Au-delà du plaisir manifeste que l'on peut en tirer, est-ce que le pilotage d'une voiture de course peut être bénéfique à la conduite automobile de tous les jours?

C'est dans cet état d'esprit que l'on s'est présenté mardi dernier à l'Académie de pilotage Bridgestone, au circuit de Mosport, en Ontario, l'une des quelques écoles de pilotage que l'on trouve dans l'est du pays.

Avant d'enfiler notre combinaison de pilote - fournie, comme le reste de l'équipement -, on passe en revue les différentes techniques à adopter en piste, un rappel pertinent et intéressant même pour quelqu'un qui croit s'y connaître en sport automobile.

On se rend ensuite vers la piste, un tracé d'entraînement spécialement conçu en 2000 pour les besoins de l'Académie, à l'ombre de la légendaire piste de Mosport. S'ensuit une courte séance de reconnaissance à basse vitesse, qui nous permet de s'acclimater à l'environnement spartiate des petites voitures Formule 2000 Van Diemen propulsées par un quatre-cylindres 2,3 litres Mazda développant 170 chevaux. Et, on l'avoue candidement, ce petit réchauffement est aussi une belle façon de dénouer les noeuds que l'on avait dans l'estomac avant de grimper à bord de la monoplace...

«Il faut arriver ici avec l'esprit ouvert, ne pas avoir peur d'essayer la voiture, explique l'instructeur André Lorman. C'est sûr que la première fois, c'est assez intimidant; le moteur a beau ne produire que 170 chevaux, mais la voiture ne pèse que 450 kg, alors lorsque l'on appuie sur l'accélérateur, ça décolle. Il faut être patient, prendre ça tranquillement. Généralement on va assez vite en fin de journée.»

C'est justement avec André Lorman devant nous que nous nous sommes élancés pour les trois séances de 20 minutes qui nous ont permis de goûter franchement au pilotage sportif. Il faut en effet savoir que les apprentis ont toujours un instructeur devant eux, à bord d'une autre monoplace. Ce dernier accélère à mesure que les apprentis gagnent en confiance, et en vitesse. «Le freinage, l'accélération et la confiance générale augmentent d'heure en heure, la qualité du pilotage s'améliore en une seule journée ici», soutient M. Lorman.

Différences et similitudes

Quand on est à bord de la voiture, on a peine à croire qu'il peut y avoir des similitudes entre le pilotage de course et la conduite de tous les jours. Le volant est minuscule, sa réaction est directe et instantanée, les freins sont hyper puissants, les accélérations nous plaquent au fond du cockpit et les pneus collent littéralement au bitume.

Jamais au grand jamais on ne pourrait se permettre de tels excès au volant de notre voiture, mais l'expérience peut néanmoins être bénéfique. «Tout ce qu'on enseigne ici pour aller vite en virage est essentiellement lié à la traction. Et ce qu'on fait sur la piste, on le fait sur la route, soutient Jamie Fitzmaurice, instructeur en chef de l'Académie Bridgestone. On ne peut certainement pas aller aussi vite avec nos voitures de tous les jours. Mais comme on enseigne aux apprentis pilotes à être doux en piste, à adopter une trajectoire coulante et régulière, on apprend à se comporter de la même façon sur la route.»

«On montre aux élèves la bonne ligne de course à adopter en piste, à quel moment freiner, et comme il n'y a pas d'ABS sur ces voitures, on peut bloquer les roues en freinage, illustre de son côté André Lorman. C'est un exemple d'exercice qui peut profiter à la conduite de tous les jours.»

Goûter à la performance de ces petits bolides nous donne l'étrange impression de s'installer dans de lourdauds paquebots quand on retourne à la maison dans notre berline quotidienne. L'adrénaline retombant tranquillement à des niveaux jugés normaux, on ne ressent aucune envie d'aller vite.

En fait, on avoue qu'on était même heureux d'être dans le siège du passager pour le chemin du retour, sur l'interminable autoroute 401. Peut-être qu'inconsciemment on ne voulait pas «contaminer» nos souvenirs de pilotage en prenant le volant d'une vulgaire berline de location...

Les frais d'hébergement et de transport pour la réalisation de ce reportage ont été payés par Bridgestone.