Paul Houde a trouvé sa nouvelle équipe : le 91,9 Sports.

Le joueur autonome le plus courtisé de la radio montréalaise animera l’émission matinale du week-end. Débuts : le 3 septembre. Et si son émission est aussi divertissante que notre rencontre de mardi, alors qu’il visitait les studios de l’avenue Laurier pour la première fois, vous serez choyés.

Car Paul Houde adoooooooore le sport.

« Je suis un vrai », confie-t-il en riant.

Sous-entendu : un vrai amateur de sports. Du type à aller encourager ses Blackhawks de Chicago et ses 49ers de San Francisco sur la route. Ou à paqueter l’auto pour assister à un match de football universitaire.

Je suis, depuis 1977, un des rares Canadiens à être membre de l’Association internationale des statisticiens d’athlétisme.

Paul Houde

Êtes-vous surpris ?

Moi non plus. Son amour pour les chiffres est bien connu du grand public. Son intérêt pour l’athlétisme aussi – il fut analyste à la télévision aux Jeux de Barcelone et d’Atlanta. « L’athlétisme fut une passion irrationnelle et dévorante ! » C’est d’ailleurs toujours le cas, précise-t-il, malgré des déclarations contraires émises il y a quelques années.

« Et attention, Paul est un mauvais perdant », lance sa collaboratrice des 15 dernières années, Kathrine Huet, qui participera à l’émission. « Quand ses équipes préférées perdent, il peut être jusqu’à 72 heures sans nous adresser la parole… »

Avec l’alignement des Blackhawks, il y aura de longs moments de silence, leur ai-je fait remarquer.

« Pire que les défaites des Blackhawks, ce sont celles des 49ers, répond-il. S’ils se rendent très loin et qu’ils perdent, je suis vraiment de mauvaise humeur. »

Au micro du 91,9 Sports, il pourra dialoguer avec des milliers d’amateurs dont l’humeur varie aussi en fonction des prestations de leur équipe favorite. Un défi inattendu, qui l’emballe.

De quoi sera-t-il question dans son émission ?

Du Canadien, bien sûr. De football. « J’adore la NFL. C’est rare que je ne regarde pas les trois matchs du dimanche à RDS et le Monday Night Football. Pour moi, le premier match du jeudi soir, c’est un antidépresseur pour passer au travers du changement des saisons. »

Attendez-vous aussi à beaucoup, beaucoup, beaucoup d’anecdotes. En entrevue, une n’attend pas la suivante. « Une fois, Bruny Surin m’a dit… » « J’ai pratiqué mon allemand avec Katarina Witt. » « As-tu vu le stade des Rangers du Texas ? Ma-gni-fi-que. »

Il a le souci du détail accrocheur et du punch bien travaillé.

Il confie aussi avoir déjà trouvé le sujet de sa première émission : les 50 ans de la Série du siècle, dont il cite les faits saillants par cœur. « On ouvrira les lignes. Ce n’est pas vrai que tout le monde est jeune. Je vais demander aux auditeurs : avez-vous des souvenirs de cette folie-là, d’une autre époque ? De la guerre froide. Des Soviétiques. De leurs vieux patins à tuyaux. De leur célèbre phrase, nous sommes venus pour apprendre, qu’on a d’ailleurs reprise dans Les Boys. »

Paul Houde sait aussi ce qu’il ne fera pas.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE

Paul Houde

Ne comptez pas sur moi pour faire du raw raw. Je ne voudrais pas tomber à la hauteur, pour être poli et parler français, du support athlétique. Je ne veux pas tomber dans le talk de jock strap. Je ne serais pas bon pour ça. Ce n’est pas ma vision du sport.

Paul Houde

Paul Houde était chez Cogeco depuis près de 25 ans lorsque ses patrons ont décidé, le printemps dernier, de ne pas renouveler son mandat à l’animation de la matinale du week-end. Une décision qu’il dit respecter, mais qui l’a attristé.

« Quand on a débuté le week-end au 98,5 FM, il y a trois ans, on avait cinq parts de marché. On a fini à 23 %, dans un créneau où il n’y avait pas d’habitudes d’écoute [pour Cogeco]. Radio-Canada était la référence, car elle avait investi dans le week-end. C’est assez ironique de quitter le 98,5 FM au moment où on a battu Joël Le Bigot et Franco Nuovo dans le dernier sondage. C’est comme si, en athlétisme, on avait coiffé les autres au fil d’arrivée du 10 000 mètres. Et notre récompense ? On s’en va ! »

Aujourd’hui, il le dit en riant. Mais on devine que, sur le coup, ça lui a fait mal.

« Quelques minutes après l’annonce de son renvoi, son téléphone s’est mis à sonner », raconte Kathrine Huet. C’étaient les réseaux concurrents, précise Paul Houde.

« Ça m’a beaucoup touché. J’ai eu des approches de tout le monde dans le milieu. Je ne pouvais pas leur parler, car j’étais encore sous contrat. Je ne pouvais pas les relancer, négocier ou transiger avec eux. »

Paul Houde est donc parti aux États-Unis pour tourner une série documentaire, Paul dans tous ses États, destinée aux plateformes de Québecor. C’est son avocat qui a négocié son passage au 91,9 Sports. Le populaire animateur aura aussi une chronique hebdomadaire à ICI Première.

Il y avait déjà eu des discussions entre Paul Houde et le 91,9 Sports, il y a quelques années, lorsque Mario Cecchini, maintenant président des Alouettes, dirigeait la station. Mais ça ne s’était jamais rendu très loin. « Les conditions n’étaient pas propices », indique Paul Houde.

Cette fois, elles l’étaient. Son nouveau patron, Yves Bombardier, affichait le sourire d’un enfant après le passage du lapin de Pâques, mardi, lorsque je l’ai croisé dans les corridors de la station.

« Ce sera une émission où se croiseront le sport et la société », m’a-t-il expliqué avec fébrilité. « On s’attend à sortir du play by play. On va plutôt se demander : comment peut-on voir l’actualité sportive, ou l’actualité en général, par un filtre sportif ? Un exemple : les élections qui s’en viennent. Comment les couvrira-t-on ?

« Paul sera le porteur de ballon idéal. C’est un généraliste. Une bibliothèque sur deux pattes. Il connaît tout. Et il aime le sport. Autant l’amateur que le professionnel. Il travaillera avec Greg Lanctôt à la mise en ondes. Les deux partagent les mêmes intérêts. On va mettre les ingrédients ensemble, et quelque chose va se passer. »

Pour ça, c’est sûr.

Quelque chose va se passer.

Et ça promet d’être divertissant.