La colère de la population, la grogne des élus et la pression des commanditaires ont finalement fait plier Hockey Canada. Ses dirigeants ont reconnu leurs torts. Du même coup, ils ont accepté de rouvrir l’enquête à propos de huit joueurs de l’équipe nationale junior de 2018, visés par des allégations de viol collectif.

Il était temps.

Malheureusement, ce mea culpa survient beaucoup trop tard.

Jamais Hockey Canada n’aurait dû camoufler cette affaire. Jamais Hockey Canada n’aurait dû cacher les résultats de l’enquête indépendante. Jamais Hockey Canada n’aurait dû rappeler des joueurs de 2018 au sein de l’équipe nationale, sans savoir s’ils étaient coupables. Jamais Hockey Canada n’aurait dû régler à l’amiable avec la plaignante – un procédé qui a permis aux huit joueurs d’éviter un procès.

La gestion de Hockey Canada fut gênante. Malaisante. Indécente. Le pire ? Même après quarante-douze buts dans leur propre filet, les patrons de l’organisme sont toujours en poste. Et ils s’accrochent. Ils espèrent que la faute avouée, les Canadiens leur pardonneront leur manque de jugement. C’est loin d’être acquis.

Les patrons de Hockey Canada conviennent ainsi que « le processus n’était pas parfait ». C’est un euphémisme. « Nous reconnaissons que nombre de mesures que nous prenons aujourd’hui auraient dû être prises plus tôt, et plus rapidement. » En effet. Ça aurait évité l’opprobre du public, la comparution devant les parlementaires et la fuite des commanditaires. « Ce qui s’est passé en 2018 à London, en Ontario, est tout à fait inacceptable. » Notez l’emploi du passé composé, plutôt que du conditionnel. Une reconnaissance de l’agression, et de sa gravité. « Nous réitérons nos excuses envers la population, la jeune femme et quiconque a subi les contrecoups de cette affaire. »

Cette fois, Hockey Canada a trouvé les bons mots. Le bon ton. Les patrons ont cessé de justifier leurs erreurs. Ils sont repentants. Embarrassés. Contrits. Rien à voir avec la défiance affichée devant le comité parlementaire, le mois dernier. Ils promettent de rouvrir l’enquête. De forcer les joueurs à témoigner, sous peine d’être bannis de l’équipe nationale. D’aller au fond des choses, quoi. La victime pourrait aussi collaborer à l’enquête indépendante, ce qui ne fut pas le cas en 2018.

Faut-il s’en réjouir ?

Bien sûr. Quoique mes attentes restent modestes. La sanction pour les joueurs qui refuseront de collaborer à l’enquête n’est pas très contraignante. Peu d’entre eux ont une chance réelle d’être sélectionnés pour les Jeux olympiques ou le Championnat du monde. D’ailleurs, seulement quatre joueurs de la formation junior de 2018 ont représenté le Canada sur la scène internationale par la suite.

Je souhaite aussi qu’en marge de ces promesses, Hockey Canada remette aux parlementaires, dans les prochaines heures, les résultats de la première enquête. Celle réalisée entre 2018 et 2020, et qui n’a pas permis d’identifier les coupables. Les Canadiens doivent savoir quelles informations possédaient les dirigeants de Hockey Canada, avant de régler le dossier à l’amiable.

Les excuses, c’est bien.

Maintenant, ça prendra de la transparence.