(Le Mans) Qui va pouvoir s’opposer à Toyota cette année aux 24 Heures du Mans ? Sauf casse mécanique, les voitures japonaises apparaissent comme les grandes favorites de cette 87e édition qui affiche, avec 62, un nombre record d’engagés.

Vainqueur pour la première fois au Mans l’an dernier et déjà sacré champion du monde 2018/2019 à Spa début mai, le principal enjeu pour le constructeur nippon est de savoir lequel de ses équipages sera sacré pour le titre pilotes.

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Fernando Alonso était parmi le trio de pilotes sacrés champions l'année dernière.

Celui composé de l’ex-champion du monde espagnol de F1 Fernando Alonso, du Suisse Sebastien Buemi et du Japonais Kazuki Nakajima tient la corde avec 31 points d’avance sur celui du Britannique Mike Conway, du Japonais Kamui Kobayashi et de l’Argentin Jose-Maria Lopez. Seul un abandon des premiers et une victoire des seconds pourrait changer la donne.

L’an dernier, c’est Alonso/Buemi/Nakajima qui l’avaient emporté devant Conway/Kobayashi/Lopez, le double champion du monde de F1 (2005/2006) faisant alors un pas de plus vers la « Triple Couronne » (GP F1 de Monaco, 24H du Mans et 500 milles d’Indianapolis).

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Toyota est la favorite avec sa TS050 Hybride LMP1.

Il s’agira de sa dernière apparition sur le circuit des 24 heures pour l’avenir proche car il s’apprête a relever de « nouveaux défis », parmi lesquels très probablement le rallye Paris-Dakar.

Le championnat du monde d’endurance 2018-2019 compte comme première et dernière épreuve les 24 Heures du Mans.

Huit engagés en LMP1

La catégorie la plus en vue, la LMP1, compte seulement huit engagés : les deux Toyota, deux Rebellion, trois BR Engineering et une Enso.

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Le pilote français Nathanaël Berthon à la sortie d'une courbe au volant de sa Rebellion R13 Gibson LMP1.

Ce sont les Rebellion suisses qui semblent le plus à même de profiter d’une éventuelle défaillance des Toyota, avec une belle brochette de pilotes : Le Suisse Neel Jani, l’Allemand André Lotterer et le Brésilien Bruno Senna sur l’une et les Français Thomas Laurent et Nathanaël Berthon épaulés par l’Américain Gustavo Menezes sur l’autre.

Rebellion, dont les voitures sont construites par le Français Oreca, est arrivée à arracher à Toyota une victoire cette saison après la disqualification des voitures japonaises à Silverstone et avait terminé 3e au Mans l’an dernier.

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Le pilote belge Stoffel Vandoorne, qui a eu une courte carrière en F1, négocie une courbe dans sa BR1 AER LMP1.

Les chances de SMP Racing qui fait courir des BR Engineering ne sont pas pour autant à négliger avec notamment un équipage très rapide composé des Russes Mikhaïl Aléchine, Vitaly Petrov et du Belge Stoffel Vandoorne, ces deux derniers pilotes ayant officié en F1. Ils ont terminé 3e à Spa, la dernière répétition avant Le Mans.

Plus serré en LMP2

Dans les autres catégories, les choses apparaissent plus serrées, à commencer  par la LMP2 avec 20 engagés où se mêlent Oreca, Ligier, Alpine et Dallara.

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L'Alpine A470 LMP2 de l'écurie Signatech Alpine, du pilote français Nicolas Lapierre, l'an dernier.

L’Alpine Signatech avait gagné sa catégorie en terminant 5e du général l’an dernier avec les Français Nicolas Lapierre et Pierre Thiriet accompagnés du Brésilien André Negrao. Ils n’avaient toutefois gagné qu’après la disqualification de l’Aurus conduite notamment par le Français Jean-Eric Vergne – actuel leader du championnat de Formule E – qui sera de nouveau présent cette année pour une revanche.

Les derniers tours de la Corvette à V8

La catégorie GTE Pro accueille elle une palette de grands noms comme Aston Martin, BMW, Corvette, Ferrari, Ford et Porsche.

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La Corvette à moteur V8 du pilote danois Jan Magnussen.

Le circuit du Mans devrait entendre retentir pour la dernière fois le V8 des grosses Corvettes à moteur avant qui va y faire ses adieux après 20 participations consécutives.

Ford fera aussi sa dernière apparition en tant qu’écurie officielle au Mans dans cette catégorie où la marque américaine s’est engagée en 2016. Ses voitures arboreront pour l’occasion des livrées évoquant les victoires de leurs glorieuses ainées dans les années 1960.

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La Ford GT WEC du pilote américain Billy Johnson, devant la BR Engineering du pilote belge Stoffel Vandoorne.

À noter également, la présence d’un équipage entièrement féminin en GTAM composée de la Suissesse Rahel Frey, de la Danoise Michelle Gatting et de l’Italienne Manuela Gostner sur une Ferrari 448.

Voici une description des catégories et une liste des principales écuries inscrites :

CATÉGORIE LMP1 (8 voitures) :

Les LMP1 (Le Mans Prototypes 1) ont une carrosserie fermée et aucun minimum de production n’est demandé. Ces voitures sont conçues spécialement pour les 24 Heures du Mans, ainsi que pour les courses du Championnat du Monde d’endurance (FIA WEC), seul championnat où elles sont éligibles. Elles sont développées exclusivement pour évoluer sur des circuits. Elles peuvent être à moteurs hybride à récupération d’énergie développant jusqu’à 1000 chevaux ou seulement thermique. Dans le premier cas la cylindrée est libre, dans le 2e elle est limitée à 5500 cm3. Le poids minimum est également différent avec 875 kilos pour les hybrides et 830 kilos pour les autres. La quantité de carburant autorisée pendant la course peut également être modifiée en fonction de la formule d’Equivalence de Technologie (EdT) visant à compenser la différence de puissance entre les voitures hybrides et les autres. Pendant la course, les voitures LMP1 sont identifiées par des diodes rouges et des numéros sur fond rouge.

Prototypes hybrides

No 7. Mike Conway-Kamui Kobayashi-José Maria Lopez (GBR-JAP-ARG/Toyota TS050-Hybrid)

No 8. Sébastien Buemi-Kazuki Nakajima-Fernando Alonso (SUI-JAP-ESP/Toyota TS050-Hybrid)

Prototypes non-hybrides

No 1. André Lotterer-Neel Jani-Bruno Senna (GER-SUI-BRA/Rebellion R13-Gibson)

No 3. Thomas Laurent-Nathanaël Berthon-Gustavo Menezes (FRA-FRA-USA/Rebellion R13-Gibson)

No 4. Oliver Webb-Paolo Ruberti-Tom Dillmann (GBR-ITA-FRA/Bykolles-Enso CLM P1/01-Gibson)

No 10. Henrik Hedman-Ben Hanley-Renger Van Der Zande (SWE-GBR-NED/Dragonspeed-BR Engineering BR1-Gibson)

No 11. Vitaly Petrov-Mikhail Aleshin-Stoffel Vandoorne (RUS-RUS-BEL/SMP Racing-BR Engineering BR1-AER)

No 17. Stéphane Sarrazin-Egor Orudzhev-Sergey Sirotkin (FRA-RUS-RUS/SMP Racing-BR Engineering BR1-AER)

CATÉGORIE LMP2 : (20 voitures)

Les LMP2 (Le Mans Prototypes 2) ont une carrosserie fermée et aucun minimum de production n’est demandé. Comme en LMP1, les voitures sont généralement conçues spécialement pour les 24 Heures du Mans, ainsi que pour les courses du Championnat du Monde d’Endurance (FIA WEC) et d’autres catégories comme l’Asian Le Mans Series et l’IMSA SportsCar Championship américain. Le fournisseur exclusif des moteurs est le britannique Gibson qui a développé un V8 de 4200cc et de 600 chevaux. Le poids minimum est de 930 kilos. Elles sont identifiées par des diodes bleues et un numéro sur fond bleu.

No 36. Nicolas Lapierre-André Negrao-Pierre Thiriet (FRA-BRE-FRA/Signatech Alpine) vainqueurs en 2018.

No 26. Jean-Eric Vergne-Roman Rusinov-Job Van Uitert (FRA-RUS-NED/Aurus-GDrive Racing)

No 30. Romain Dumas-Nico Jamin-Pierre Ragues (FRA-FRA-FRA/Oreca-Duqueine Engineering)

No 31. Pastor Maldonado-Anthony Davidson-Roberto Gonzalez (VEN-GBR-MEX/Oreca-Dragonspeed)

CATÉGORIE LMGTE PRO (17 voitures)

On y retrouve deux Corvette C7R, trois Ferrari 448, deux Aston Martin Vantage, quatre Ford GT, deux BMW M8 et quatre Porsche 911 RSR, cette dernière marque ayant remporté la catégorie l’an dernier. Les voitures y sont dérivées des voitures sportives de série avec deux portes, 2 places ou 2+2 et commercialisées régulièrement avec une production minimale de 300 exemplaires en 24 mois. Le poids minimum est de 1245 kilos. Les moteurs sans turbos doivent avoir une cylindrée maximale de 5500 cm3 et ceux qui en sont équipés de 4300 cm3. Elles sont identifiées par des diodes vertes avec des numéros sur fond vert.

CATÉGORIE LMGTE AM (17 voitures)

Ce sont les mêmes voitures qu’en LMGTE Pro (à l’exception de BMW) mais la différence et que deux des pilotes de l’équipage doivent être des amateurs et les écuries sont privées. Elles sont identifiées par des diodes oranges et des numéros à fond orange.

À noter que pour toutes les catégories, un système permet d’identifier quelles voitures sont dans les trois premières de chaque catégorie grâce à un système de diodes sur les portes. Une diode allumée pour le 1er, deux pour 2e et trois pour le 3e.