Un demi-milliard de dollars par année. C’est la somme que la CASQ réclamera aux partis politiques, ce mercredi, pour relancer le sport au Québec.

La quoi ?

La CASQ. La Coalition pour l’avenir du sport au Québec. C’est un nouveau lobby, formé de plusieurs organismes québécois. Son spectre est large. Ça va de SportsQuébec à l’Institut national du sport en passant par le Pôle Sports HEC Montréal. Tous partagent le même objectif : que le sport devienne « une véritable priorité gouvernementale ».

La CASQ, donc, demande 500 millions. C’est un gros chiffre. Ça frappe l’imagination. Pour vous donner un ordre de grandeur, c’est presque le triple du budget actuel que le gouvernement du Québec consacre au sport.

Est-ce trop ? Pas assez ? Je ne sais pas. Je n’étudie pas les cadres financiers de Gymnastique Québec ou de Waterpolo Québec avant de m’endormir. Ce dont je suis certain, par contre, c’est que le réseau sportif québécois est nettement sous-financé.

  • Il manque de terrains de jeu, de piscines et d’arénas ;
  • Les frais de location des plateaux augmentent ;
  • Les frais d’inscription aussi ;
  • L’inflation a fait exploser les coûts de transport et du matériel ;
  • Les entraîneurs sont sous-payés ;
  • Les arbitres, itou.

Autant de freins à la pratique du sport. D’ailleurs, les Québécois ne font pas suffisamment de sport. Ce n’est pas moi qui le dis. Ni la CASQ. C’est le gouvernement.

« Au Québec, la proportion de la population pratiquant le volume minimal recommandé d’activités physiques pour sa catégorie d’âge demeure insuffisante », lit-on dans le dernier budget provincial. « Malgré les bienfaits d’une pratique régulière d’activités physiques, cette habitude est peu présente dans le quotidien des Québécois. La pandémie ainsi que les mesures sanitaires mises en place ont amplifié le problème au cours de la dernière année. »

Les statistiques sont catastrophiques. Vraiment.

Selon la plus récente Enquête québécoise sur la santé de la population, publiée en 2021, près de la moitié de la population québécoise (45 %) affirmait faire moins de sport depuis le début de la pandémie.

Lisez l’enquête

Les pires taux sont chez les jeunes : 58 % des 15-24 ans ont réduit leurs activités physiques. Et déjà, on partait de loin. Avant même la pandémie, les Québécois étaient parmi les derniers de classe au pays. Seulement une adolescente d’ici sur trois était considérée comme « active ».

Imaginez maintenant.

Pour stimuler la reprise du sport, le gouvernement de la CAQ a promis d’investir 113 millions sur cinq ans. Une aide ponctuelle « très appréciée », indique la présidente de SportsQuébec et porte-parole de la CASQ, Julie Gosselin. « Mais même si on a eu droit à une bonne augmentation avec la CAQ, ça reste un chiffre très, très bas. »

Environ 1 % des dépenses du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport, a calculé la CASQ. « On veut que ça passe à 4 % », affirme Julie Gosselin.

C’est un gros bond, non ?

« Oui, on fait fois quatre. Mais on fait fois quatre de pas beaucoup. On a un énorme rattrapage à faire. Le budget n’a pas été indexé dans les 35 dernières années », soutient-elle, tout en reconnaissant une augmentation des budgets depuis que la CAQ est au pouvoir.

Julie Gosselin compare les milieux du sport et de la culture. « On aime nos collègues de la culture. On les trouve inspirants. Ils ont un budget de 1 milliard par année. Juste leur plan de relance, c’était 225 millions. C’est plus que l’ensemble de notre budget annuel ! »

Nos chiffres sont tellement bas, ça prend des investissements.

Julie Gosselin, présidente de SportsQuébec et porte-parole de la Coalition pour l’avenir du sport au Québec

Et à quoi serviraient ces 500 millions ?

D’abord, à faciliter la pratique du sport. « On ne voudrait jamais qu’un participant, à cause de la pandémie, à cause de l’inflation, dise qu’il ne peut plus pratiquer un sport, car c’est rendu trop cher. Il faut stabiliser les coûts d’inscription », explique Julie Gosselin.

On veut ensuite mieux rémunérer les entraîneurs et les arbitres. Dans plusieurs sports d’équipe, le recrutement est un enjeu majeur. Des dizaines de parties de hockey ont dû être annulées, l’hiver dernier, faute d’officiels. « On a de la misère de ce côté-là. Si on ne fait rien bientôt, ce sera difficile de pratiquer certains sports. L’équation est simple : pas d’entraîneurs, pas d’arbitres, pas de matchs, moins de participants. »

Les fédérations sportives souhaitent un meilleur financement. Non, elles ne gèrent pas toutes de gros budgets, comme Hockey Canada. Pendant la pandémie, plusieurs survivaient à l’huile de bras, fournie par un, deux ou trois employés passionnés.

Et que fait-on du gros morceau ? Les infrastructures ? C’est anormal qu’une ville de la taille de Sainte-Thérèse, 25 000 habitants, n’ait pas d’aréna. Ou qu’il n’y ait que deux arénas publics dans l’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, où vivent pourtant plus de gens que dans toute l’Abitibi. C’est un dossier tellement monstrueux, tellement imposant, que la CASQ l’a tout simplement exclu du calcul des 500 millions. « Ça nécessitera des investissements de plus de 1 milliard de dollars », prévoit Julie Gosselin.

Des grosses sommes. Des gros enjeux. Voilà pourquoi la CASQ souhaite – avec raison – que le sport devienne une priorité du prochain gouvernement. « Pendant la pandémie, on a beaucoup parlé de l’importance de faire du sport, conclut Julie Gosselin. Mais sur le terrain, ça ne se reflète pas dans les budgets. »