(Imola) Un septième titre constructeurs consécutif ajouté dimanche à la liste des records de Mercedes, l’Autrichien Toto Wolff, patron de l’écurie de Formule 1 et artisan de sa domination sans partage depuis 2014, se cherche un successeur.

Arrivé en 2013, il a fait de l’équipe la machine de guerre qu’elle est depuis l’introduction l’année suivante des moteurs hybrides, qu’elle maîtrise toujours mieux que la concurrence.

En pleine renégociation de son contrat, Torger Christian Wolff, 48 ans, veut préparer un après qui le verrait prendre un peu de distance des circuits, tout en restant auprès de « son » équipe.

« Je ne peux pas vous dire si c’est l’affaire d’un, deux ou trois ans, a-t-il expliqué lors du Grand Prix d’Émilie-Romagne à Imola (Italie). Ça n’est pas que j’en ai assez de la course, car j’apprécie toujours la compétition. Tant que c’est le cas, je peux contribuer au succès de l’équipe. Mais, même si je m’amuse, il faut que j’assure une transition. Je ne sais pas quand, car nous n’avons pas encore identifié la bonne personne. »

Polyglotte au père autrichien d’origine roumaine et à la mère polonaise, Wolff, qui a étudié au lycée français de Vienne, est un dirigeant, mais aussi un homme d’affaires accompli.

Ses investissements vont de la branche sport auto de Mercedes, dont il est actionnaire, à Aston Martin, qui revient dans la catégorie reine l’an prochain sous l’impulsion de son partenaire d’affaires canadien Lawrence Stroll, père du pilote Lance Stroll.

Pourtant, tout n’a pas toujours été rose pour celui qui faisait « le minimum d’efforts à l’école » et a arrêté les études à 21 ans.  

« Environnement financier difficile »

Adolescent, il perd son père. « J’ai grandi dans un environnement financier difficile, ce qui m’a donné une motivation supplémentaire pour réussir », se souvient-il.

Tombé amoureux du sport auto à 18 ans en assistant à une course, cet ancien pilote de GT et de rallye obtient des résultats honorables, mais « réalise rapidement qu’il (lui) manque quelque chose pour faire partie des meilleurs ».

Il travaille donc dans la banque, avant de faire ses propres investissements, misant sur la bulle internet des années 1990.

En parallèle, dans les années 2000, Wolff assouvit son rêve de F1 comme gérant de pilotes, associé au Finlandais Mika Häkkinen, champion du monde 1998 et 1999.

L’Autrichien prend ensuite des participations, revendues depuis, dans plusieurs équipes dans différentes catégories, dont l’écurie de F1 Williams, dont il devient brièvement directeur général en 2012.

S’ils ont bénéficié du travail de Ross Brawn, directeur général de Mercedes de 2010 à 2013, le duo que Wolff formait avec son compatriote Niki Lauda, champion du monde 1975, 1977 et 1984 et président non exécutif de l’écurie jusqu’à son décès en 2019, est une des bases du succès de la marque à l’étoile.

« L’alliance du talent d’entrepreneur de Toto et de l’expérience de Niki fonctionne à merveille et leurs résultats ont dépassé toutes nos espérances », assurait ainsi leur ancien patron, l’ex-PDG du groupe Daimler Dieter Zetsche.

« Admettre ses erreurs »

Wolff s’illustre par sa manière de gérer ses quelque 1700 employés. « Si les leaders admettent leurs erreurs, vous créez une culture où tout le monde peut admettre qu’ils peuvent faire mieux la prochaine fois, détaille-t-il. Ne blâmez pas la personne, blâmez le problème. »

S’il a eu du mal à gérer la concurrence entre Lewis Hamilton et son ancien équipier Nico Rosberg, le dirigeant a rapidement compris comment traiter le Britannique. « Quand il voyage pour présenter sa collection de vêtements ou travaille à sa musique, je sais que c’est pour le bien de l’équipe. C’est ce qui lui permet d’être performant », dit-il.

« Toto permet à chacun d’être le meilleur possible », le complimente en retour son pilote. Les résultats le prouvent : depuis 2014, Hamilton n’a cédé qu’un titre à Rosberg en 2016. Et tout indique qu’il remportera en 2020 sa septième couronne, pour égaler le record de Michael Schumacher.

L’influent Wolff a pu espérer succéder en 2021 au PDG de la F1 Chase Carey, mais, rare frustration pour celui à qui tout semble réussir, c’est l’Italien Stefano Domenicali, ancien directeur sportif de Ferrari, qui a été choisi.

Arguant d’un conflit d’intérêts, la Scuderia a opposé son veto à la candidature du colosse brun de 1,93 m, père de trois enfants et marié en secondes noces à l’Écossaise Susie Wolff (née Stoddart), ancienne pilote d’essai de Williams et désormais dirigeante de l’équipe Venturi… concurrente de Mercedes en Formule E.