Lorsque Bryce Duke et Ariel Lassiter ont déposé leurs valises ici, à la mi-avril, le CF Montréal était profondément enlisé dans le fond du classement. Le club venait d’encaisser cinq blanchissages en six parties – le pire début de saison de l’histoire de la ligue.

Depuis ?

Tout a changé.

Les acquisitions de Duke et Lassiter ont eu l’effet d’une décharge de défibrillateur sur le cœur de l’équipe. L’attaque revit. Les victoires s’enchaînent. Les Montréalais sont de retour dans la course aux séries. « C’est un excellent feeling », confie Duke, le sourire fendu jusqu’aux oreilles.

Bryce Duke, c’est la nouvelle pépite du CF Montréal. Un jeune milieu de terrain à caractère offensif, capable de produire maintenant, et suffisamment talentueux pour que l’équipe puisse espérer le revendre un jour avec un fort profit. Ça faisait d’ailleurs quelques mois que le CF Montréal tentait de l’acquérir. Rien de plus stimulant, pour un joueur, que de se sentir désiré par ses nouveaux patrons. Ici, l’Américain n’est pas seulement un pion. Il est l’une des pièces maîtresses de la formation.

Aujourd’hui, toutes mes énergies sont concentrées sur le CF Montréal. Je veux qu’on participe aux séries. Je souhaite qu’on soit une menace dans cette ligue. Après, mon but ultime, c’est d’aller jouer en Europe.

Bryce Duke

Le sport a toujours occupé une grande place dans sa vie et sa famille. Sa mère, une gymnaste d’élite, a failli participer aux Jeux olympiques. « Malheureusement, elle s’est blessée au genou. »

Bryce Duke n’avait que 3 ans lorsque ses parents l’ont initié au soccer, en Arizona. La première expérience fut peu concluante. « Je voulais toujours le ballon. Si je ne l’avais pas, j’essayais de le voler à mes coéquipiers. Ça ne fonctionnait pas. Mes parents m’ont retiré du soccer pour me rediriger vers des sports plus individuels. »

Après quelques années de BMX, il a retenté sa chance au soccer. À l’adolescence, il a intégré l’académie du Real Salt Lake, puis celle du FC Barcelone, en Arizona. « Les entraîneurs me faisaient confiance. Un déclic s’est produit. Des équipes ont commencé à s’intéresser à moi. »

À 18 ans, il a reçu trois offres. La première, de l’Université Wake Forest, en Caroline du Nord. C’est l’ancien défenseur du CF Montréal Alistair Johnston qui lui a fait visiter le campus. La deuxième provenait du FC Barcelone, qui lui proposait un essai au sein de son équipe B, la même qui a accueilli le Montréalais Ballou Tabla, il y a quelques années. La dernière offre a été déposée par le Los Angeles Football Club, une des meilleures équipes de la MLS.

Je trippais sur Barcelone. C’était mon équipe préférée. J’étais un gros fan de Pep Guardiola et Andrés Iniesta. Sauf que le club ne m’offrait qu’un essai. J’ai préféré accepter la proposition la plus certaine. À LAFC, je savais que j’allais passer chez les pros rapidement.

Bryce Duke

Il est resté en Californie deux ans. Deux saisons marquées par la pandémie, ainsi que des responsabilités limitées. « C’était difficile, raconte-t-il. J’étais jeune. L’équipe était paquetée. Je jouais peu. Par contre, j’ai beaucoup appris là-bas, notamment comment contrôler mes émotions. » Confronté au manque d’occasions, il est parti pour l’Inter Miami. « J’avais besoin de bouger, de profiter d’un nouveau départ, d’une nouvelle ambiance. Surtout, je voulais avoir des minutes de jeu. »

Sa bonne saison dans le sud de la Floride, l’été dernier, a attiré l’attention du directeur sportif du CF Montréal, Olivier Renard. Le 12 avril, Duke passait au CF avec Ariel Lassiter, en retour de l’international canadien Kamal Miller. Une transaction qui satisfait pleinement le jeune Américain. Il se plaît ici. « La plus grande différence [avec le sud des États-Unis], c’est la météo. Heureusement, j’ai raté l’hiver », dit-il en riant.

PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE

Bryce Duke contre le Forge FC au stade Saputo

Dès son arrivée à Montréal, Bryce Duke s’est bien intégré au reste du club. « Je me tiens surtout avec Ariel, Joel Waterman et James Pantemis. Victor Wanyama, aussi. Victor m’a tellement surpris. Sur le terrain, c’est un dur. Je pensais qu’il allait être un homme sérieux. Super à son affaire. Méchant (mean). Il est tout le contraire. C’est un blagueur. Un joueur de tours. Il est vraiment gentil.

— Et si je demandais à tes adversaires de te décrire, que me diraient-ils ?

— Ils te diraient probablement que je suis un emmerdeur. Une petite peste. Un joueur m’a déjà qualifié de petit moustique, parce que j’étais toujours dans ses jambes en défense. Je l’ai pris comme un compliment [rires]. »

Duke est un milieu de terrain doué, créatif, réputé pour sa bonne lecture du jeu. Après, comme bien des jeunes joueurs, il n’a pas terminé son apprentissage. Ses deux parties les plus récentes furent plus difficiles. Il n’a aussi réussi que deux buts en MLS. Un avec Miami, un avec Montréal.

Son souhait ? Contribuer davantage aux succès offensifs du club. « Un de mes objectifs, cette saison, c’est de compter plus de buts, et d’être un meilleur passeur pour mes coéquipiers. Je veux jouer un rôle déterminant au sein de la formation. »

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Bryce Duke

Et ses objectifs à long terme ?

Bryce Duke affiche ouvertement ses ambitions. Il aimerait être sélectionné par les États-Unis pour participer aux Jeux olympiques de Paris, l’été prochain. Il voudrait participer à la Coupe du monde de 2026, qui sera présentée en Amérique du Nord. « Mon nom ne fait pas encore partie de la conversation, mais c’est clairement un de mes objectifs de carrière. Je pense que c’est possible. » Enfin, il caresse le rêve de tenter sa chance dans un championnat européen, comme viennent de le faire trois joueurs de l’édition 2022 du CF Montréal : Alistair Johnston, Ismaël Koné et Djordje Mihailovic.

Quand ?

« Rapidement. Les ligues ont tendance à embaucher de jeunes joueurs, et je ne rajeunis pas. J’aimerais y aller avant d’avoir 24 ans.

— Et tu as quel âge, déjà ?

— 22. Donc, l’année prochaine ou la suivante. Après, ça va dépendre de moi. De mon niveau de jeu. Le CF Montréal m’offre un rôle clé au sein de la formation. Pour moi, être ici aujourd’hui, c’est l’endroit parfait, au bon moment. »

Prochain match : le CF Montréal affronte les Whitecaps de Vancouver en finale de la Coupe du Canada, ce mercredi à 22 h.