Après 13 ans d'absence en endurance et seulement quelques mois d'essais, Toyota a effectué, malgré un accident et un abandon, un retour au delà de ses espérances lors de sa première course, les très exigeantes 24 Heures du Mans, et l'ogre Audi a bien enregistré le message.

Les inconditionnels de la course mythique pouvaient redouter, après le retrait brutal et inattendu de Peugeot en début d'année, un cavalier seul d'Audi. Il n'a eu lieu que pendant... les trois derniers quarts de la course, grâce à des Toyota TS030 Hybrid surprenantes d'efficacité.

L'écurie allemande a en effet tremblé pendant les six premières heures, comme l'a reconnu à mots couverts son patron Wolfgang Ullrich.

«Nous avons gagné les 6 Heures du Mans», a plaisanté Nicolas Lapierre, en tête pendant quelques minutes, à 20h00 précises. Passée la «déception» et la «frustration» d'avoir abandonné, l'ensemble de l'équipe ne voulait d'ailleurs retenir que le côté positif de l'aventure.

D'abord lors des qualifications, bouclées par la Toyota N.8 débutante à une grosse seconde de la pole, soit mieux que la Peugeot 908 très aboutie de l'an dernier, et cela malgré quelques mois d'essais seulement, un gros accident début avril, aucune course de préparation.

Ensuite lors de l'épreuve. «Nous sommes allés au delà de nos espérances. Etre capables de pousser Audi comme on l'a fait et, malgré tous leurs efforts, les rattraper et les dépasser, c'était fantastique», a expliqué Pascal Vasselon.

Le directeur technique du Toyota Racing a même parlé de «cinq-six premières heures fantastiques qui resteront gravées dans (leurs) mémoires», surtout lorsque Lapierre, déchaîné au volant de la Toyota N.7, a pris la tête en dépassant l'Audi N.1 du tenant du titre, Benoît Tréluyer.

«A un moment donné, on s'est même vu gérer une course devant. On commençait à penser à ce qu'on allait faire la nuit, et puis cela s'est arrêté plus vite que prévu», a-t-il ajouté.

Gagner en fiabilité

Il y a d'abord eu le spectaculaire accident d'Anthony Davidson sur la N.8, à Mulsanne, puis Kazuki Nakajima a mis fin au suspense en envoyant dans le mur la Delta Wing à moteur Nissan, obligeant la Toyota rescapée à rentrer au stand, puis à y retourner pour effectuer de longues réparations avant d'abandonner, moteur cassé.

«C'est sûr qu'il a fait une petite erreur (...) mais on ne peut pas lui en vouloir car pour son premier passage au Mans, ce qu'il a fait en qualifications est exceptionnel», a déclaré Vasselon.

Toute l'équipe a désormais les yeux rivés vers la prochaine édition. «L'idée était que 2012 soit une année d'apprentissage et de revenir en 2013 pour gagner. On sera vraiment en position de faire quelque chose de bien l'année prochaine, on reviendra certainement plus forts», a affirmé Lapierre.

Pour entretenir ses rêves de victoire, Toyota peut s'appuyer sur sa technologie hybride, plus performante que celle d'Audi, de l'aveu même de Tréluyer, à nouveau vainqueur.

«Il y a beaucoup de choses à parfaire, au premier rang desquelles la fiabilité, a reconnu Vasselon. Il faut aussi qu'on essaie de remonter d'un cran les performances de la voiture et, globalement, améliorer les opérations du team. On n'était pas très rapides dans les stands.»

Avec un an d'expérience supplémentaire, l'écurie basée en Europe, qui retrouvera Audi le 26 août à Silverstone (Royaume-Uni), en Championnat du monde (WEC), sera un candidat redoutable.