(Tokyo) Après la finale du deux de couple, dans laquelle Jessica Sevick et elle ont terminé sixièmes, Gabrielle Smith affichait l’éloquence de Shea Weber à la suite d’une défaite en novembre contre les Coyotes de l’Arizona.

« Je pense que c’était correct. Juste pas assez bon pour aujourd’hui. »

D’accord. Mais encore ?

Non. Pas d’encore. C’est tout.

Rien pour écrire une chronique. Jusqu’à ce que je lui transmette les salutations de son premier entraîneur, Gavin McKay, du Club d’aviron de Knowlton, en Estrie. Là, son visage s’est allumé. Son sourire est revenu. Elle voulait prendre un instant pour remercier toute la communauté du lac Brome, qui l’a adoptée comme un de ses enfants au cours des cinq dernières années.

« Les gens m’ont soutenue à une période critique de ma carrière. Lorsque je ne ramais pas encore assez bien pour être sur l’équipe nationale. Ils m’ont donné des emplois dans les institutions locales. Ils m’ont permis de m’entraîner sur le lac. Vraiment, leur aide fut immense. »

Comment cette olympienne, qui a grandi dans le sud de l’Ontario, s’est-elle retrouvée dans ce village de carte postale des Cantons-de-l’Est ?

Tout a commencé en 2012. Gabrielle Smtih avait alors 17 ans et s’intéressait au sport. Elle s’est inscrite aux tests du programme À nous le podium, qui permet de déterminer le potentiel sportif des adolescents et des jeunes adultes. Ses résultats étaient impressionnants. Les recruteurs ont lâché un coup de fil à Gavin McKay, entraîneur-chef d’Équipe Québec.

« Ils m’ont dit : on a une jeune fille prometteuse de l’Ontario qui s’en va étudier à l’Université McGill. Elle remplit tous les critères. Tu devrais la rencontrer », raconte McKay. Un rendez-vous fut pris. Il est devenu son premier instructeur.

Pendant trois ans, Gabrielle s’est entraînée au Bassin olympique, dans l’île Notre-Dame, à Montréal. Autour de 2015, Gavin McKay et quelques autres mordus d’aviron ont fondé un club à Knowlton, sur le lac Brome. Gabrielle les a suivis peu après.

« La Ville a accepté de nous donner un accès à la plage Douglas, raconte Gavin. Le lac est idéal pour l’entraînement de haut niveau. Il y a de grandes distances. Il y a des parties exposées au vent. D’autres, plus calmes. L’eau peut aussi devenir plus agitée. Ce sont toutes des conditions qu’on peut rencontrer en compétition. »

« En plus, Knowlton, c’est un super beau village. À une heure de Montréal. Ici, il y a tout ce dont un athlète a besoin, à distance de vélo. Il y a aussi plein d’occasions d’emplois à temps plein pour eux. La communauté les soutient énormément. »

Dès son arrivée, Gabrielle s’est très bien intégrée dans sa région d’adoption, se souvient Nicholas Boisvert, à l’époque coordonnateur des installations pour les loisirs et les services communautaires de Lac-Brome.

« Je cherchais une sauveteuse pour la plage. Gabby avait sa certification. Elle s’entraînait le matin et restait sur la place pour travailler le reste de la journée. C’était le match parfait. Une fois l’été terminé, je l’ai embauchée comme animatrice du programme des 12-17 ans – un style de Maison des jeunes. Là aussi, c’était parfait. »

Gabrielle Smith a aussi donné des leçons privées de natation aux jeunes du village. Elle a travaillé au centre communautaire. À l’usine de CanadianPond. Au Buzz Café, aussi, une institution locale. À Knowlton, tout le monde l’aime.

« C’est une fille très drôle, confie Gavin McKay. Elle est très intelligente. Elle adore faire des jeux de mots brillants. C’est vraiment une bonne personne. »

Nicholas Boisvert, lui, souligne l’influence que la rameuse a eue sur les enfants du coin.

Je ne sais pas si Gabby le réalisait, mais elle était un modèle à suivre pour les jeunes filles de la communauté. Je suis convaincu qu’elle en a inspiré plusieurs.

Nicholas Boisvert

« Elle était une employée modèle. Jamais un mot de travers. Bonne joueuse d’équipe. Lorsqu’elle m’a dit que son objectif était [de se rendre] aux Jeux de Tokyo, je n’ai jamais douté d’elle, tellement je la voyais travailler sérieusement, tant pour moi qu’à l’entraînement. »

Merci Knowlton, a lancé Gabrielle mercredi matin.

Je suis certain que le Tout-Knowlton se joindra à Nicholas et à Gavin pour lui répondre : « Merci Gabrielle ! »