Le propriétaire de l'écurie FAZZT, André Azzi, a réitéré cette semaine son souhait d'établir une nouvelle filière de développement de pilotes de course au Canada et au Québec, chose qui a disparu quand on a interdit à Player's et autres fabricants de tabac de publiciser leurs cigarettes.

Justement, ce n'est qu'un souhait, pour l'instant du moins. Azzi, qui dirige son écurie IndyCar avec Alexandre Tagliani, a une stratégie de développement en tête, mais ce n'est pas un mécène. «Je ne veux pas nécessairement faire de l'argent, mais je ne veux pas en perdre non plus, nous a-t-il dit. Cette année, j'ai investi plus d'argent que je pensais, mais je ne suis pas une institution financière.»

Même son de cloche chez Canadian Tire, qui a choisi de s'impliquer à fond en sport automobile cette année. «Mettre sur pied un programme comme celui qu'a développé Player's dans les années 1990 nécessite des efforts considérables, a expliqué Allan MacDonald, vice-président, secteur automobile de Canadian Tire, que La Presse a rencontré lors de l'épreuve Nationwide de Montréal, le week-end dernier. Les conditions économiques n'étaient pas les mêmes à l'époque, si bien que c'est difficile d'agir seul dans le dossier aujourd'hui. Plusieurs entreprises doivent s'asseoir à la même table. On a besoin de voir des partenaires investir à nos côtés pour appuyer de nouveaux pilotes.»

On est donc loin de la coupe aux lèvres, mais il y a un souhait manifeste de redonner à la course automobile ses lettres de noblesse au Canada. Chez Canadian Tire, on s'est engagé à appuyer le sport automobile, mais on ignore encore quelle forme prendra cet engagement.

«Jusqu'à maintenant, la réaction est excellente. On veut donc recueillir un maximum d'informations avant de décider, probablement d'ici octobre, quel est le scénario idéal, a dit M. MacDonald. Devrions-nous s'impliquer à plusieurs niveaux dans le sport automobile, devrions-nous mettre l'emphase sur un secteur en particulier? Tout est sur la table actuellement.

«Cela dit, nous croyons que la série NASCAR Canadian Tire a un très bon potentiel de devenir une excellente série de développement, a-t-il enchaîné. Certains prétendent qu'elle ne joue pas ce rôle actuellement, mais nous estimons qu'il y a plusieurs choses qui peuvent être faites pour que les jeunes pilotes canadiens puissent justement utiliser la série comme tremplin abordable et idéal pour gravir les échelons du sport automobile.»

Monoplace ou stock-car?

Si Canadian Tire jongle avec l'idée de s'impliquer à la fois en NASCAR qu'en IndyCar - l'entreprise a commandité cet été les Honda Indy de Toronto et Edmonton -, André Azzi prêche bien sûr pour sa paroisse et privilégie l'avenue de la série monoplace américaine. «Ce n'est pas cher actuellement de rouler en Indy, c'est donc plus facile d'avoir un retour sur investissement, a soutenu M. Azzi.

Le modèle mis de l'avant par M. Azzi propose aussi d'aider les éventuels partenaires à développer entre eux leurs relations d'affaires. «On a aidé B&W (fabricant d'enceintes acoustiques qui est le commanditaire principal de l'écurie FAZZT, NDLR) à percer le marché québécois, et elle se retrouve maintenant en rupture de stock sur notre marché, a soutenu M. Azzi, propriétaire de la chaîne d'accessoires sportifs La Capsule sportive. Slow Cow, une entreprise québécoise, affiche quant à elle un rendement de 400%.»

Si le salut de la course automobile made in Canada passe par la collaboration de plusieurs partenaires, il faut toutefois trouver des pilotes qui vont pouvoir faire valoir leur talent. Andrew Ranger et J.R. Fitzpatrick sont de beaux talents qui cognent à la porte des grandes ligues du NASCAR, James Hinchcliffe et Robert Wickens font bien en monoplace, respectivement en Indy Lights et en GP3 européenne. Mais, à talent égal, André Azzi porterait son choix sur un pilote québécois. Il s'intéresse particulièrement au cas du jeune Mikael Grenier, cinquième au classement de la série Star Mazda.

«Je l'ai rencontré à Indianapolis, il m'a impressionné côté personnalité et notre directeur d'écurie, Robert Edwards, a été surpris par ses techniques d'analyse de course, a révélé M. Azzi. Est-ce qu'il a le talent? Ça vaut la peine d'analyser ses capacités. Je travaille fort sur le cas de Mikael.»

Et si un jeune pilote choisissait d'aller en NASCAR? Peut-on actuellement se permettre de faire la fine bouche, considérant l'état de la course auto chez nous? «Je préfère l'IndyCar, c'est une série davantage pour gentilshommes que le NASCAR, a-t-il indiqué. Mais si on a un pilote dont le talent est davantage relié au stock-car, on va l'aider.»

Pourquoi ne pas alors collaborer plus étroitement avec Canadian Tire?

«L'union fait la force, on a tous les mêmes objectif, alors pourquoi pas? a dit M. Azzi. J'aimerais bien collaborer avec eux, pour moi c'est tout à fait logique. C'est une compagnie de marque, ils ont une bonne réputation, ils veulent bien faire, moi aussi.»

Le message est lancé!

Photo Reuters

Entre projets, André Azzi veut ajouter une deuxième voiture à son écurie IndyCar FAZZT, qui fait actuellement rouler Alexandre Tagliani.