(Tokyo) Sans eux, pas de Jeux. 

Qui ça ?

Les 100 000 bénévoles japonais, recrutés pour accomplir autant de petites tâches qui simplifient la vie des athlètes, des entraîneurs, des officiels et des journalistes.

Ils nous indiquent quelle navette prendre. Nous font entrer dans l’autobus. Nous font sortir de l’autobus. Ils nous saluent. Nous montrent le chemin vers le stade. Nous font la révérence. Nous remontrent le chemin vers le stade. Nous refont la révérence.

À l’extérieur des sites de compétition, ils distribuent des tests PCR. Ils recueillent des tests PCR. Ils surveillent des portes. Des clôtures. Des fois, rien du tout. Ils gèrent aussi la (très rare) circulation automobile avec des bâtons qui ressemblent à des sabres laser. J’en ai aussi vu un tenir toute la journée une pancarte sur laquelle était écrit « Ne déposez personne ici ». Même si la rue était fermée.

Puis, dans les stades, il y a encore plus de bénévoles. Ils nous saluent. Prennent notre température. S’assurent qu’on se lave les mains. Une première bénévole vérifie notre accréditation. Une deuxième bénévole revérifie notre accréditation. Une troisième bénévole, elle, nous donne un dragon en origami qu’elle vient de fabriquer.

Un de ses collègues nous mène vers la tribune de presse. Un autre désinfecte les chaises et les plexiglas. Le plus jeune du groupe, lui, est responsable de l’écran de télévision. Après la compétition, dans la zone mixte, un bataillon de bénévoles se promène avec des cabarets de cafétéria pour recueillir les enregistreuses des journalistes, qu’ils déposent sous le nez des athlètes, deux mètres plus loin.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

Un bénévole essuie le plancher lors d’un match de volleyball.

Parlent-ils tous anglais ? Non.

Français ? Encore moins.

Mais ils font tout, tout, tout en leur possible pour nous aider. Quitte à demander à un collègue. Qui, lui, demandera à un autre collègue. Qui, lui, parle anglais, ou possède un téléphone avec une application de traduction.

Tout cela dans la bonne humeur. Tout le temps. Même quand ça fait huit heures qu’ils se font griller – avec un masque de procédure – sous un soleil assez puissant pour faire fondre un popsicle en 30 secondes.

Après une année et demie de pandémie marquée par des chicanes, des déchirements, la division et la méfiance, être exposé à tant de gentillesse, d’entraide, d’altruisme, d’écoute et de bienveillance fait un bien fou à l’âme.

Arigatō gozaimasu.

Merci beaucoup.

Pas de miracle à la piscine

Après nos footballeuses la veille, c’était au tour de nos poloïstes, mardi, d’affronter les Américaines dans un match éliminatoire. On vous avait avertis plus tôt cette semaine : ce ne sera pas facile pour les Canadiennes. Mais on n’avait pas prévu que ce serait aussi difficile.

Après une minute, c’était 0-1.

Après deux minutes, 0-2.

Après trois minutes, 0-3.

Après quatre minutes, 0-5.

PHOTO BERNARD BRAULT, LA PRESSE

L’équipe canadienne de water-polo n’a pas été en mesure de s’imposer dans le match contre les Américaines.

L’entraîneur-chef David Paradelo a alors demandé un temps d’arrêt. Il a réuni ses joueuses sur le bord de la piscine et leur a parlé dans le casque de bain. Très, très fort. Vous avez dû l’entendre jusqu’à Montréal.

Que vous a-t-il dit ? a-t-on demandé à Axelle Crevier.

« De recommencer à zéro. De se réveiller. […] Ç’a été mieux après. Par contre, c’est très difficile de recommencer à zéro quand tu tires de l’arrière de cinq buts. »

Même question à Joelle Bekhazi.

« Il a juste [énuméré] tout ce qu’il ne fallait pas laisser rentrer. Les buts du centre, les drives, tout ça. Il n’y en a plus. On arrête ça, là. Tous les buts qu’on ne voulait pas donner, on les a [accordés] dès le début. »

Finalement, la version du coach lui-même.

Fallait réveiller les troupes. C’était trop peu, trop tard. Ça aurait peut-être dû être fait un peu plus tôt dans le match. On était sur les talons dès le début. On est meilleures que ça. On n’était pas prêtes pour commencer la partie de cette manière-là.

David Paradelo

Après cet électrochoc, ça s’est (un peu) replacé. Les Canadiennes ont même blanchi les Américaines en troisième période. Sauf que le déficit était insurmontable. Pointage final : États-Unis 16, Canada 5.

Cette défaite met fin aux espoirs de médaille pour le Canada, qui disputera maintenant deux matchs de classement. C’est dommage pour ces athlètes dévouées, qui souhaitaient une meilleure conclusion à leur expérience olympique, ainsi qu’à leur tournée mondiale de 92 jours. Mais tout n’est pas perdu pour autant.

Au cours du dernier mois, le water-polo féminin a profité de sa plus belle vitrine au Canada depuis les Jeux d’Athènes, en 2004. Les membres de l’équipe nationale espèrent avoir inspiré des milliers de jeunes filles, partout au pays, à devenir de futures poloïstes.

« Le fait qu’on soit ici, c’est énorme, croit Joelle Bekhazi. Tous les superfans à la maison qui écoutent tous nos matchs à 2 h du matin, même eux, ils sont heureux de voir que notre sport soit à la télé. C’est un sport tellement beau. Il inclut [les règles de] tellement d’autres sports – le soccer, le handball, la crosse. C’est juste beau à voir ! »