Esthéticiennes, préparez-vous à une longue journée. Car il y a des millions d’ongles grugés, rongés et mâchouillés au Québec, ce jeudi matin, au lendemain de la victoire hautement stressante du Canadien contre les Golden Knights de Vegas.

Une partie qui s’est déroulée en deux temps.

Dans les 20 premières minutes, le Canadien a dominé ses adversaires. Ses quatre trios jouaient avec conviction. Corey Perry et Eric Staal se sont imposés avec l’aplomb qu’on leur connaissait en 2011. Cole Caufield nous a de nouveau démontré qu’il était aussi bon passeur que compteur. Très encourageant pour la suite. Et Jeff Petry, de retour dans l’alignement, se déplaçait sur la ligne bleue adverse avec l’aisance d’un funambule. Cette mobilité retrouvée à la défense a bien servi le Tricolore. Franchement, ç’a été une des meilleures périodes des Montréalais cette année.

Puis le Canadien s’est replié dans sa zone. Ce en quoi il excelle, depuis un mois, lorsqu’il prend l’avance. Sauf que les Golden Knights sont pas mal meilleurs que les Jets de Winnipeg. Alors le Tricolore a encaissé. Tir après tir. Encore et encore. Pendant les 40 dernières minutes. Lorsque la pression des Golden Knights s’intensifiait, celle des partisans du Canadien montait au plafond. C’était essoufflant. Un peu comme essayer de repousser quatre boules de pinball avec deux flippers.

Heureusement pour le Tricolore, ses flippers étaient bien huilés.

D’une part, Carey Price a été solide. Il a connu un autre gros départ, avec 29 arrêts. Dont deux lors d’échappées d’Alex Tuch et William Karlsson, et un autre, magistral, face à Alec Martinez, oublié sur son flanc après être descendu soutenir l’attaque.

Vous aurez compris que devant Price, il y a eu quelques ratés en défensive. Or, à part ces épisodes de faiblesse et les deux buts des Golden Knights, les joueurs du Canadien ont réussi à bloquer le centre de la glace. Oui, les Golden Knights avaient presque toujours la rondelle, mais ils étaient souvent forcés de tirer d’angles restreints.

D’ailleurs, lorsqu’on compare la carte de la provenance des tirs des deux équipes, le contraste est saisissant. Les tirs du Canadien sont essentiellement regroupés dans le bas de l’enclave, à quelques pouces du nez de Marc-André Fleury. Ceux des Golden Knights ? Les petits points sont dispersés un peu partout. Comme sur un dalmatien. Ça signifie que les défenseurs du Tricolore ont réussi à écarter les attaquants des Golden Knights de la zone payante. Aussi, en refermant le jeu, les joueurs du Canadien sont parvenus à bloquer 26 tirs. C’est énorme. Deux fois plus que leur moyenne par partie cette saison. À elle seule, la paire Shea Weber-Ben Chiarot en a bloqué sept.

Bref, ce n’était pas toujours joli. Mais peu importe la manière, à la fin, la seule statistique qui compte, ce sont les buts. Le Canadien, plus « opportuniste », revient donc à Montréal avec une victoire.

L’avantage de la glace.

Et l’espoir.

Une très grande victoire

Vaincre son idole, c’est une étape importante dans la carrière d’un athlète. Un moment de grâce. Car lorsque l’élève sait qu’il peut désormais battre le maître, le monde des possibles s’ouvre à lui.

PHOTO FRISO GENTSCH, ASSOCIATED PRESS

Félix Auger-Aliassime, lors de son match contre Roger Federer, mercredi, lors du tournoi de Stuttgart

C’est ce qu’a vécu Félix Auger-Aliassime, mercredi, en Allemagne. Le joueur québécois a remporté son duel face à son idole de jeunesse, Roger Federer. Sur le gazon, en plus, le terrain de jeu préféré de Federer – le Suisse a gagné 87 % de ses parties sur cette surface. « Si c’était la finale aujourd’hui, j’aurais sorti le champagne ! », s’est enthousiasmé Auger-Aliassime, fier de son coup d’éclat.

Cette victoire tombe à point. Auger-Aliassime vient de connaître des mois mouvementés. Il a changé d’entraîneur. Il s’est fait éliminer dès le premier tour à Roland-Garros, Lyon, Madrid et Monte-Carlo. Il avait aussi perdu ses 11 derniers matchs contre des joueurs du top 10.

Ce gain contre le meilleur joueur de l’histoire lui permet d’effacer l’ardoise. De repartir sur de nouvelles bases. « Une belle victoire repère », a-t-il affirmé avec justesse. Tout ça à quelques jours de Wimbledon et des Jeux olympiques de Tokyo.

Pariez que Félix Auger-Aliassime aura d’autres occasions de sabler le champagne. Plutôt tôt que tard.