Des boxeurs québécois qui deviennent champions du monde, déjà, c'est rare. Un boxeur québécois qui relance la boxe québécoise à lui seul? Ça, c'est encore plus rare.

C'est pour ça qu'Éric Lucas est mon choix. Avant lui, la boxe au Québec, c'était fini. Fini. Je me souviens des galas dans des salles à moitié vides, je me souviens de ces boxeurs qui rêvaient d'une carrière ailleurs, loin du Québec. Bien sûr, le monde s'enflammait pour Hilton-Ouellet, mais à part ça, c'était plutôt tranquille. On disait même que le kick-boxing allait finir par détrôner la boxe...

 

Puis est arrivé Éric Lucas. Puis est arrivé ce soir de juillet 2001 au Centre Molson, face au champion du monde WBC chez les super-moyens, le Britannique Glenn Catley. Quand Lucas a passé le K.-O. à Catley au septième, c'est comme si les portes du succès s'étaient ouvertes tout d'un coup. Pour Lucas. Mais aussi pour ceux qui allaient le suivre: Alcine, Pascal, Diaconu, Bute...

Résultat? La boxe québécoise ne s'est jamais aussi bien portée. Jamais nos boxeurs n'ont-ils eu un tel rayonnement sur la scène internationale. Et ça, c'est grâce à Lucas.

En plus de sauver notre boxe, Éric Lucas a aussi sauvé InterBox, acteur de plus en plus important sur la planète boxe. Ça aussi, ça mérite d'être souligné.

Après son coup d'éclat contre Catley, Lucas a défendu son titre à trois reprises, toujours de manière convaincante, avant le vol que l'on sait en Allemagne et devant Markus Beyer, en avril 2003.

Lucas est récemment remonté sur le ring du Centre Bell. À 38 ans, ses meilleurs jours sont derrière lui. Mais on ne peut ignorer son héritage, ni les portes qu'il a ouvertes ce soir-là face à Catley.

Et maintenant, quand je vois un boxeur québécois en championnat du monde, je pense toujours à ce fameux soir de juillet 2001.