(Spielberg) La F1 était de retour dimanche sur le Red Bull Ring en Autriche, et les amateurs ont été récompensés de leur patience avec un Grand Prix mouvementé. Le Finlandais Valtteri Bottas a mené de bout en bout, mais l’issue est longtemps restée incertaine. Lewis Hamilton, deuxième à l’arrivée, s’est finalement contenté de la quatrième place après une pénalité, et ce sont Charles Leclerc et l’étonnant Lando Norris qui ont pris place sur le podium. Déception pour le Canadien Lance Stroll, vite contraint à l’abandon, alors que son compatriote Nicholas Latifi a profité des nombreux abandons pour prendre la 11e place.

Bottas content, Hamilton un peu moins…

Parti de la première position, Valtteri Bottas a fait une course parfaite et s’est logiquement imposé devant son coéquipier Lewis Hamilton. « La meilleure façon d’amorcer la saison, a souligné le Finlandais après sa victoire. La pression a été constante avec quelques soucis techniques et toutes les interventions de la voiture de sécurité. Lewis était tout près et je ne pouvais me permettre la moindre erreur. »

Hamilton était moins souriant en point de presse. Pénalisé de trois positions sur la grille de départ pour une faute commise en qualifications, le champion du monde avait patiemment regagné la deuxième place quand Albon a tenté un dépassement par l’extérieur. Les deux voitures se sont accrochées et les commissaires ont jugé qu’Hamilton méritait une pénalité de cinq secondes qui l’a repoussé à la quatrième place.

« Ma pénalité hier [samedi, pour non-respect d’un drapeau jaune] était entièrement de ma faute, a concédé le Britannique. Je m’en suis servi comme une motivation pour faire mieux aujourd’hui, j’étais bien revenu derrière Valtteri et mon rythme était bon. C’est vraiment dommage que l’incident avec Alex [Albon] soit survenu.

« Je ne peux croire que nous nous soyons accrochés encore [les deux pilotes l’avaient déjà fait la saison dernière au Brésil], mais j’ai l’impression qu’il s’agit d’un simple incident de course. Quoi qu’il en soit, cela n’a pas été mon meilleur week-end, mais cela aurait pu être pire ! Je vais accepter ma pénalité, mon résultat et tenter de faire mieux la prochaine fois. »

Déception chez Red Bull

Favorites sur un circuit à leur mesure, les Red Bull n’ont pas atteint l’arrivée et la déception était vive dans l’équipe. « Cela a été une journée extrêmement frustrante pour nous et je ne sais trop comment l’expliquer, a souligné le directeur Christian Horner. Max [Verstappen] était bien placé en deuxième place, avec de meilleurs pneus, et son abandon [au 11e tour, avec un problème électrique] a fait très mal. Nous avions encore Alex et il pouvait gagner la course quand Lewis [Hamilton] l’a inexplicablement poussé hors de la piste. »

Albon, qui avait profité d’une neutralisation de la course à quelques tours de l’arrivée pour monter des pneus tendres, a expliqué : « C’est toujours un peu risqué de doubler par l’extérieur, mais je lui [Hamilton] ai laissé l’espace que je pouvais. Je ne pouvais aller plus loin et c’était à lui de décider s’il y aurait un accrochage ou pas… »

Le pilote thaïlandais croit qu’il a perdu plus qu’un premier podium en carrière. « J’aurais pu gagner, a-t-il assuré. Je voyais déjà Valtteri [Bottas] juste devant moi et j’étais plus rapide que lui avec mes pneus. »

Quand on lui a demandé s’il allait parler à Hamilton, qui l’a sorti de piste deux fois lors des trois dernières épreuves disputées, Albon a répondu : « Je vais d’abord me calmer un peu ! »

Leclerc sauve les meubles chez Ferrari

Repoussées loin sur la grille de départ, les Ferrari semblaient condamnées à un résultat décevant dimanche en Autriche, mais une performance magistrale de Charles Leclerc a permis à la Scuderia de sauver les meubles avec une belle deuxième place.

« Sans doute l’une de mes meilleures courses depuis que je suis en F1, a estimé le Monégasque. Je me suis battu toute la journée et je n’ai commis aucune erreur. C’est presque une victoire pour nous. Bien sûr, nous avons été un peu chanceux, avec la pénalité de Lewis et quelques accrochages devant nous. Notre objectif était de saisir toutes les opportunités, même si nous n’avions pas le rythme pour rivaliser avec les plus rapides. »

Leclerc a d’ailleurs reconnu que Ferrari devait encore beaucoup progresser pour menacer Mercedes ou même Red Bull. « Il y a encore beaucoup de travail, car nous sommes très loin du niveau que nous souhaitons atteindre, mais c’est quand même possible d’obtenir de bons résultats, comme nous l’avons montré aujourd’hui. L’équipe doit rester forte mentalement, continuer de travailler et prendre le temps qu’il faudra. »

Le coéquipier de Leclerc, Sebastian Vettel, a été beaucoup moins brillant au volant d’une voiture qu’il a décrite comme « inconduisable ». Lointain 10e, l’Allemand a fort mal amorcé sa dernière saison avec Ferrari.

Un soulagement pour McLaren

L’équipe McLaren a été l’une de plus touchées par la pandémie. Deux membres de l’équipe avaient été les premiers atteints par la COVID-19, en Australie, et son retrait forcé avait éventuellement entraîné l’annulation du Grand Prix. Pendant la crise, le Groupe McLaren a dû licencier plus de 1000 employés et ses dirigeants ont dû négocier des emprunts d’urgence pour éviter la faillite.

Pas étonnant que la troisième place de Lando Norris ait été accueillie dans l’euphorie par toute son équipe, dimanche. Le pilote de 20 ans a réussi le tour le plus rapide de la course dans son dernier tour pour revenir à moins de cinq secondes de Lewis Hamilton (4,82 s) et ainsi devancer son compatriote au classement.

« Je suis sans mots, a déclaré Norris en point de presse. La course a été très mouvementée, j’ai commis quelques erreurs, mais je n’ai jamais cessé de me battre. Je suis tellement content pour l’équipe. Quand on considère où nous étions il y a quelques saisons, quelques mois même, ce résultat est vraiment sensationnel et je suis très fier de faire partie de cette équipe. »

Un résultat amer pour Stroll et Racing Point

Plusieurs observateurs estimaient que l’équipe Racing Point serait en position pour s’approcher des meilleures cette saison et tant Sergio Perez que Lance Stroll ont offert de bonnes performances en essais et en qualifications. Les choses se sont moins bien passées dimanche en course.

Parti de la neuvième place, Stroll a d’abord gardé sa position, mais des ennuis mécaniques ont entraîné son abandon dès le 20e tour. « Le départ a été bon, mais j’ai vite senti que je perdais de la puissance, a expliqué le pilote canadien. Nous avons tenté de corriger la situation en modifiant les réglages du moteur, mais cela ne fonctionnait pas et nous avons préféré nous retirer. Dommage, parce que je me sentais bien dans la voiture. Je pense que nous aurions eu un bon rythme en fin de course et que nous avons manqué une opportunité de marquer beaucoup de points. »

Le coéquipier de Stroll, Sergio Perez, a davantage pu exploiter le potentiel de sa voiture et il a continuellement été à la lutte avec les McLaren et la Ferrari de Charles Leclerc. Parti de la sixième place, le Mexicain s’est retrouvé troisième à une douzaine de tours de l’arrivée, mais il s’est finalement contenté de la sixième place, en raison notamment d’une pénalité de cinq secondes pour avoir dépassé la limite de vitesse dans les puits de ravitaillement.

Perez a reconnu que le résultat était en deçà des attentes et il estimé que l’équipe aurait pu mieux gérer la course. « J’ai dû me défendre à la fin contre des voitures dont les pneus étaient plus frais. Nous aurions sans doute dû nous arrêter une deuxième fois… »

Beaucoup de « leçons » pour Latifi

Le Canadien Nicholas Latifi a finalement pu faire ses débuts en Grand Prix et il a atteint son objectif : atteindre l’arrivée ! Roulant en queue de peloton tout au long de la course, le pilote de l’équipe Williams a pris la 11place, venant à quelques secondes d’hériter d’un point à la faveur des nombreux abandons.

« Aujourd’hui, la priorité était d’apprendre, a-t-il résumé en point de presse. Je ne pouvais attaquer autant que je l’aurais voulu au début avec des ennuis de températures et je me suis retrouvé seul à l’arrière pendant de nombreux tours. Heureusement, la voiture de sécurité a regroupé les concurrents et j’ai pu acquérir de l’expérience en roulant près des autres voitures. C’est un peu frustrant d’être si près d’un premier point, mais c’est une autre leçon et je serai encore mieux préparé la semaine prochaine ! »

Les pilotes « unis » contre le racisme

Comme prévu, les pilotes ont montré leur solidarité dans la lutte contre le racisme en se regroupant avant la course devant la grille de départ. Pas moins de 14 pilotes ont mis un genou au sol pendant la diffusion de l’hymne national autrichien. Charles Leclerc, Max Verstappen, Carlos Sainz, Daniil Kvyat, Antonio Giovinazzi et Kimi Räikkönen ne l’ont pas fait, les deux premiers expliquant dans des messages sur les médias sociaux qu’ils appuyaient le mouvement, mais croyaient que chacun était libre de le montrer à sa façon. « Je crois que ce qui compte, ce sont les faits et les actions dans la vie quotidienne plutôt que des gestes qui peuvent paraître controversés dans certains pays », a écrit Leclerc.

Prochaine épreuve : Grand Prix de Styrie, Red Bull Ring, 12 juillet