(Pékin) Avouez-le : l’alignement du Canada ne vous inspirait pas confiance. Je devine que vous aviez même un petit peu peur. Adam Cracknell ? Eddie Pasquale ? Jordan Weal ? S’ils n’étaient pas assez forts pour jouer avec le Canadien, ce sera quoi contre des équipes nationales ?

Je vous rassure : Équipe Canada ne vous gênera pas. Au contraire. En ouverture de tournoi, jeudi, contre les Allemands, les Canadiens ont été pugnaces. Épuisants. Grinçants. Les gars sont trop heureux d’être aux Jeux, et ça paraît. Ils s’impliquent, ils s’appliquent, et ils se parlent autant sur la glace que des avocats dans une télésérie. Cet enthousiasme les a bien servis ; ils ont facilement vaincu les Allemands 5-1.

« On voulait vraiment bien sortir, a raconté le défenseur Maxim Noreau. On peut mettre beaucoup de pression sur l’autre équipe. On a de bons attaquants qui sont assez robustes. On en a profité au début du match. On a créé des revirements et on a été capables de marquer sur nos [occasions]. »

Le vétéran québécois, qui avait participé aux Jeux de 2018, a connu un gros match. Son tir dangereux a déjoué le gardien allemand lors d’une supériorité numérique.

Noreau a généré plusieurs autres belles séquences en attaque, et s’est avéré un pilier autour de son filet. Il a terminé la rencontre avec trois tirs.

« Il a été super, a lancé son coéquipier Ben Street. Pas pour rien qu’il porte une lettre sur son chandail [le A]. Ce soir, il a joué intensément et a marqué un gros but pour nous sur l’avantage numérique. »

Un autre joueur qui s’est démarqué, c’est l’ancien centre des Jets de Winnipeg Eric O’Dell. Il a donné le ton dès le début de la rencontre en écartant Marco Nowak du jeu avec une mise en échec percutante.

PHOTO KIRILL KUDRYAVTSEV, AGENCE FRANCE-PRESSE

Mise en échec d’Eric O’Dell face à Marco Nowak, en début d’affrontement

« Nowak patinait derrière le filet tête baissée, et j’ai terminé ma mise en échec », a indiqué O’Dell. Le Canada s’est vite retrouvé en surnombre près de l’enclave, ce qui lui a permis d’ouvrir le pointage. « L’équipe a pu construire [sur la mise en échec], et nous avons marqué quelques buts après, donc j’étais content. » Avec raison. Il a conclu sa soirée de travail avec deux mentions d’aide et un différentiel de + 2. L’entraîneur-chef par intérim, Jeremy Colliton, était aussi très satisfait de son vétéran.

« Sa présence est tellement imposante. Il se sert de son physique, il trouve le moyen de fabriquer des jeux qui se rendent jusqu’au filet. Il a donné le ton tôt dans le match. »

Et les jeunes ?

Kent Johnson est celui qui s’est le plus démarqué. Placé à l’aile d’Eric O’Dell, le choix de premier tour des Blue Jackets de Columbus bougeait bien la rondelle, et s’est avéré une menace constante en attaque. Owen Power, lui, a été le joueur le plus utilisé dans le camp canadien, avec un peu moins de 20 minutes. Sans être spectaculaire, le défenseur format géant a disputé un bon match, surtout dans sa zone. Il s’est rendu quelques fois profondément en zone adverse, sans véritable succès. Mason McTavish, sur le premier trio, a été plus effacé. Signe de l’équilibre de la formation, tous les Canadiens ont joué entre 10 et 20 minutes, sauf un (Jack McBain).

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Les Canadiens Kent Johnson (13) et Ben Street (10)

Le prochain match du Canada, contre les États-Unis, s’annonce plus serré. Les Américains misent sur plusieurs jeunes universitaires réputés pour leur coup de patin. Ce sera un bon test pour les vétérans canadiens, probablement un peu plus lents, mais qui ont du cœur.

Dans le calepin

Surprise : Claude Julien, qui devait rater les Jeux après être tombé sur la glace, la semaine dernière, est arrivé à Pékin. Il a assisté à la rencontre du haut des gradins, et il s’installera derrière le banc à partir du prochain match… Mélodie Daoust est de retour à l’entraînement… L’espoir du Canadien Sean Farrell a réussi un tour du chapeau, en plus d’ajouter deux passes dans une victoire de 8-0 des Américains contre les Chinois.