Je n’apprendrai jamais ! Plus prudent, je ferais l’économie de cet exercice annuel où je me risque à des prédictions qui, dans 12 mois, me rappelleront inévitablement l’imprévisibilité de la scène sportive.

Alors ne l’oublions pas : les affirmations qui suivent servent à alimenter la discussion.

Bonne lecture mais, surtout, bonne année à toutes et à tous !

1. Le Canada à la Coupe du monde de soccer

Je n’aurais jamais pensé écrire une chose pareille. Après tout, la seule participation de notre équipe nationale à cet immense tournoi s’est produite en 1986.

Cette fois, les astres sont bien alignés. Après les huit premiers matchs de qualification, le Canada occupe le premier rang du classement de la CONCACAF, devant les États-Unis et le Mexique. Il reste six rencontres à disputer, et les trois premiers obtiendront un ticket pour le Qatar.

Cette réussite repose sur des joueurs fabuleux comme Alphonso Davies, Jonathan David et Cyle Larin. Mais n’oublions pas la contribution de l’entraîneur John Herdman. En 2011, il a remis le programme féminin sur les rails et, contre toute attente, l’équipe a remporté la médaille de bronze aux Jeux olympiques de Londres un an plus tard. Aujourd’hui à la tête de l’équipe masculine, il provoque d’autres petits miracles.

Le Canada a son sort entre les mains. Il saisira l’occasion. Et remportera au moins un match au Qatar en novembre et décembre prochains.

2. Une finale du Grand Chelem pour Félix Auger-Aliassime

L’idée n’est pas d’augmenter la pression sur Félix. Mais ayant atteint brièvement le 10e rang mondial en fin de saison, il est maintenant prêt pour une bouchée supplémentaire. S’il assène avec plus de mordant le coup de grâce à ses adversaires lorsqu’ils sont à sa portée, il connaîtra une année exceptionnelle.

En juillet dernier, Félix a atteint les quarts de finale de Wimbledon ; en septembre, la demi-finale des Internationaux des États-Unis. Ces succès renforceront sa confiance. Son avenir est éclatant.

3. Leylah dans le top 20

L’effet surprise est terminé. Après sa participation à la finale des Internationaux des États-Unis, Leylah Fernandez n’étonnera plus ses adversaires. Elles étudieront son jeu et prépareront leur stratégie en conséquence.

La jeune Québécoise surmontera-t-elle ce défi ? Oui ! À l’évidence, elle possède une force de caractère peu commune. Ses nombreux partisans devront toutefois modérer leurs attentes à son endroit. Elle a encore beaucoup de choses à découvrir sur le circuit professionnel. L’important, c’est que l’année qui vient en soit une de progression pour elle. Et qu’elle demeure consciente du travail à accomplir.

Fernandez a terminé la saison au 24e rang du classement de la WTA. Je la crois capable de récolter suffisamment de points pour conclure l’année 2022 dans le top 20, ce qui serait excellent.

4. Tournoi des maîtres : Morikawa ou Koepka

Prédire le vainqueur du Tournoi des maîtres est une entreprise hasardeuse. Un double boguey dans un moment clé peut anéantir tous les espoirs.

En avril dernier, le Japonais Hideki Matsuyama a causé une certaine surprise en s’imposant sur le magnifique terrain d’Augusta. Qui lui succédera ? Je mise sur Collin Morikawa. Le jeune Américain a déjà remporté deux titres majeurs, chaque fois à sa première participation : le Championnat de la PGA en 2020 et l’Omnium britannique en 2021.

PHOTO FERNANDO LLANO, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Collin Morikawa

La capacité de Morikawa à s’extirper d’une situation délicate avec un coup magique fait de lui, à mon avis, le golfeur le plus spectaculaire du circuit.

Attention aussi à Brooks Koepka. Ralenti par une blessure à un genou, il n’a pas toujours été en mesure de jouer à la hauteur de son talent en 2021, malgré une méritoire deuxième place au Championnat de la PGA. Je m’attends à une prochaine saison pleine d’étincelles de sa part.

5. Retour du baseball majeur : une chance sur trois

On en parle depuis bientôt 10 ans. Au début, on évoquait le retour des Expos, une opération financée par des investisseurs québécois aux poches pleines. Le projet a ensuite rétréci. Oublions les Z’Amours, il est maintenant question d’une équipe en garde partagée avec Tampa Bay. Les promoteurs comptent sur une aide financière importante du gouvernement du Québec.

Stephen Bronfman a le lourd mandat de vendre son concept à la population. Même si le projet de développement du secteur Bridge/Bonaventure crée un effet « wow », la seule idée que de l’argent public serve à financer un nouveau stade horripile de nombreux contribuables. Le gouvernement Legault devra être prudent avant de donner un coup de main à Groupe Baseball Montréal, d’autant plus que 2022 est une année électorale.

J’estime à une chance sur trois que Bronfman réussisse ce qui serait, pour lui, un véritable tour de force. Sinon, ce sera la dernière année où on parlera du potentiel retour du baseball majeur à Montréal.

6. De très longs Jeux pour le CIO

Malgré des appels au boycottage, les Jeux olympiques d’hiver auront lieu en février à Pékin. Ils ne se dérouleront pas sans tempête politique. Les entraves aux libertés fondamentales sont trop nombreuses en Chine pour que toute la visite se taise durant ces trois semaines. Et l’affaire Peng Shuai a beaucoup augmenté la tension.

Attendons-nous à ce que des athlètes dénoncent les excès du régime. Ils provoqueront ainsi la fureur du gouvernement chinois, déjà ulcéré par l’absence de dignitaires des pays qui, comme le Canada, ont choisi le boycottage diplomatique. Le Comité international olympique (CIO), qui marche déjà sur des œufs à propos de la Chine, trouvera ces Jeux très longs.

7. Un rapport costaud

Le Groupe de travail sur le hockey mandaté par le gouvernement Legault présentera ses recommandations au printemps prochain. L’initiative ne fait pas l’unanimité, notamment en raison de la choquante absence de membres issus de la diversité. Le premier ministre a raté une occasion de rendre le sport plus inclusif. C’est dommage.

En revanche, ce comité remplit un rôle utile. Les ennuis de notre hockey à tous les niveaux font la manchette depuis plusieurs années. Que le gouvernement utilise son autorité morale pour provoquer une réflexion là-dessus est une excellente idée.

Connaissant plusieurs des membres de ce groupe, je sais qu’ils ne se contenteront pas d’examiner pourquoi le Québec ne produit pas autant de joueurs de la LNH que dans le passé. La pratique du hockey féminin et masculin sous tous ses aspects sera examinée : plaisir de jouer, accessibilité, coaching… Personnellement, je m’attends à un rapport costaud et je serai bien déçu si ce n’est pas le cas.

8. Le pari sportif en pleine expansion

À une époque pas si lointaine, les ligues professionnelles évitaient comme la peste tout rapprochement avec l’univers du pari. Aucun commissaire n’aurait songé à implanter une équipe à Las Vegas. En une poignée d’années à peine, la transformation est fulgurante. La LNH a donné le ton avec la création des Golden Knights et la NFL a enchaîné avec le transfert des Raiders d’Oakland dans la ville des casinos. Plus important encore : les ligues ont signé des ententes de partenariat avec de gros canons de l’industrie du pari.

Au Canada, une modification législative importante a eu lieu en 2021. Il est maintenant possible de parier légalement sur un seul match, ce qui était interdit auparavant. Il fallait absolument miser sur plus d’un résultat, ce qui constituait un frein pour de nombreux parieurs.

En 2022, cette association entre le sport professionnel et le pari sera renforcée. Il s’agit d’une tendance lourde dont on perçoit à peine le développement fulgurant, pour le meilleur et pour le pire.

9. On parlera du retour des Nordiques

Après quatre années de dormance, ce dossier rebondira dans l’actualité. L’intérêt du gouvernement Legault change la donne. Sa capacité à réunir un groupe d’investisseurs, dont Québecor ferait ou non partie, est un élément nouveau et prometteur.

PHOTO BERNARD BRAULT, ARCHIVES LA PRESSE

Le dossier du retour des Nordiques de Québec réapparaîtra dans l’actualité, selon notre chroniqueur.

À tous les gens craignant que Québec soit « utilisé » par la LNH pour obtenir de meilleures conditions dans d’autres villes, je dirai simplement ceci : si vous n’acceptez pas d’être « utilisé », aussi bien retirer votre candidature ! Plusieurs villes ont été « utilisées » avant d’obtenir une concession dans un circuit professionnel, dont Los Angeles par la NFL.

J’ajoute ceci : si Patrick Roy revient dans la LNH, ce sera avec des Nordiques 2.0, pas avec le Canadien.

10. Le Super Bowl aux…

Il ne faut jamais parier contre Tom Brady.

Il ne faut jamais parier contre Tom Brady.

Il ne faut jamais parier contre Tom Brady.

Alors…

Alors je parie contre Tom Brady !

Cette fois-ci, Patrick Mahomes et les Chiefs de Kansas City se rendront jusqu’au bout.