(Montmelo) Surpris la semaine dernière à Silverstone, Lewis Hamilton et l’équipe Mercedes ont repris leur domination, dimanche sur le circuit Catalunya près de Barcelone.

Le Britannique a mené de bout en bout le Grand Prix d’Espagne, terminant loin devant Max Verstappen (Red Bull) et son coéquipier Valtteri Bottas. Le Canadien Lance Stroll, auteur d’un départ fantastique, a pris la quatrième place, alors que l’équipe Racing Point grimpe à la troisième place du classement au Championnat des constructeurs.

UN AUTRE RECORD POUR HAMILTON

Après sa première « défaite » de la saison, l’équipe Mercedes n’a cette fois rien laissé au hasard et Lewis Hamilton a remporté l’une des victoires les plus aisées de sa carrière. Auteur d’un départ parfait, le Britannique n’a jamais été inquiété et il a parfaitement contrôlé ses concurrents pour s’imposer avec près de 25 secondes d’avance sur Max Verstappen.

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Le podium du Grand Prix d’Espagne : Lewis Hamilton (1re place), Max Verstappen (2e) et Valtteri Bottas (3e)

Hamilton, qui a porté son avance au Championnat du monde à 37 points, a récolté le 156e podium de sa carrière, un nouveau record de la F1, tout juste devant Michael Schumacher (155). Il n’est par ailleurs plus qu’à trois victoires du record de l’Allemand (91 victoires en carrière) et semble bien parti pour égaler son record de sept titres mondiaux en fin de saison.

« Nous avions eu des problèmes avec nos pneus la semaine dernière (à Silverstone) et toute l’équipe a travaillé à bien comprendre ce qui s’était passé pour éviter que cela se reproduise, a expliqué Hamilton après sa victoire. Aujourd’hui, notre stratégie était la bonne et je me suis très bien senti tout au long de la course. J’étais dans ma bulle et je n’ai pas réalisé à la fin que c’était le dernier tour ! J’étais prêt à continuer longtemps. »

Le coéquipier d’Hamilton, Valtteri Bottas, a été moins heureux après avoir raté son départ. Devancé par Max Verstappen et Lance Stroll, il a vite doublé le Canadien, mais n’a jamais été en mesure d’approcher le pilote de l’équipe Red Bull, même après avoir chaussé sa voiture de pneus tendres. Petite consolation, Bottas a récolté le 50e podium de sa carrière.

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Max Verstappen devant Lance Stroll

Le directeur de Mercedes, Toto Wolff, a résumé : « Le problème de Valtteri aujourd’hui a été son mauvais départ. Il a bien tenté de revenir sur Max, mais ses pneus n’ont pas fonctionné comme nous l’espérions.

« Cela dit, je suis très heureux de voir comment nous avons récupéré après la déception du dernier Grand Prix pour nous imposer dans des conditions similaires. Aujourd’hui, malgré la chaleur, Lewis était en parfait contrôle de la situation. Nos ingénieurs, l’équipe de course, tous ont collaboré et ça montre la force de notre équipe. »

UNE CHANCE QU’IL Y A VERSTAPPEN

Les dirigeants de la F1 peuvent s’estimer chanceux d’avoir un pilote comme Max Verstappen. Sans lui, l’équipe Mercedes serait sans rival et le Championnat du monde serait très ennuyeux.

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Max Verstappen

Mais le Néerlandais est là et il a encore brouillé les cartes dimanche, intercalant sa Red Bull entre Lewis Hamilton et Valtteri Bottas. Tous les autres pilotes, sans exception, ont été repoussés à plus d’un tour du vainqueur et le coéquipier de Verstappen, le talentueux Alex Albon, s’est contenté de la huitième à un tour et demi de l’autre Red Bull…

« C’est vraiment un excellent résultat d’être entre les deux Mercedes aujourd’hui, alors qu’elles sont toujours plus rapides que nous. J’ai pris un bon départ pour doubler Valtteri et j’ai bien tenté de garder la pression sur Lewis, mais il était vraiment plus rapide et contrôlait les choses. Je me suis donc concentré sur ma course, en anticipant un retour de Valtteri, mais j’étais content de mes pneus et il n’a jamais comblé l’écart entre nous.

« Deuxième est donc un bon résultat, mais nous ne sommes pas en F1 pour terminer deuxièmes. Nous sommes là pour gagner et nous ne pouvons donc pas être entièrement satisfaits », a rappelé Verstappen, qui n’a d’ailleurs pas manqué de « bousculer » son équipe, dimanche à la radio, quand il estimait qu’elle ne réagissait pas assez vite à ses demandes.

Christian Horner, le directeur de l’équipe Red Bull, n’en a évidemment pas fait un cas : « Encore une fois, Max a tiré le maximum absolu de la voiture aujourd’hui pour s’intercaler entre les Mercedes, les plus rapides en piste. Nous ne pouvions espérer davantage et cela récompense les efforts de toute l’équipe. »

LE BON COUP DE STROLL ET DE RACING POINT

L’équipe Racing Point a obtenu dimanche son meilleur résultat de la saison, avec la quatrième place de Lance Stroll et la cinquième de Sergio Perez. Elle se retrouve ainsi au troisième rang du Championnat des constructeurs avec 63 points, tout juste devant deux écuries légendaires de la F1, McLaren (62 pts) et Ferrari (63 pts), même si elle a écopé une pénalité de 15 points.

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Les deux pilotes de Racing Point, Lance Stroll suivi de Sergio Perez

Difficile donc de ne pas être satisfait et Stroll affichait un large sourire après une course dont il a été l’un des animateurs. Le Canadien a en effet réussi un départ spectaculaire et il a montré une belle assurance en plongeant à la corde du premier virage pour se glisser devant la Mercedes de Valtteri Bottas.

« Avoir un tel départ, cela a vraiment fait ma course, a-t-il résumé en point de presse. J’ai vu une ouverture à l’intérieur et j’en ai profité. C’était un peu risqué, mais j’avais assez d’adhérence pour réussir à virer. C’est très satisfaisant de réussir ça devant les caméras !

« On a toujours à l’esprit une idée de ce qu’on espère accomplir pendant une course et aujourd’hui, je pense avoir tout réussi. Nous avons fait une très belle course et cette quatrième place est la meilleure que je pouvais espérer. »

Le Canadien a quand même dû profiter d’une pénalité de cinq secondes infligée à son coéquipier Perez pour grimper à la quatrième place. Le Mexicain avait pris le risque de ne stopper qu’une seule fois pour changer ses pneus et cette stratégie s’avérait payante… jusqu’à ce que Lewis Hamilton vienne lui prendre un tour. Les commissaires ont alors jugé que Perez n’avait pas réagi assez rapidement aux drapeaux bleus agités devant lui.

« Je ne comprends vraiment pas ce que j’aurais pu faire, s’est-il défendu. Cela aurait été dangereux d’agir différemment, mais j’ai quand même été pénalisé. Je suis content que l’équipe n’en ait pas souffert, puisque c’est Lance qui a hérité des points, mais je trouve cette décision sévère. »

Otmar Szafnauer, le directeur de Racing Point, s’est pour sa part réjoui de voir l’équipe obtenir « notre meilleur résultat de la saison » : « C’est difficile de rivaliser avec le top 3, mais c’est satisfaisant de voir que nous avons enfin converti nos bonnes positions des qualifications en résultats en course. Lance a réussi un autre excellent départ et Sergio a adopté une stratégie différente, mais l’équipe a parfaitement géré leurs courses et il n’y avait pratiquement aucun écart entre eux à la fin. Cette récolte de 22 points nous amène à la troisième place du championnat et nous allons tenter de la garder. »

VETTEL BRILLANT… ET CRITIQUE

Derrière le trio de tête et les pilotes de Racing Point, c’est l’Espagnol Carlos Sainz qui a pris la sixième place, mais c’est l’Allemand Sebastian Vettel qui a été le « pilote du jour ». Le pilote de l’équipe Ferrari a réussi à garder la septième place après avoir effectué les 36 derniers tours sur des pneus tendres, une stratégie qu’il n’a pas manqué de critiquer.

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Sebastian Vettel

« C’est simple, nous n’avions rien à perdre », a souligné Vettel en point de presse, visiblement cynique. « Les cinq derniers tours (sur des pneus usés à la corde) ont été très difficiles. Nous avons pris un risque, cela a marché, mais notre plan avant la course n’était sûrement pas d’effectuer 40 tours sur des pneus tendres ! Il y a encore beaucoup de travail devant nous. »

Vettel ne sera pas de retour chez Ferrari la saison prochaine et le divorce devient de plus en plus acrimonieux à chaque Grand Prix. Dimanche, les communications radio entre le pilote et son équipe ont souvent trahi cette situation.

Et la situation n’est guère plus rose pour Charles Leclerc, l’autre pilote de la Scuderia, qui se démène depuis le début de la saison pour obtenir des résultats bien supérieurs aux possibilités réelles de sa voiture. Le Monégasque visait la sixième place dimanche, mais il a été contraint à l’abandon quand le moteur de sa voiture s’est éteint, comme ça, dans un virage…

DEUX FOIS LE TOUR DE LA TERRE !

Le Finlandais Kimi Raikkonen connaît une saison difficile chez Alfa Romeo, mais le pilote de 40 a établi un nouveau record de la F1, dimanche à Barcelone. Il a en effet complété près 84 000 kilomètres en course, plus de deux fois le tour de la terre, depuis le début de sa carrière en Grand Prix.

> Consultez le classement du Grand Prix d’Espagne

Prochaine épreuve : Grand Prix de Belgique, à Spa-Francorchamps, 30 août