(Los Angeles) Cinq mois après la fin de son cauchemar, Brittney Griner, détenue 10 mois en Russie, est redevenue une joueuse de basketball avec le Mercury de Phoenix, vendredi, accueillie par une ovation debout lors du match d’ouverture de la saison WNBA à Los Angeles.

« Il faut se remettre au travail et savoir tout mettre de côté », a dit Griner, à propos des émotions qui l’ont traversée lors de cet instant aussi solennel que chaleureux, au micro d’ESPN, qui retransmettait ce match en direct.

Le Crypto.com Arena, certes clairsemée, mais où était présente Kamala Harris, n’allait en effet pas manquer de réserver un tel accueil à Griner, à l’occasion de cette rencontre marquant un retour à la normale pour la vedette, double championne olympique avec Team USA en 2016 et 2020.

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La vice-présidente américaine Kamala Harris a assisté au match marquant le retour au jeu de Brittney Griner.

« Merci pour tout ce que vous avez fait pour soutenir Brittney, car je sais que c’était rude. C’était très difficile pour vous, parce qu’une équipe est une équipe — c’est la famille », a déclaré la vice-présidente aux joueuses du Mercury à qui elle a rendu visite dans le vestiaire.  

La dernière fois que Griner avait foulé un parquet de la ligue nord-américaine, c’était le 17 octobre 2021, lors du quatrième match de la finale perdue contre le Sky de Chicago. Soit 579 jours.

Quant à son précédent match en compétition, il datait de 474 jours dans le championnat russe, avec Ekaterinburg.

La pivot avait été arrêtée en février 2022 dans un aéroport de Moscou avec une vapoteuse et du liquide contenant du cannabis, un produit interdit en Russie. Elle s’apprêtait à piger pour l’équipe d’Ekaterinbourg, pendant l’intersaison américaine.

« Un jour de joie »

En août, elle avait été condamnée à une peine de neuf ans d’emprisonnement puis, après le rejet de son appel, avait été transférée en novembre dans une colonie pénitentiaire dans le centre de la Russie.

Brittney Griner avait finalement été échangée en décembre contre le marchand d’armes russe Viktor Bout, prisonnier aux États-Unis.

Au cours des cinq derniers mois, elle s’est entraînée et préparée pour redevenir l’intérieure dominante qu’elle était auparavant. Et pour ce match de reprise finalement largement perdu (94-71) par son équipe face aux Sparks de Los Angeles, elle a plus que convaincu, terminant meilleure marqueuse (18 points à 7/9 aux tirs, 6 rebonds, 4 contres).

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À chacune de ses actions, les fans des deux équipes ont encouragé bruyamment la joueuse de 32 ans, qui est aussi une figure de la communauté LGBT+.

« C’est un jour de joie », s’était félicitée dans son discours d’avant-match, l’entraîneure de Phœnix, Vanessa Nygaard. « Tout au long de la saison dernière, j’ai commencé chaque conférence de presse en rappelant depuis combien de jours elle était partie. Et jusqu’au jour où nous avons appris qu’elle était sur le point de rentrer à la maison, personne ne pensait que cela allait se produire. »

« C’était lourd tous les jours. Mais c’est formidable d’avoir ce match aujourd’hui. C’est un miracle qu’elle soit ici et tous ceux qui assisteront à ce match aujourd’hui seront témoins d’un miracle : elle est revenue d’une prison russe et joue à nouveau au basketball dans la WNBA. C’est grâce à la force et à la volonté de tant de personnes que cela s’est produit », a-t-elle ajouté.