Ressentez-vous la frénésie de la course aux séries dans la Ligue nationale de hockey ? Non ? Je vous rassure. C’est normal. C’est comme ça dans 11 marchés où, deux mois avant la fin de la saison, l’équipe locale n’a pratiquement aucune chance de participer aux éliminatoires.

C’est triste.

Entre le haut et le bas du classement, le fossé est large. Très large. Trop large, même, pour que plusieurs clubs puissent le franchir. Le plan de relance des Red Wings de Detroit s’éternise. Celui des Sénateurs d’Ottawa, aussi. Les Ducks d’Anaheim et les Blackhawks de Chicago viennent d’entamer de longues reconstructions. Celle des Coyotes de l’Arizona entre dans sa deuxième décennie.

Mais oui, c’est possible de franchir le fossé. Les Devils du New Jersey le font, après une décennie misérable, au cours de laquelle ils n’ont jamais terminé dans le carré d’as de leur division.

Quelle sera la prochaine équipe à sortir de la cave ?

Voici mon palmarès des pires équipes de la LNH, de celle qui retournera le plus tôt en séries à celle qui patientera le plus longtemps. Vous pourrez retrancher quelques années au club qui repêchera Connor Bedard.

Sabres de Buffalo

PHOTO ADRIAN KRAUS, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Alex Tuch, des Sabres de Buffalo

Fiche perdante depuis 2011
Horizon : maintenant

L’avenir : Les Sabres luttent pour une première place en séries depuis 11 ans. Leur première reconstruction, centrée autour de Jack Eichel, Sam Reinhart et Rasmus Ristolainen, fut un échec. La seconde phase est plus prometteuse. Deux piges chanceuses, à la loterie du repêchage, leur ont permis d’acquérir deux défenseurs d’élite, Rasmus Dahlin et Owen Power. Les Sabres ont de beaux espoirs à l’attaque et devant le filet, ainsi que de l’espace sous le plafond salarial pour ajouter des renforts. Ils vont (enfin) s’en sortir !

Sénateurs d’Ottawa

PHOTO NICK TURCHIARO, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Drake Batherson, des Sénateurs, célèbre un but.

Fiche perdante depuis 2017
Horizon : 2 ou 3 ans

L’avenir : « La reconstruction est terminée », a statué le directeur général Pierre Dorion en avril dernier. Depuis, Claude Giroux et Alex DeBrincat sont arrivés. Brady Tkachuk et Tim Stützle ont progressé. Et pourtant, les Sénateurs font du surplace. Ils sont avant-derniers dans la LNH pour la production offensive à cinq contre cinq. Le retour en santé du centre Josh Norris, la saison prochaine, les aidera. Autre point positif : toutes les vedettes sont sous contrat à long terme. En séries dans deux ans ? J’y crois. Mais il leur manquera du talent et de la profondeur pour rejoindre le groupe de tête.

Blue Jackets de Columbus

PHOTO JASON FRANSON, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Kent Johnson, des Blue Jackets de Columbus

Fiche perdante depuis 2019
Horizon : de 2 à 4 ans

L’avenir : Les Blue Jackets sont présentement derniers du classement général. Une situation attribuable notamment à leur inexpérience. C’est la formation dont les joueurs ont disputé le moins de parties, en carrière, dans la LNH. Le talent brut, par contre, est là – et en grande quantité. Les embauches de Johnny Gaudreau et Erik Gudbranson, l’été dernier, ainsi que l’acquisition de Patrik Laine, la saison précédente, ne sont pas des indicateurs d’une reconstruction à venir. Les Jackets foisonnent d’espoirs, et ils ont suffisamment de marge de manœuvre sous le plafond salarial pour s’améliorer. La léthargie devrait être de courte durée.

Red Wings de Detroit

PHOTO PAUL SANCYA, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les Red Wings de Detroit

Fiche perdante depuis 2016
Horizon : de 2 à 4 ans

L’avenir : Les Red Wings ont voulu accélérer leur reconstruction, l’été dernier, en embauchant une demi-douzaine de vétérans. Résultat : l’aiguille n’a pas bougé. Faut-il s’inquiéter ? Même avec deux des meilleurs jeunes talents offensifs de la ligue (Lucas Raymond et Moritz Seider), compter des buts reste un défi. Ce sera encore plus difficile si leurs deux meilleurs marqueurs des cinq dernières années, Dylan Larkin et Tyler Bertuzzi, se prévalent de leur autonomie complète pour quitter Detroit l’été prochain.

Canadien de Montréal

PHOTO ADAM HUNGER, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Cole Caufield, après un but face aux Rangers de New York

Fiche perdante depuis 2021
Horizon : de 3 à 5 ans

L’avenir : À quoi ressemblera le top 6 en attaque dans trois ans ? Jeff Gorton et Kent Hughes devront trouver des solutions pour que le club puisse rivaliser avec les meilleures formations de l’Association de l’Est. Le Canadien pourrait devoir sacrifier de jeunes défenseurs pour se renforcer à d’autres positions. À moins, bien sûr, que Pierre-Luc Dubois ne s’amène en 2024 comme joueur autonome sans compensation…

Flyers de Philadelphie

PHOTO MATT SLOCUM, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Carter Hart, des Flyers de Philadelphie

Fiche perdante depuis 2020
Horizon : de 1 à 7 ans (vous avez bien lu)

L’avenir : L’équipe la plus difficile à prédire. Dans une lettre ouverte, publiée lundi, l’entraîneur-chef John Tortorella qualifie la saison actuelle de « première étape pour construire l’avenir des Flyers ». Qu’est-ce que ça signifie, exactement ? Les Flyers sont à la croisée des chemins. Ou bien ils continuent de progresser avec le noyau actuel, constitué de joueurs dans la mi-vingtaine. Ou bien ils le démantèlent et repartent à neuf. Ils ont suffisamment d’atouts à échanger pour regarnir leur banque d’espoirs, mais ça retarderait aussi leur retour en séries.

Ducks d’Anaheim

PHOTO GARY A. VASQUEZ, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Trevor Zegras, des Ducks d’Anaheim

Fiche perdante depuis 2018
Horizon : de 5 à 7 ans

L’avenir : C’est l’équipe avec le pire différentiel de la Ligue nationale (-81). Attendez. Quatre défenseurs réguliers obtiendront leur autonomie complète en juillet. Ce sera quoi, la saison prochaine ? Les Ducks ont une très belle banque d’espoirs à la ligne bleue, mais ceux-ci ont presque tous moins de 20 ans. La transition s’annonce difficile. Même avec de bons coups au repêchage (Trevor Zegras, Mason McTavish, Jamie Drysdale), les Ducks s’enlignent pour prolonger leur léthargie.

Coyotes de l’Arizona

PHOTO ROSS D. FRANKLIN, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Nick Schmaltz et Clayton Keller, des Coyotes de l’Arizona

Fiche perdante depuis 2012
Horizon : de 5 à 7 ans

L’avenir : La reconstruction précédente a échoué. Comment s’en remettre ? « Nous nous sommes fixé comme objectif d’essayer de retourner en séries dans cinq ou six ans », a indiqué le directeur général Bill Armstrong, en décembre dernier. Et pour prétendre à la Coupe Stanley ? « Gagner la Coupe, ça peut prendre entre 11 et 14 ans. Quelques équipes l’ont fait en 5 à 7 ans, mais St. Louis, Tampa et Colorado, ça a duré entre 11 et 14 ans. » Les Coyotes auront perdu deux décennies, dans un marché déjà difficile à conquérir. Brutal.

Sharks de San Jose

PHOTO STEVEN SENNE, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Les Sharks de San Jose

Fiche perdante depuis 2019
Horizon : de 7 à 10 ans

L’avenir : Tous les joueurs dans la formation des Sharks, cette semaine, ont 24 ans ou plus. Malgré tout, l’équipe perd à répétition – depuis quatre saisons déjà. Alors, c’est pour quand, la reconstruction ? La direction résiste. Elle risque de payer cher son entêtement. Les Sharks, qui n’ont pas repêché parmi les cinq premiers depuis 1998, manquent de talent d’élite ET de profondeur à toutes les positions. Qui sera le gardien d’avenir ? Mystère. Ils sont aussi coincés avec de lourds contrats impossibles à échanger. Un cauchemar de gestion.

Blackhawks de Chicago

PHOTO JEFF CURRY, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Les Blackhawks de Chicago

Fiche perdante depuis 2017
Horizon : de 7 à 10 ans

L’avenir : Leurs trois meilleurs marqueurs seront joueurs autonomes sans compensation en juillet. Aucun attaquant dans la formation actuelle n’a de contrat au-delà de la saison prochaine. Qui jouera en 2024-2025 ? Sûrement quelques espoirs. Ça prendra des vétérans pour les entourer. Or, l’histoire démontre que les clubs en début de reconstruction peinent à attirer des joueurs autonomes. Une décennie dans la cave ? C’est plus que probable.