Psitt. Aimeriez-vous connaître un secret ?

Approchez-vous. Encore. Collez votre visage contre l’écran. Sommes-nous seuls ? OK.

C’est à propos des trios au camp d’entraînement. Je le sais, ça vous stresse. Vous avez vu Cole Caufield avec Mike Hoffman, lundi soir. Vous craignez maintenant qu’ils ne soient jumelés toute la saison. Et vous vous faites un sang d’encre à l’idée que Juraj Slafkovsky passe son hiver aux côtés de Rem Pitlick et de Kirby Dach.

Mais vous savez quoi ?

Ça n’arrivera pas.

Un camp d’entraînement, c’est comme une bande-annonce. C’est rarement un aperçu fiable du produit final. D’ailleurs, dans la Ligue nationale, les trios d’octobre sont aussi éphémères que les couples d’Occupation double.

Vérifions-le.

Prenons les formations initiales de toutes les équipes, la saison dernière. Mettons ces informations dans le malaxeur de données. Crounche, crounche, crounche. Ajoutons les sommaires de tous les matchs de la saison. Meneum, meneum, meneum. Qu’est-ce que ça nous donne ? Le nombre de minutes que les partenaires des trios des matchs d’ouverture ont joué ensemble, à forces égales, en 2021-2022.

Maintenant, devinez la médiane.

100 minutes ?

200 minutes ?

300 minutes ?

Même pas proche. La réponse : seulement 50 minutes. Soit grosso modo cinq ou six parties. D’accord, il y a des secondes perdues à gauche et à droite lors des changements au banc. Mais la conclusion, elle, reste la même. Au 1er novembre, la moitié des trios initiaux sont déjà démantelés pour de bon. Ce fut le cas, la saison dernière, dans presque tous les clubs de la LNH. Notamment chez le Canadien, où deux combinaisons du match d’ouverture n’ont même pas atteint un quart d’heure de jeu.

Trios initiaux du Canadien en 2021-2022

Drouin–Dvorak–Anderson : 164 minutes*

Toffoli–Suzuki–Caufield : 71 minutes

Gallagher–Evans–Armia : 13 minutes

Lehkonen–Paquette–Perreault : 12 minutes

* Minutes à cinq contre cinq Source : Natural Stat Trick

Les raisons sont multiples : promotions, rétrogradations, suspensions, échanges, blessures, COVID-19. Aussi, lorsqu’une vedette comme Sidney Crosby ou Nathan MacKinnon réintègre l’alignement, ça bouscule tout le monde. Mais de façon générale, les entraîneurs sont plus réactifs qu’avant. Surtout au cœur d’une léthargie. Les deux formations les moins patientes avec leurs trios initiaux, la saison dernière, furent les Coyotes de l’Arizona et les Blackhawks de Chicago. Les Coyotes ont perdu leurs 11 premiers matchs. Les Blackhawks, leurs 9 premières rencontres.

On constate aussi une évolution du côté de la taille des formations. Dans les années 1970, le Canadien a gagné la Coupe avec 24 joueurs. Dans les années 1980, les Islanders de New York ont été champions avec 27 joueurs. Au cours des cinq dernières années, les champions avaient entre 33 et 43 joueurs. La rotation des joueurs est plus importante. L’ère des trios qui restaient intacts pendant deux ou trois saisons est terminée. La saison dernière, seuls trois trios initiaux ont passé plus de 500 minutes ensemble.

Trios initiaux les plus stables

Johnny Gaudreau–Elias Lindholm–Matthew Tkachuk : 963 minutes

Colton Sissons–Tanner Jeannot–Yakov Trenin : 636 minutes

Nino Niederreiter–Jordan Staal–Jesper Fast : 534 minutes

Alexander Ovechkin–Evgeny Kuznetsov–Tom Wilson : 476 minutes

Lucas Raymond–Dylan Larkin–Tyler Bertuzzi : 452 minutes

À l’inverse, les expériences infructueuses, à la sortie des camps d’entraînement, sont légion. L’union de Jesperi Kotkaniemi, Sebastian Aho et Martin Necas, avec les Hurricanes de la Caroline, n’a duré que 18 minutes. Celle de Blake Wheeler, Kyle Connor et Paul Stastny, avec les Jets de Winnipeg, a été encore plus courte : 15 minutes.

Ne vous fiez donc pas trop aux trios du camp d’entraînement. Portez plutôt attention aux duos récurrents. Eux ont tendance à rester ensemble longtemps. Le meilleur cas chez le Canadien : Cole Caufield et Nick Suzuki, qui se sont côtoyés 566 minutes à forces égales, la saison dernière, pendant que les candidats pour compléter leur trio se succédaient.

Partenaires de Suzuki et de Caufield

Josh Anderson : 255 minutes

Mike Hoffman : 77 minutes

Tyler Toffoli : 71 minutes

Rem Pitlick : 62 minutes

Joel Armia : 36 minutes

J’anticipe une répétition de ce scénario cette saison. Si tel est le cas, non, Mike Hoffman ne jouera pas toute la saison avec Cole Caufield. Et oui, Juraj Slafkovsky aura sa chance, un moment donné, avec les deux autres jeunes prodiges de l’organisation.