(Tokyo) Kylie Masse a fait une course remarquable. Vraiment. La nageuse canadienne s’est élancée comme un Maglev, ce train japonais qui bat tous les records de vitesse. Ses 50 premiers mètres furent les plus rapides de sa carrière. Cinquante mètres plus loin, elle a arrêté le chrono à 57,72 secondes. Son deuxième temps à vie en compétition. Elle a même nagé sous le record olympique !

Cette performance lui aurait valu l’or au 100 m dos des Jeux de Rio. L’or aussi aux deux derniers championnats du monde, qu’elle a d’ailleurs remportés. Sauf que mardi matin, à Tokyo, l’Australienne Kaylee McKeown était elle aussi dans une forme extraordinaire. Dans la dernière ligne droite, c’était comme si elle avait pesé sur le bouton dépassement dans une Formule 1. Zoooooooooooom. Ça lui a permis de devancer Kylie Masse de deux dixièmes de seconde, et d’être couronnée championne olympique.

Difficile pour Kylie Masse de faire mieux. Elle le sait. C’est pourquoi, après la course, la Torontoise de 25 ans a confié être satisfaite de sa course.

« C’est sûr que ça aurait été incroyable de gagner l’or. J’aurais absolument adoré ça. Mais je suis quand même contente d’avoir gagné la médaille d’argent. »

PHOTO JONATHAN NACKSTRAND, AGENCE FRANCE-PRESSE

Kylie Masse a terminé le 100 m dos en 57,72 sec.

« Je savais que ça allait être tout un défi. Kaylee détient le record du monde. Elle a nagé super vite toute l’année. Il aurait fallu que je nage en 57,30 pour la battre. Je n’ai pas été capable de le faire. »

Mais ça reste mon deuxième chrono à vie. Il faut que je sois contente. Que je sois fière. La dernière année a été tellement folle… Je ne dois pas être trop dure envers moi.

Kylie Masse

En effet. La pandémie a été difficile pour elle. Lors des premiers mois de 2020, elle était confinée à la piscine dans la cour de la maison de ses parents. Pendant ce temps, les Australiennes, elles, poursuivaient leur entraînement dans des centres nationaux. Bonne joueuse, Kylie Masse a refusé d’en rajouter à ce sujet.

« Tout le monde a eu des défis dans la dernière année. Certains plus que d’autres. Je ne veux pas me servir de ça comme excuse », a-t-elle indiqué.

« Je suis contente. J’ai mieux fait qu’aux Jeux de 2016 [elle avait remporté le bronze]. Je savais que l’affiche était relevée. Que ça allait être une bataille difficile. J’ai essayé de me concentrer seulement sur ma course. Maintenant, je suis fière d’avoir terminé la journée sur le podium. »

PHOTO ALEKSANDRA SZMIGIEL, REUTERS

La Canadienne Kylie Masse, l'Australienne Kaylee McKeown et l'Américaine Regan Smith

Il s’agissait de la cinquième médaille du Canada aux Jeux de Tokyo. Toutes des médailles gagnées par des femmes, d’ailleurs. Un fait qui ne lui a pas échappé. « C’est extrêmement inspirant d’être entourée par d’autres personnes qui connaissent du succès. Tu veux réussir toi aussi. Faire partie de ce groupe. On parle beaucoup du rythme. De son importance. Ça existe. Voir [la nageuse] Maggie [Mac Neil] gagner l’or lundi, c’était tellement incroyable et inspirant, ça m’a allumée. Il a d’ailleurs fallu que je me parle. Que je me dise : calme-toi, il faut que tu nages en demi-finale. »

On devrait revoir Kylie Masse plus tard cette semaine au relais.

Oleksiak et Pickrem qualifiées pour la finale

Plus tôt en matinée, Penny Oleksiak s’est qualifiée pour la finale du 200 m libre. L’étoile de la natation canadienne a terminé quatrième dans sa vague – sixième au total – grâce à un chrono de 1 : 56,39. C’est une seconde plus lent que son record personnel. En fin de séance, une autre Canadienne, Sydney Pickrem, a obtenu son billet pour la finale du 200 m quatre nages individuel. Les deux finales seront présentées mardi, un peu après 21 h 30 HNE.

Du documentaire en direct

Pour rajeunir l’auditoire des Jeux, le Comité international olympique a introduit trois nouvelles disciplines à Tokyo : le skateboard, l’escalade et le surf. J’ai songé à aller couvrir une épreuve de surf sur place. Jusqu’à ce que je voie la première journée de compétition à la télévision.

C’est assurément un sport amusant à pratiquer. Mais à regarder ? C’est aussi excitant qu’un tutoriel du Canal Savoir. Un essai dure environ 10 secondes. Puis la surfeuse doit remonter dans la mer pour prendre une autre vague.

Qu’elle attend.

Et attend.

Et attend.

Pendant cinq, sept, dix minutes, tout ce qu’on voit à la télé, c’est une athlète qui nage sur place. Pas convaincu que ce soit une proposition si attrayante pour les ados. Comme me l’a souligné un ami qui travaille en télévision, présenter du documentaire en direct, ce n’est pas toujours une bonne idée…