Plonger dans le jeu des prédictions est hasardeux. Il est bien possible qu’aucune d’entre elles ne se concrétise en 2023 (surtout celle à propos des gagnants de la Coupe Stanley !). L’exercice, je le rappelle, ne sert qu’à alimenter la discussion. Là-dessus, bonne année à toutes et à tous !

1. Thomas Bach fera le jeu de Vladimir Poutine

Pour augmenter le rayonnement de la Russie, le Kremlin mise gros sur le sport. L’organisation des Jeux olympiques d’hiver de 2014 et celle de la Coupe du monde de soccer de 2018 en sont des illustrations.

Voilà pourquoi le bannissement d’équipes et d’athlètes russes de nombreuses compétitions internationales depuis l’invasion de l’Ukraine heurte Vladimir Poutine. Le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a même retiré au président russe une décoration, l’Ordre du mérite olympique.

Mais cette fermeté ne se poursuivra pas cette année. Déjà, Bach évoque en termes à peine voilés la participation des athlètes russes aux Jeux de Paris en 2024. « Nous devons explorer des moyens de surmonter ce dilemme au sujet de la participation des athlètes, pour revenir aux mérites sportifs et non aux interférences politiques », a-t-il déclaré le mois dernier, selon l’Agence France-Presse.

Des « interférences politiques » ! On croit rêver en lisant ces mots. Même Poutine doit être abasourdi que sa guerre immonde en Ukraine soit qualifiée aussi joliment par le président du CIO.

Il y a trois jours, Bach s’est prononcé en faveur du maintien des sanctions sportives contre la Russie et la Biélorussie, comme la tenue de compétitions internationales dans ces deux pays. Mais il n’a pas évoqué de manière précise la participation de leurs athlètes aux Jeux de Paris. Je pense qu’il sera en faveur s’ils sont désignés comme athlètes « neutres ».

Bach voudra sans doute nous faire croire que l’interdiction de l’hymne national russe et du drapeau du pays durant les Jeux constitue une véritable sanction, une immense blague dans le contexte actuel.

Au CIO, le cran et les principes face à la Russie n’auront tenu qu’un temps. Et le jour où Bach autorisera la présence des athlètes russes à Paris, Poutine remportera une victoire importante.

2. Le sport professionnel ne pensera pas beaucoup à l’environnement

Le 15 novembre dernier, le Canadien a reçu les Devils du New Jersey au Centre Bell. L’équipe a ensuite disputé un match à Columbus, est revenue à Montréal pour deux rencontres, est retournée à Columbus, de là à Chicago, est revenue à Montréal pour un seul affrontement avant de se diriger dans l’ouest du pays.

Tout cela fait beaucoup de déplacements dans l’avion nolisé de l’équipe. La LNH pourrait-elle mieux planifier les voyages de ses équipes pour des raisons environnementales ?

Il faudra malheureusement du temps avant que cet enjeu ne devienne prioritaire dans la LNH. La réalité est encore pire en Formule 1. Le grand cirque se déplace allègrement d’un continent à l’autre durant le calendrier.

En 2022, par exemple, sept courses ont été successivement tenues en Italie, aux États-Unis, en Espagne, à Monaco, en Azerbaïdjan, au Canada et en Grande-Bretagne. Wo les moteurs, tout cela est très mal pensé !

Heureusement, la Formule 1 a adopté un plan d’action pour mieux planifier les déplacements en avion. L’idée, selon The Guardian, est de « rationaliser » le calendrier. Compte tenu des contrats avec les différents promoteurs, tout cela prendra du temps avant de devenir réalité.

3. Le Super Bowl aux Eagles

PHOTO DANIEL BARTEL, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Le quart-arrière Jalen Hurts

Oui, les Eagles de Philadelphie… si le quart-arrière Jalen Hurts reste en santé. Victoire contre les Chiefs de Kansas City au Super Bowl.

4. Le Tournoi des Maîtres à Rory McIlroy

Tiger Woods demeure le joueur le plus influent de la PGA, mais Rory McIlroy en est devenu le véritable porte-parole en 2022. Son leadership est exceptionnel dans les affaires du circuit.

En avril prochain, McIlroy remportera pour la première fois de sa carrière le Tournoi des Maîtres, le seul majeur manquant à son tableau de chasse. (Et parlant de chasse, je ne crois pas que Carey Price se lance de nouveau en 2023 dans une opération publique visant à défendre les droits des chasseurs tels qu’il les conçoit.)

5. Tennis : trois prédictions pour le prix d’une !

A. Félix Auger-Aliassime s’imposera dans un tournoi du Masters 1000 pour la première fois de sa carrière. Dans les majeurs, ce sera plus difficile. Rafael Nadal et Novak Djokovic concentreront toutes leurs énergies à gonfler leur fiche et la compétition sera encore plus féroce.

B. On assistera au retour en force de Bianca Andreescu. Après des saisons difficiles, elle retrouvera son panache de 2019 lorsqu’elle a remporté les Internationaux des États-Unis.

PHOTO GEOFF BURKE, ARCHIVES USA TODAY SPORTS

Leylah Annie Fernandez, tout juste après sa victoire contre Naomi Osaka aux Internationaux des États-Unis, en septembre 2021

C. Leylah Annie Fernandez retrouvera peu à peu son élan de 2021. Mais compte tenu de ses récents ennuis – une blessure au pied l’a fait glisser du 13e au 40e rang du classement mondial –, cela prendra du temps. Elle sera à surveiller en deuxième moitié de saison.

6. La Coupe Stanley aux Maple Leafs de Toronto

Vous n’y croyez pas ? Je vous comprends un peu. Mais ils ont tellement de talent en attaque et, surtout, sont l’fun à voir jouer. Bien sûr, ils devront potentiellement vaincre le Lightning de Tampa Bay et les Bruins de Boston pour poursuivre leur course. Difficile, mais certainement pas impossible.

7. De l’action chez le CH

Jeff Gorton et Kent Hughes seront actifs à l’approche de la date limite des transactions dans la LNH le 3 mars prochain. Plusieurs joueurs seront sur le marché : Sean Monahan (oui, oui), Jonathan Drouin (un risque intéressant pour une équipe avec des ambitions), Evgenii Dadonov (mais qui en voudra ?), Joel Edmundson (il pourrait y avoir surenchère)…

Le duo à la tête des opérations hockey du CH continuera de préparer l’avenir, une décision qu’il faut applaudir. Une équipe championne se bâtit dans la patience.

8. MLS : saison de transition

Oui, une saison de transition en Major League Soccer. Pas sur le plan sportif, mais plutôt du côté du contrat de télévision. Il y aura encore des matchs à la télé traditionnelle (un minimum de 14 du CF Montréal à RDS), mais un abonnement à Apple TV sera nécessaire afin de ne rien manquer, le « MLS Season Pass », dont le coût n’est pas encore dévoilé.

Combien de fans du CF Montréal et des autres équipes acquitteront cette facture ? La réponse à cette question n’est pas claire, mais à court terme, la ligue souffrira sur le plan du rayonnement. La nouvelle entente télé est audacieuse et témoigne d’une intéressante vision de l’avenir. Mais elle survient peut-être deux ou trois ans trop tôt.

9. Shane Wright ou Juraj Slafkovsky ?

Qui deviendra le meilleur entre les deux jeunes attaquants ? Le débat ne sera certainement pas réglé à la fin de 2023. Le CH, je le rappelle, a choisi Slafkovsky au premier rang du dernier repêchage, laissant le Kraken de Seattle s’emparer de Wright au quatrième rang. Et vous savez quoi ? Logan Cooley, sélectionné au troisième rang par les Coyotes de l’Arizona, pourrait devenir le meilleur joueur de cette cohorte.

PHOTO RON WARD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

L’Américain Logan Cooley posté devant le filet de la Slovaquie lors du Championnat mondial junior

Et parlant des Coyotes, ils remporteront une grosse victoire le 16 mai lorsque les contribuables de Tempe voteront en faveur de leur projet de nouvel amphithéâtre. Et si, par surprise, l’idée était rejetée, les Coyotes atterriraient à Houston, et non pas dans la ville où nous le souhaiterions tous… ou presque !

10. Les équipes dépenseront encore plus

Au moment où on pense que les équipes professionnelles ne peuvent consentir de meilleurs contrats à leurs joueurs vedettes, le baseball majeur nous prouve le contraire.

Voici trois ententes signées au cours des dernières semaines : Aaron Judge, Yankees de New York (360 millions, 9 saisons) ; Carlos Correa, Mets de New York (315 millions, 12 ans) ; Xander Bogaerts, Padres de San Diego (280 millions, 11 ans).

Ah oui, tous ces joueurs seront autour de la quarantaine lorsque leur entente prendra fin. Auront-ils été performants au cours des deux ou trois saisons précédentes ? Sûrement pas ! J’ajoute que le contrat de Correa n’est toujours pas officiel, car des doutes persistent à propos d’une blessure à sa jambe droite.

Mais ces craintes bien légitimes à propos du rendement des joueurs plus âgés n’empêcheront pas les équipes professionnelles de dépenser encore allègrement en 2023.