il était très mauvais, a-t-il évoqué. Le sport automobile coûte beaucoup, beaucoup d’argent. Et j’ai l’impression que les entreprises vont repenser leur façon de dépenser leur budget de commandite, et qu’elles vont se demander si la course automobile est toujours aussi attrayante pour elles. »

L’ex-coéquipier de Carpentier au sein de l’équipe Player’s au début des années 2000, Alex Tagliani, est bien placé pour discuter de l’impact économique de la pandémie.

Le pilote de 46 ans est inscrit au championnat 2020 de la série NASCAR Pinty’s du Canada, qui a annulé ses activités en avril, dont les essais prévus à la fin du mois à Mosport. Mardi, le Québécois Andrew Ranger, lui aussi inscrit à ce championnat, avait indiqué à la chaîne RDS être privé d’un commanditaire important en raison du coronavirus, ce qui remettait en question sa participation aux courses.

« Je compatis beaucoup avec les gens qui vivent avec cette réalité-là. […] Vous savez, j’ai dévoilé les nouvelles couleurs de mon équipe plus tôt en mars, et j’ai commandé des chandails, des casquettes et des combinaisons pour toute l’équipe, ce qui m’a coûté des milliers de dollars. Et quand les affaires se mettent sur pause, et bien, comme tout le monde, on se retrouve à devoir relever nos propres défis, dans notre vie. »

Malgré tous les impacts négatifs qui découlent du coronavirus, Carpentier a indiqué que la situation actuelle pourrait offrir de nouvelles opportunités d’affaires pour les diverses séries. Il a d’ailleurs salué l’initiative de la série NASCAR, l’une des premières à lancer un championnat virtuel afin de « divertir » ses partisans pendant que les activités en piste sont interrompues.

« Elle (la série NASCAR) sait qu’elle compte sur de nombreux jeunes amateurs, et que c’est peut-être la meilleure façon d’aller les chercher, de développer de nouveaux talents. J’ai trouvé ça très bon, et en plus elle est parvenue à aller chercher un commanditaire majeur pour cette série. C’est très intéressant de voir ce qui va se produire », a noté Carpentier, qui a cependant indiqué qu’il ne serait pas intéressé à en faire la description à la télévision.

’Tag’veut faire une collecte de fonds

D’ici à ce que l’odeur du carburant et du caoutchouc brûlé puisse recommencer à flotter dans les paddocks des divers circuits du monde, Tagliani fait contre mauvaise fortune, bon cœur.

Il tente présentement de s’entendre, par l’entremise de sa fondation, avec le maire de sa municipalité des Laurentides afin d’effectuer une collecte de fonds pour venir en aide à ses concitoyens qui auraient de la difficulté à joindre les deux bouts dans la crise actuelle.

Entre-temps, le Québécois garde le moral et poursuit sa préparation en vue de la prochaine saison, même s’il est en quarantaine chez lui, avec sa femme et leur fille.

« Vous savez, c’est difficile de rester coincé à la maison quand habituellement 95 % de ta vie se déroule à l’extérieur de celle-ci, a-t-il évoqué. Je fais toutefois des sorties quotidiennes d’une cinquantaine de kilomètres en vélo, avec un masque d’entraînement qui réduit l’apport en oxygène au corps, et ça m’aide. Mais j’ai encore l’impression d’être en confinement lorsque je suis seul sur mon vélo. »

Pour l’instant, le coup d’envoi à la saison doit être donné le 17 mai au Canadian Tire Motorsport Park (Mosport) de Bowmanville, en Ontario.