Lionel Messi en MLS ? Ça fait cinq ans qu’on en parle. Sauf que cette fois, c’est plus qu’un vœu. C’est plus que du bla-bla-bla. C’est vrai.

« J’ai pris la décision d’aller à Miami », a confié Messi à deux médias espagnols. « Ce n’est pas encore une affaire réglée à 100 %. Il manque quelques éléments. Mais nous avons décidé de poursuivre sur cette voie. »

Je peux vous faire une confidence ? Approchez-vous. Allez, plus que ça. J’insiste : ça doit rester entre nous. Pas d’yeux indiscrets autour de vous ? D’accord. Alors, Lionel Messi en MLS, je n’y ai jamais cru. J’ai toujours pensé que c’était du bluff. De l’esbroufe. Des ragots de corridor pour se rendre intéressant. Même que ces derniers mois, ça me paraissait plus improbable que jamais.

Pourquoi ?

À cause des Saoudiens. Avez-vous vu les milliards de rials qu’ils offrent aux vedettes pour qu’elles déménagent dans la péninsule arabique ? C’est fou, fou, fou.

Karim Benzema, Ballon d’or en 2022, vient de quitter le Real Madrid pour le club d’Al-Ittihad. Il touchera l’équivalent d’une centaine de millions de dollars canadiens par saison. N’Golo Kanté a annoncé mercredi qu’il allait le rejoindre. Cristiano Ronaldo, lui, est déjà en Arabie saoudite. Le Portugais est l’athlète le mieux payé au monde, avec des revenus annuels estimés par Forbes à 175 millions CAN.

Si Ronaldo touche autant d’argent, combien vaut Lionel Messi ?

500 millions ?

750 millions ?

Un milliard ?

Ce sont des sommes qui ont circulé, ces derniers jours, après une rencontre entre le clan Messi et des investisseurs saoudiens. Après avoir lu cette dépêche, j’étais convaincu que La Pulga irait rejoindre Ronaldo et Benzema en Arabie saoudite. Et surtout, que la MLS n’avait pas les moyens pour rivaliser avec ces offres. Mea culpa. Messi a préféré l’exotisme de Miami à Riyad.

Tant mieux pour nous.

L’arrivée de Messi à Miami, c’est la plus belle nouvelle de l’histoire de la MLS. Une embauche qui replacera les projecteurs sur la ligue.

La MLS en a bien besoin. Oui, ses stades sont occupés. Oui, le niveau de jeu augmente. Oui, l’ambiance aux matchs est enivrante. Sauf que la ligue a aussi perdu de son attrait. Sans rien enlever à Hany Mukhtar, Jordan Morris et Christian Benteke, ils n’apportent pas le prestige de David Beckham, Didier Drogba ou Zlatan Ibrahimović.

Lionel Messi, lui, oui.

Malgré ses 35 ans, il reste un joueur d’élite. L’avez-vous lors de la dernière Coupe du monde, au Qatar ? Il était dominant. Un but en quart de finale. Un en demi-finale. Deux en finale – plus un autre dans la séance de tirs de barrage.

C’est vrai, il court moins vite qu’avant. Ses dribles sont plus rares, aussi. Mais il est toujours capable de piéger des défenseurs 10 ans plus jeunes que lui. Il reste magique. Gracieux. Stupéfiant.

Dans un stade, Lionel Messi est le pôle d’attraction. Celui que les spectateurs cherchent. Que ses adversaires cherchent. Que ses coéquipiers cherchent. Même le ballon le cherche. Et lorsqu’il trouve son pied, il s’accroche à lui, comme si les deux étaient aimantés.

PHOTO HANNAH MCKAY, ARCHIVES REUTERS

Lionel Messi a remporté la Coupe du monde avec l’Argentine, l’hiver dernier.

Lionel Messi a suffisamment d’ascendant sur son sport pour modifier la perception de ligue mineure qui colle à la MLS. Pensez-y : chacun de ses déplacements, avec l’Inter Miami, deviendra un évènement sportif majeur dans la ville hôtesse. Combien d’amateurs occasionnels, à Montréal, Seattle et Los Angeles, achèteront un abonnement annuel simplement pour s’assurer d’avoir un billet lors du passage de Messi dans leur ville ?

À trois ans de la prochaine Coupe du monde, qui sera présentée au Canada, aux États-Unis et au Mexique, c’est un cadeau inespéré. Tout le soccer nord-américain en profitera. Les commanditaires, aussi.

D’ailleurs, Adidas et Apple ont grandement contribué à la cagnotte qui sera versée à Lionel Messi pour qu’il s’installe en Floride. Selon The Athletic, Apple offre à l’Argentin un dividende sur tous les nouveaux abonnements à son forfait MLS Season Pass. Adidas, de son côté, offrirait un partage des profits supplémentaires générés par son arrivée dans la MLS. Leurs contributions ont permis à la MLS d’attirer Lionel Messi à Miami.

Après, si vous êtes partisan du FC Barcelone et que vous souhaitiez son retour à la maison, je comprends votre déception. Il y a quelque chose de triste de voir toutes ces légendes quitter les grands championnats européens pour des ligues secondaires. Ça ne suffira sûrement pas à vous consoler, mais dites-vous qu’au moins, Messi a refusé de s’établir dans un État qui a assassiné un journaliste dans un de ses consulats, avant de démembrer son cadavre et de le faire disparaître…