Bertrand Godin avait des plans pour cet été avec le groupe À l’infini. De vrais plans, sur une vraie piste. Il se voyait courir le week-end du Grand Prix du Canada, il espérait l’emporter pour la troisième année de suite dans sa catégorie au Grand Prix de Trois-Rivières. Il avait d’autres projets sur le feu.

Tout ça, c’était avant la pandémie. Voilà plutôt que ses prochains projets se dérouleront… chez lui. À commencer par la Canadian Sim Racing Series, une série virtuelle de cinq épreuves imaginée par l’agent et promoteur bien connu du milieu des courses automobiles, Alan Labrosse.

« Pour les pilotes, c’est pour continuer à avoir du plaisir, explique Godin au bout du fil. Ce qui est intéressant aussi est que l’on continue à donner de l’exposition aux commanditaires. Pour les gens, ils peuvent se distraire. L’avantage dans le domaine de la course est que tout le monde a le même matériel. Il faut être capable comme pilote de s’ajuster. »

Bon, le sympathique pilote a raté l’épreuve inaugurale sur l’Auto Club Speedway de Fontana, en banlieue de Los Angeles. Problème de serveur. Il s’était tout de même distingué dans les essais d’avant-course. Mais plusieurs autres grosses pointures y étaient : Raphaël Lessard, Alex Labbé et Kevin Lacroix. Blake Reinhart a remporté la course, devant Lessard et Brock Reinhart.

Les images sont saisissantes. Le championnat se dispute sur le populaire jeu iRacing, et il faut regarder attentivement pour remarquer l’imperfection qui rappelle que l’action est virtuelle. Pour les pilotes, il est aussi possible de vivre les épreuves dans l’immersion complète d’un simulateur. C’est le cas de Godin, qui est équipé pas à peu près chez lui. Pour lui, « c’est à s’y méprendre » à quel point la simulation ressemble à la vraie vie.

« J’ai un simulateur avec des mouvements de suspension, un volant de très haute qualité qui fait en sorte qu’il y a tellement de force dans le volant qu’on s’approche de la réalité. La réalité virtuelle aussi donne une vue comme si tu étais dans la voiture.

Ils sont très rares [les autres pilotes] qui ont des simulateurs comme j’ai. Je l’utilise pour me préparer quand je rembarque en piste et ça a fonctionné. J’ai été 23 ans sans piloter en monoplace et quand j’ai rembarqué, c’est comme si je n’avais jamais arrêté. »

Bertrand Godin

« Les sensations de la voiture, l’aspect physique aussi. Quand j’embarque une heure dans le simulateur, j’en sors trempe à la lavette. Ma montre indique comme si je faisais du vélo ! »

  • Voiture de Bertrand Godin pour le championnat virtuel Canadian Sim Racing Series

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE À L’INFINI

    Voiture de Bertrand Godin pour le championnat virtuel Canadian Sim Racing Series

  • La voiture de Bertrand Godin en pleine compétition

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE À L’INFINI

    La voiture de Bertrand Godin en pleine compétition

  • Bertrand Godin pris entre deux autres voitures

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE À L’INFINI

    Bertrand Godin pris entre deux autres voitures

  • La voiture de Bertrand Godin a fière allure.

    PHOTO FOURNIE PAR GROUPE À L’INFINI

    La voiture de Bertrand Godin a fière allure.

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Confinement

Évidemment, Godin est en confinement. Comme tout le monde. Comme il est rendu d’usage dans les conversations en ce moment, on lui a demandé si cette situation particulière lui avait inspiré une perle de sagesse.

« Ce ne sont pas ceux qui gagnent le plus d’argent qui sont les plus importants, lance-t-il sans hésiter. Je vais à l’épicerie et je regarde la personne qui place les produits dans les tablettes et je suis en admiration. On se rend compte à quel point tout le monde est important, et j’espère que les gens le réalisent. »

« En même temps, quand tu aimes quelqu’un, tu vas le voir. Là, si tu aimes quelqu’un, tu ne dois pas aller le voir. Mon grand-père a 101 ans et vit chez lui avec ma tante de 90 ans. Il a son iPhone, on fait du FaceTime. Même chose avec ma mère avec son conjoint dans un centre. On essaie de s’entraider et de garder le moral. Je vais téléphoner à des gens à qui je n’ai pas parlé depuis longtemps pour prendre des nouvelles si je sais que certains vivent des situations plus difficiles. Loin des yeux, près du cœur. On est en train de le prouver. »

Godin lui-même pousse à la roue. Il a profité de ses plateformes sociales pour rappeler les règles sanitaires en place en ce moment. Il fait aussi un don en argent pour la recherche d’un vaccin à chacune de ses courses. Il invite d’ailleurs les entreprises qui veulent contribuer à le faire, en échange de visibilité sur ses voitures virtuelles.

Maintenant, comment son cœur de pilote a-t-il vécu le report à on ne sait trop quand du Grand Prix du Canada et l’annulation pure et simple du Grand Prix de Trois-Rivières ? Avec toute la sagesse dont Bertrand Godin sait faire preuve.

« Quand on voit le côté dramatique de ce qui se passe, dans les centres de personnes âgées, ou ceux qui perdent leur emploi, on se console. Les valeurs ont quand même changé en très peu de temps. Ça me fait de la peine, c’est un sport que j’aime. Je l’ai vécu plusieurs années, c’est peut-être moins grave pour moi que pour un jeune pour qui c’était une saison importante. J’ai de la compassion pour les jeunes. Je leur dis de ne pas se décourager, on va trouver des solutions. Mais quand je vois les gens qui avaient un commerce qu’ils ont été obligés de fermer… le problème du sport est loin dans la liste des priorités. »