Le combat de championnat du monde WBC des mi-lourds de vendredi au Centre Bell mettra aux prises deux boxeurs imparfaits. Et c'est là tout l'attrait de ce duel entre Adrian Diaconu, le champion, et Jean Pascal, l'aspirant.

Car il est impossible de prédire avec certitude qui va l'emporter. Certes, il y a des qualités chez Diaconu qui lui donnent un avantage sur Pascal, et vice-versa. Sauf que chacun a aussi des défauts qui pourraient mener à la défaite en un clin d'oeil.

«Exactement, acquiesce Pierre Bouchard, l'entraîneur de Diaconu. Celui qui, ce soir-là, va gérer le mieux ses forces et ses faiblesses, qui va être le mieux en mesure de mettre toutes ses forces sur la table et de laisser ses faiblesses à la maison, va gagner le combat.»

«Ce sont les meilleurs styles pour s'affronter, avance Marc Ramsay, l'entraîneur de Pascal. On est sûr à 100 pour cent d'avoir un bon combat, peu importe la stratégie que les deux camps vont adopter. C'est un jumelage de styles qui fait en sorte qu'on ne peut pas se tromper. On est sûr d'avoir de l'action.

«(En Diaconu), on a un gars qui est très fort physiquement, un dur cogneur qui va tenter de mettre beaucoup de pression sur Jean (Pascal), ajoute Ramsey. Et du côté de Jean, on a un gars qui est capable de couvrir beaucoup plus d'aspects de la boxe. Si on a besoin de jouer aux bras, on va jouer aux bras, et si on a besoin de boxer on va boxer. Jean est capable de tout faire dans le ring.»

Le fait que le duel oppose deux boxeurs locaux ne fait qu'ajouter à l'équilibre des forces.

«C'est un livre ouvert, dit Bouchard. On connaît tout de Jean Pascal et ils connaissent tout de nous. Ça va revenir à une question de qui va adopter la meilleure stratégie et, surtout, être capable de l'appliquer le plus longtemps possible.

«Nous, c'est simple. Adrian s'en va là sprinter pour trois ou quatre rounds et résister le plus longtemps possible, ajoute l'entraîneur de Diaconu. (Pascal) va-t-il être capable de prendre les coups d'Adrian? Si oui, on va avoir tout un combat. Sinon, ça va être court.»

Pascal, plus complet?

Aucun doute que Diaconu est un cogneur puissant. C'est d'ailleurs cette arme qui lui a permis de vaincre Rico Hoye, en 2007, en combat éliminatoire. Cette victoire l'avait amené sur le chemin - quoique tortueux - de la conquête du titre WBC des mi-lourds.

Mais le clan Pascal estime qu'il aura le dessus sur le Montréalais d'origine roumaine parce qu'il mise sur un boxeur plus complet.

«Aucun doute, affirme Ramsay. Si tu prends tous les aspects de la boxe, que ce soit la rapidité, l'intelligence, l'occupation du ring... Le score est à peu près 8-1 (pour Pascal). ECa va être l'intelligence contre la force. Mais avec l'intelligence, l'homme est capable d'envoyer des gens sur la lune.»

«Depuis mon combat contre Carl Froch, je suis devenu un boxeur plus complet, qui a une plus grande maturité et c'est ça qui va m'aider à remporter ce combat-là, estime Pascal. Je sais que ça va être une tâche ardue parce qu'Adrian, c'est tout un boxeur. Il a une bonne technique. Il frappe dur des deux mains.»

Pascal a raison de s'attendre à une tâche ardue. Le Lavallois d'origine haïtienne est peut-être effectivement plus complet. Mais ça ne veut pas dire pour autant que Diaconu est un athlète unidimensionnel.

«Il frappe des deux mains, il est rapide, il est explosif, il a l'expérience, il connaît la boxe, il a un bon menton, énumère l'entraîneur-chef et directeur des opérations chez InterBox, Stéphan Larouche, en parlant de Diaconu. C'est un gars fiable dans le ring. Il est sérieux. Et là, il est motivé comme il ne l'a jamais été.»

Eviter la honte

Motivés, les deux boxeurs le seront tous les deux. Ni un, ni l'autre ne voudra perdre la face devant le boxeur de l'écurie rivale - Diaconu du côté d'InterBox, Pascal pour le compte de GYM. Ni se faire court-circuiter une carrière en devenir.

Le perdant de cet affrontement ne sera pas un Américain ou un Mexicain venu ici en coup de vent, qui pourra ensuite disparaître en toute discrétion. Puisqu'ils demeurent tous deux au Québec, ni Diaconu, ni Pascal ne pourra se cacher après une éventuelle défaite. Il faudra répondre aux questions, faire face à la honte de la défaite.

«Cette ceinture-là, je la veux plus que n'importe quoi. Je pense que je la veux plus que la ceinture des super-moyens, lance Pascal, en faisant allusion à son combat de championnat du monde contre Carl Froch, l'hiver dernier. Parce que la ceinture des super-moyens, je l'ai perdue. Là, c'est ma deuxième chance. Cette chance-là, je ne veux vraiment pas la manquer.»

«Je m'attends à un combat corsé, un combat spectaculaire. Les gens veulent voir des coups de poing», dit Diaconu.