L'impressionnante victoire de Manny Pacquiao sur le Portoricain Miguel Cotto samedi à Las Vegas a ouvert en grand l'appétit des aficionados du noble art, qui ne rêvent plus que d'une confrontation entre le Philippin et l'Américain Floyd Mayweather Jr en 2010.

Cette affiche, qui fait saliver au-delà du monde de la boxe, serait le combat le plus médiatique depuis le Championnat WBC des super-welters entre Oscar de la Hoya et Mayweather en 2007, qui avait entraîné des records d'audience avec la bagatelle de 2,2 millions de séances à la carte.

Un an après que Pacquiao a envoyé de la Hoya à la retraite par KO et six mois après qu'il a puni le Britannique Ricky Hatton en deux rounds, sa démolition en règle de Cotto samedi dans un Championnat WBO des welters (arrêt de l'arbitre à la 12e et dernière reprise) a marqué les esprits.

A sa descente du ring, son promoteur Bob Arum n'a pas hésité à placer l'idole des Philippines aux côtés des plus grands: Muhammad Ali, Sugar Ray Leonard et Marvin Hagler. Mais Pacquiao a vite et humblement rectifié, soulignant qu'on ne pouvait pas le comparer à «de telles vedettes».

Le Philippin, désormais entré dans l'histoire comme le seul boxeur sacré champion du monde dans 7 catégories différentes (dont 2 titres d'organisations «mineures»), est incontestablement à 30 ans le meilleur toutes catégories confondues, un honneur qui revenait à Mayweather avant qu'il raccroche les gants en 2007.

L'avènement de Pacquiao a dû piquer l'Américain dans son orgueil et lui a aussi peut-être fait flairer le bon coup financier. Mayweather, 32 ans, qui compte six titres de champion du monde dans cinq catégories différentes, est en tout cas sorti de sa retraite pour battre en septembre le Mexicain Juan Manuel Marquez dans un combat welters sans titre en jeu. Il ne restait à Pacquaio qu'à battre Cotto...

«Mayweather sait où me joindre»

La guerre des mots, l'intox et le folklore ont déjà commencé, avant même les premières négociations. «S'il veut combattre Pacquiao, Mayweather sait où me joindre», a glissé Arum. Pacquiao a, lui, fait profil bas, notant simplement qu'il ne combattrait jamais au-dessus des welters (147 livres, 66,67 kg).

Ross Greemburg, le président de la chaîné à péage HBO, qui diffuse les grands combats en paiement à la séance, a toutefois fait frémir les journalistes en affirmant: «Mayweather va appeler Bob Arum lundi».

Tout le monde pousse pour un match entre «Pacman» et «Money» Mayweather, surtout HBO, qui a retransmis cette année deux combats ayant dépassé le million de demandes en paiement à la séance (Mayweather-Marquez et Pacquiao-Cotto), une chose qui n'était plus arrivée depuis 1999.

L'entraîneur de Pacquiao, l'Américain Freddie Roach, a toutefois ramené tout ce petit monde sur terre en abordant le possible volet financier de cette alléchante affiche sportive. Ainsi, son poulain n'acceptera pas moins que les 13 millions de dollars qu'il a touchés pour le combat contre Cotto. Or Mayweather est bien connu pour sa gourmandise... des billets verts.

«Si Floyd veut 65% du total, nous n'accepterons pas, a prévenu Roach. Mais nous sommes prêts à des compromis honnêtes parce que, personnellement, je veux voir Manny boxer contre Mayweather.»