(Doha, Qatar) Veni, vidi, non vici.

Les Canadiens sont venus au Qatar pour la Coupe du monde. Ils ont vu l’écart qui les sépare des équipes d’élite. Ils n’ont vaincu personne.

Trois parties. Trois défaites. Aucun point. Un différentiel de -5.

Une seule équipe a fait pire : celle du Qatar, qualifiée automatiquement en tant que pays hôte. Pas tout à fait la nation à laquelle le Canada souhaitait être comparé en quittant la péninsule.

Plusieurs joueurs ont tenté de tempérer cette contre-performance. Steven Vitoria : « Nous avons refermé l’écart avec ces équipes. Il y a beaucoup de choses dont nous pouvons être fiers. » Alistair Johnston : « Nous avons prouvé que nous appartenons à ce groupe. Je sais que les résultats ne le démontrent pas, mais nos performances, oui. »

L’entraîneur-chef John Herdman a dit sensiblement la même chose : « Nous avons démontré que nous pouvons compétitionner au niveau mondial. Tous les matchs, nous avons eu de grands moments. Tous les matchs, nous avons démontré que nous pouvons pousser les autres équipes à un niveau supérieur. »

Je préfère le réalisme d’Alphonso Davies, à TSN : « C’était notre première fois sur cette grande scène. C’était nouveau pour tout le monde. C’est une ambiance différente. Une qualité de jeu différente, aussi. On va devoir s’habituer. »

PHOTO IBRAHEEM AL OMARI, REUTERS

Alphonso Davies

La vérité brute, c’est que le Canada nous a déçus. Il n’a pas comblé les attentes. Souvenez-vous, il y a 10 jours, le même entraîneur et les mêmes joueurs affirmaient ne pas être venus ici « que pour participer ». Ils espéraient pouvoir atteindre le tour suivant. Après les défaites contre la Belgique (0-1) et la Croatie (1-4), le nouvel objectif était d’inscrire au moins un point. Donc une victoire ou une nulle. Le tournoi a toutefois pris fin, jeudi, sur un autre revers, de 2-1, contre les Marocains.

Tous les matchs, on a vu les mêmes faiblesses. Une défense faible. Un centre mou. Une attaque qui rate ses occasions. Jeudi, à la 4minute, Steven Vitoria a dirigé une passe molle à son gardien Milan Borjan qui, lui, en a servi une encore plus molle à Hakim Ziyech. Le problème ? Les deux ne jouaient pas dans la même équipe. Ziyech a simplement poussé le ballon vers le filet pour donner une avance de 1-0 aux Marocains.

À la 23minute, les Marocains ont de nouveau attaqué par le centre. Youssef En-Nesyri a battu à la course Vitoria et Kamal Miller, puis déjoué facilement Borjan : 2-0. Les Canadiens ont réduit l’avance grâce à un but chanceux, sur un centre dévié par un défenseur marocain dans son propre filet. Atiba Hutchinson a ensuite eu une chance en or d’égaler en deuxième demie. Le ballon, dévié par sa tête, a frappé la barre horizontale, mais il n’a pas traversé complètement la ligne. Simple malchance. Le pointage n’a pas bougé par la suite.

Les grandes vedettes de l’équipe n’auront pas fait la différence non plus. Oui, Alphonso Davies a marqué le premier but de l’histoire du Canada, dans le match contre la Croatie. Mais il a aussi raté un penalty et perdu un grand nombre de ballons dans des excès d’individualisme. Jonathan David a malheureusement été transparent.

Un grand exercice d’introspection s’imposera au retour de l’équipe au pays. Avec ou sans John Herdman ? « J’ai un contrat jusqu’en 2026 », a indiqué l’entraîneur-chef du Canada à TSN. « En 2018, j’ai accepté la mission de reconstruire ce programme. De nous mettre sur la carte. Nous avons rivalisé. Nous avons vraiment rivalisé dans de grands matchs. Nous serons de retour, et nous nous battrons. Je serai de retour pour me battre. Nous apprendrons. Ça pince, mais nous serons de retour. »

D’autres ne le seront probablement pas. Le capitaine Atiba Hutchinson, 39 ans, était déjà le plus vieux joueur à cette Coupe du monde. Steven Vitoria, qui fut en retard tout le tournoi, aura 39 ans en 2026. Il ne sera pas la solution au centre de la défense. Milan Borjan n’a pas connu un bon tournoi non plus. De ce côté, il y a déjà une relève identifiée. Maxime Crépeau et Dayne St-Clair, deux des meilleurs gardiens de la MLS, se battront probablement pour le poste de numéro un.

Enfin, une grosse pensée pour Samuel Piette qui, après avoir participé au programme national au cours des 10 dernières années, n’a pas joué une seule minute dans ce tournoi. Je comprends que Piette a un profil plus défensif, et que l’équipe n’a eu une avance qu’une demi-heure dans cette Coupe du monde. Mais jeudi, il aurait mérité ses 15 minutes de gloire pour les bons services qu’il a rendus.