Abonnés aux étendues désertiques et lunaires depuis leur arrivée à Copiapo au Chili samedi et leur traversée de l'immense désert minéral de l'Atacama, les pilotes n'ont pas été dépaysés jeudi entre Arica (Chili), la cité la plus aride du monde, et Arequipa (Pérou), que domine le volcan Misti, perché à 5822 m.

Sable et rocaille, encore et encore, couleur terre de Sienne, ont défilé sous les roues des pilotes attaquant les dernières étapes avant l'arrivée sur la place d'Armes de la capitale péruvienne, Lima, dimanche.

Mais la nature péruvienne a aussi affiché sa singularité avec, dans un environnement d'extrême sécheresse, soudain placé en travers de la piste, au km 69 de la spéciale chronométrée, le piège inattendu d'une petite rivière aux eaux grossissantes qui a posé bien des problèmes aux motards, démontrant encore une fois que les deux roues sont les véritables soutiers du Dakar.

Le rio Lacumba a dû être franchi à gué, et ce fut toute une affaire pour le gros du peloton des motards qui, sans l'aide pour la majorité des pilotes des spectateurs locaux, étaient bien partis pour poursuivre l'épreuve à la nage.

6H30 du matin sur les rives caillouteuses du rio Lacumba jeudi: les deux premiers motards, largement en tête, le Français Cyril Despres et l'Espagnol Marc Coma, franchissent le gué à peu près sans encombre, la hauteur de l'eau n'excédant pas alors une trentaine de centimètres.

Crottés jusqu'au casque

Mais avant l'arrivée de leurs premiers poursuivants, une quinzaine de minutes plus tard, le rio se gonfle et multiplie par deux sa profondeur.

Les premiers motards qui tentent le passage, sur la selle de leur engin, sont bloqués au milieu du gué. Ils descendent de la moto, de l'eau jusqu'aux genoux, et la poussent en 1ère, dans des gerbes d'eau propulsées par la roue arrière.

La situation s'aggrave encore pour les suivants. Moteurs qui calent dans l'eau boueuse, pilotes qui prennent un bain complet avec leurs engins renversés... Quelques spectateurs massés à proximité se précipitent et entrent dans le rio jusqu'aux cuisses pour secourir les concurrents. Il faut au moins trois personnes plus le pilote pour arracher les deux roues de la rivière.

Crottés jusqu'au casque, certains concurrents devront, pendant près d'une heure, démonter leurs garnitures et sécher les moteurs noyés, avant de repartir.

Quant aux autos, hormis certains pilotes qui ont perdu de précieuses minutes en faisant fausse route à l'approche du gué, encaissé d'une quinzaine de mètres par rapport à la piste, toutes sont passées sans encombre, permettant aux spectateurs de fixer des images spectaculaires.

L'Américain Robby Gordon, au volant de son monstrueux Hummer orange, a impressionné. Ce fou roulant s'est jeté à pleine vitesse dans le gué qu'il a franchi en un éclair sous les acclamations de la foule.

Son exclusion du rallye la veille pour «non conformité technique» (il a fait appel suspensif de la décision des Commissaires et continue la course), n'a pas entamé sa notoriété. Il est entré en vedette au pays de l'Inca, même si la suite de la journée allait lui être moins favorable, avec de nouveaux problèmes mécaniques et 1 h 50 min de perdues, de quoi le faire descendre du podium au général.

Au classement général provisoire, Peterhansel, qui a pris 3 minutes 44 secondes supplémentaires à Roma, possède désormais 22 min 49 secondes d'avance sur l'Espagnol.

Le Sud-Africain Giniel de Villiers (Toyota) est 3e, à 1 h 11 min 1 sec.