La première médaille des Jeux pour le Canada remportée sur la « glace la plus rapide au monde »

(Pékin) Un record olympique qui tient 20 ans, il n’y en a pas tellement. Mais ce qui est beaucoup plus rare, ce qui n’arrive jamais, en fait, c’est que la détentrice du record participe encore à la course où il sera battu, 20 ans plus tard.

C’est arrivé samedi, premier jour des Jeux de Pékin. La Néerlandaise Irene Schouten a parcouru les 3000 mètres les plus rapides de l’histoire du patinage de vitesse féminin (3 min 56,93 s).

Et tout en bas de la feuille des résultats, en 20e et dernière place, Claudia Pechstein a vu ça avec un grand sourire. À 49 ans, elle a eu son ticket pour ses huitièmes Jeux olympiques d’hiver. C’est un record codétenu par le sauteur à ski Noriaki Kasai. Et si on ne l’avait pas exclue injustement de la sélection allemande en 2010 (la Fédération s’est excusée et Pechstein était porte-drapeau cette année), ce seraient ses neuvièmes.

Elle aura 50 ans dans deux semaines, elle n’a plus la vitesse des belles années, mais elle fait encore la sélection olympique – elle ne devait participer qu’au départ groupé, le dernier jour des Jeux. Le précédent record de « vieillesse » pour une olympienne, détenu par une lugeuse, était de 48 ans.

« J’ai souri en arrivant, j’ai réalisé mon rêve et je suis super fière », a-t-elle dit après.

Quand je pense que j’ai couvert ses performances à Salt Lake City, en 2002… ses quatrièmes Jeux.

Un autre qui est super fier, c’est sûrement M. Wu Xiaonan, concepteur du « Ruban bleu », l’Ovale national de patinage de vitesse, nouveau joyau architectural des Jeux – seul bâtiment entièrement nouveau construit pour 2022.

PHOTO SEBASTIEN BOZON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Une nouvelle technologie de refroidissement est censée donner une température et une texture parfaites à la glace de Pékin et la rendre ultrarapide.

Il faut savoir que tous les records du monde de patinage de vitesse ont été réalisés en altitude, soit à Salt Lake City, soit à Calgary. Pékin, qui est pratiquement au niveau de la mer, voulait construire un anneau exceptionnellement rapide. Une nouvelle technologie de refroidissement, développée par des ingénieurs chinois, et impliquant 120 km de tuyaux de gaz carbonique, est censée donner une température et une texture parfaites à la glace et la rendre ultrarapide. À la conférence de presse technique la semaine dernière, très courue, il nous a dit sans gêne qu’il prévoyait de nouveaux records du monde… sur toutes les distances. Ce serait un hommage au génie technologique chinois autant qu’aux athlètes.

Ce serait aussi la fierté de Mark Messer, le Canadien grand responsable de la glace, qui est reconnu comme un des meilleurs faiseurs de surfaces blanches au monde.

M. Wu l’a longuement vanté devant la presse chinoise, soulignant au passage « l’excellente coopération avec le Canada » et les « progrès qu’il nous a permis d’accomplir ».

Les Chinois, au fait, ont fait appel à de très nombreux experts canadiens pour préparer les installations.

Résultat ?

Première course, premier record du monde…

Rapide ou lent, le dernier tour de l’ovale fait toujours mal, dans une course de 3000 mètres. Mais même si ses jambes brûlaient, Isabelle Weidemann savait qu’elles brûlaient pour une médaille.

PHOTO SUSANA VERA, REUTERS

Isabelle Weidemann a remporté le bronze lors de l’épreuve du 3000 m en patinage de vitesse.

« Tu arrives dans cette zone où tu ne penses plus à rien », a dit la patineuse de vitesse d’Ottawa après avoir remporté le bronze, première médaille des Jeux pour le Canada, comme vous savez.

Elle était « submergée » par les émotions devant ce résultat « surréaliste ». Elle pensait aux heures insensées d’acharnement qu’il lui avait fallu pour passer de la septième place, à PyeongChang, en 2018, à cette troisième place.

C’était aussi la première médaille individuelle en patinage de vitesse féminin depuis les Jeux de Vancouver. Et ce ne sera pas la dernière.

À PyeongChang, tout le podium était néerlandais. Les Canadiennes n’ont pas l’intention de laisser faire ça.

Valérie Maltais a terminé 12e et Ivanie Blondin, qui a eu de bien meilleurs résultats sur la distance, a fini 14e dans ce qu’elle a qualifié de course « de merde ». Mais il lui en reste trois autres.