Mai, en Europe, est un mois formidable. Il fait beau. Il fait chaud. C’est aussi, au soccer, la saison des finales. Des couronnements. Des promotions. Ici, Sheffield Wednesday remonte un déficit de quatre buts dans un match éliminatoire. Là, le FC Barcelone renaît de ses cendres et remporte la Liga.

Malheureusement, depuis quelques semaines, les exploits sportifs sont assombris par une flambée de violence et de hooliganisme qui fait tache d’huile sur le continent. Au nombre d’incidents recensés, ce ne sont plus des actes isolés. C’est un phénomène dont il faut prendre acte.

Des exemples ?

· En Grèce, la violence dans les tribunes est si préoccupante que la fédération a eu du mal à trouver un site pour la finale de la coupe nationale. Elle a même proposé à un autre pays, Chypre, d’accueillir la partie. En vain. Les Chypriotes craignaient des émeutes. La finale a finalement été présentée à huis clos, mercredi, sur un terrain neutre à Volos.

· En France, des ultras insatisfaits des performances du PSG sont allés manifester devant la maison de Neymar, une des vedettes du club. « Neymar casse-toi », scandaient-ils devant la porte de sa résidence.

· En Angleterre, un partisan de Leeds United a été accusé de voie de fait après être descendu jusqu’au terrain pour s’en prendre à l’entraîneur-chef de Newcastle.

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Arrestation d’un partisan de Leeds United qui s’en est pris à l’entraîneur de Newcastle, sur le terrain.

· Aux Pays-Bas, des partisans du club AZ Alkmaar se sont rués vers la section réservée aux familles des joueurs de l’équipe anglaise de West Ham pour les attaquer.

· Toujours aux Pays-Bas, des supporters du club de Groningue ont mis le feu à la pelouse du stade pendant la partie, forçant son report.

· En Espagne, des ultras de l’Espanyol de Barcelone n’ont pas aimé voir les joueurs du FC Barcelone célébrer le titre sur leur terrain. Ils ont donc envahi la pelouse et pourchassé les champions, qui ont dû se réfugier dans leur vestiaire en toute vitesse.

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Les joueurs du FC Barcelone, pourchassés par des partisans de l’Espanyol, courent vers leur vestiaire.

· Encore en Espagne, le joueur brésilien Vinícius Júnior a été la cible d’attaques racistes des partisans du club de Valence. « Ce n’était pas la première fois, ni la deuxième, ni la troisième. Le racisme est normal en Liga », a affirmé l’attaquant après la rencontre. La police a arrêté trois spectateurs, et le premier ministre est intervenu pour exiger la « tolérance zéro » face au racisme.

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Vinícius Junior en discussion avec les dirigeants du club de Valence après avoir été victime d’attaques racistes de la part de partisans de cette équipe

Et tout ça, c’est juste en mai. Plus tôt cette année, un gardien anglais a été attaqué par un spectateur, un joueur néerlandais a été atteint à la tête par un briquet, un arbitre des Pays-Bas a reçu un verre de bière en plein visage et des partisans d’un club allemand ont provoqué une émeute à Naples, dans le sud de l’Italie.

Le plus inquiétant, c’est qu’on n’en voit pas la fin.

La police fait son possible, notamment en amont. Tenez, pour la Coupe d’Angleterre, qui opposera deux clubs de Manchester à Londres, elle a assigné une station de métro pour les partisans de Manchester City, et une autre pour ceux de Manchester United. Tout est fait pour que les deux groupes ne se croisent jamais. Ni dans les autobus. Ni dans les trains. Ni dans les transports en commun.

La police agit aussi après coup. Elle arrête les fauteurs de trouble qu’elle parvient à identifier. Juste pendant les six premiers mois de la saison actuelle, les policiers anglais et gallois ont procédé à 999 arrestations en lien avec des matchs de soccer, a rapporté le Guardian. Près de 350 spectateurs se sont ajoutés à la longue liste des gens bannis des stades. Et ça, c’est dans un seul pays.

Après, comment empêcher la barbarie pendant la partie ? C’est beaucoup plus compliqué. Surtout lorsqu’on a affaire à une meute à cran. Comment prévoir qu’un groupe de malotrus gaspillera un beau mercredi soir de printemps pour aller insulter un joueur devant sa maison ? Comment museler les racistes qui invectivent les joueurs étrangers ?

Les matchs à huis clos font partie de la solution. Après, il y a des limites au nombre de fois qu’on peut punir la très grande majorité de partisans dévoués pour des gestes commis par quelques dizaines de pignoufs.

Heureusement, en Amérique du Nord, nous n’en sommes pas là. C’est vrai, il y a parfois des incidents violents dans les stades. On l’a vu à Toronto, plus tôt en mai, lorsque des partisans locaux ont attaqué des fans montréalais dans les gradins. Le CF Montréal a réagi promptement, en fermant la zone réservée aux partisans torontois pour le match suivant.

C’était la bonne décision à prendre.

Si on veut éliminer la mauvaise herbe, c’est préférable de l’arracher au printemps, à la racine, plutôt que tard dans la saison, lorsque le jardin est déjà infesté.