Le métier de mécanicien est en constante transformation. Les voitures évoluent rapidement. Ceux qui les entretiennent et les réparent doivent suivre le rythme. Par conséquent, les travailleurs qualifiés sont très en demande. Pourtant, l'offre ne suit pas. Une disette menace le secteur automobile.

Le métier de mécanicien est en constante transformation. Les voitures évoluent rapidement. Ceux qui les entretiennent et les réparent doivent suivre le rythme. Par conséquent, les travailleurs qualifiés sont très en demande. Pourtant, l'offre ne suit pas. Une disette menace le secteur automobile.

Une importante pénurie de travailleurs pourrait secouer le secteur de la réparation et de l'entretien, selon une étude canadienne publiée par le Service d'entretien et de réparation automobiles du Canada, en octobre 2005. Il pourrait manquer de 43 700 à 77 150 travailleurs qualifiés dans les 10 prochaines années au Canada, selon l'étude Le Chemin à parcourir.

À Montréal, le rapport Enquête sur les besoins de main d'oeuvre dans l'industrie des services automobiles pour la région de Montréal 2004-2005 réalisé par le Comité sectoriel de main-d'oeuvre des services automobiles, indique que 64,4 % des entreprises éprouvent des difficultés à embaucher. Le manque de candidats ayant l'expérience recherchée (84 %), le manque de candidats détenant un certificat de qualification (83,1 %) et le manque de candidats ayant les compétences spécifiques recherchées (82,7 %) sont aux nombres des raisons des raisons évoquées par les employeurs.

Pourtant, la mécanique est toujours populaire. C'est le métier de mécanicien qui l'est moins. «Les jeunes sont attirés par les nouveaux modèles de voitures. Les étudiants rentrent à pleine porte dans notre école», avance Serge Gauthier, directeur adjoint de l'école des métiers de l'équipement motorisé de Montréal. Quel est le problème alors? «S eulement 20 % des étudiants travailleront effectivement comme mécanicien. Les autres étudient pour parfaire leurs connaissances personnelles, pour pouvoir travailler sur leur voiture.» Sans compter ceux qui quittent en cours de route ou qui changent d'orientation professionnelle.

Au problème de la relève s'ajoute aussi celui du départ des travailleurs d'expérience. «Les conditions dans un atelier sont difficiles. Quand on est âgé, il devient difficile de se pencher sur une colonne de direction, explique Carolle Larose, directrice générale du Comité sectoriel de main-d'oeuvre des services automobiles. Il y a donc beaucoup de départs à la retraite et les travailleurs partent plus tôt...» Mais l'âge n'est pas la seule raison qui explique l'exode des mécaniciens. Ils sont nombreux à être insatisfaits de leurs conditions de travail. Selon le rapport Le Chemin à parcourir, le tiers des mécaniciens a l'intention de changer d'emploi dans les cinq prochaines années.

Cette tendance a un double effet: elle pose un problème à l'embauche et entrave la formation de la relève. Selon les normes fixées par l'industrie dans la région de Montréal, il doit y avoir un ratio d'un compagnon (travailleur d'expérience) pour chaque apprenti dans les ateliers. Afin de garantir la qualité des services, on ne peut pas remplacer un mécanicien d'expérience par un finissant d'une école de mécanique. Par ailleurs, même si les nouveaux mécaniciens sont formés adéquatement, c'est au contact des employés expérimentés qu'ils deviennent des mécaniciens accomplis.

La perspective d'une pénurie dans l'industrie automobile est donc bien réelle. Et la pénurie ne touchera pas uniquement le métier de mécanicien. On prévoit également une pénurie pour les métiers de débosseleur, de peintre, de mécanicien automobile spécialisé en transmission, de préposé au service et d'homme de maintenance.

«L'industrie automobile est confrontée au même problème démographique que tous les secteurs d'emploi, croit Carolle Larose. On se divise les jeunes qui se sont de moins en moins nombreux.» La perception que le public se fait du métier est également un facteur important. «Peu voient un avenir positif dans un diplôme d'étude professionnelle.»