Le projet d’implantation d’une franchise de la NBA à Montréal est au point mort, confirment deux personnes au cœur du dossier.

Avec la récente ratification d’une nouvelle convention collective qui liera les joueurs à la ligue jusqu’en 2030, nombreux sont les observateurs qui s’attendent à une expansion du circuit dans de nouveaux marchés. Or, le dénouement de celle-ci est assez prévisible. Et les partisans de basketball de la métropole feraient mieux de ne pas retenir leur souffle.

« Depuis 18 mois, c’est devenu assez évident, pour nous, vers où la ligue se dirige », affirme au bout du fil Michael Fortier, vice-président du conseil de RBC Marchés des Capitaux. Cet ex-ministre fédéral, visage du groupe travaillant sur un projet d’équipe montréalaise de la NBA depuis quelques années, sait très bien quelles villes profitent d’un actuel « vent de dos » qu’il est virtuellement impossible de contrer : Seattle et Las Vegas.

« Un marché bien connu et un autre qui marche au coton », résume-t-il.

PHOTO ANDRÉ PICHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Michael Fortier, vice-président du conseil de RBC Marchés des Capitaux, a été impliqué dans le projet d’équipe montréalaise de la NBA.

Si, d’aventure, la ligue décidait de lancer un appel de candidatures ouvert, « on aurait un groupe qui ferait une demande pour Montréal », insiste M. Fortier. « Mais je ne pense pas que c’est ce qui va arriver. »

Il ne voit pas pourquoi le commissaire Adam Silver, avec qui il entretient une bonne relation au demeurant, déploierait un processus complexe dont l’issue est connue à l’avance.

« Pour les joueurs, pour les financiers, pour les propriétaires, pour les diffuseurs, pour tout le monde qui suit le basket, il y aurait plein de bon sens » dans la création de nouvelles équipes à Seattle et à Vegas.

Pendant 40 ans, Seattle a eu une franchise. Celle-ci n’« aurait jamais dû partir » en 2008, dixit Michael Fortier. Un groupe de propriétaires « très ancrés, proches de la ligue » jouit, selon lui, d’un préjugé favorable.

Quant à Vegas, elle est portée par une indéniable erre d’aller. La LNH et la NFL s’y sont établies avec succès au cours des dernières années. Le baseball majeur suivra vraisemblablement, alors que le déménagement des A’s d’Oakland dans le désert du Nevada semble assuré. Dans ce contexte, l’arrivée de la NBA tomberait complètement sous le sens.

  • Foule enthousiaste pour la diffusion du sixième match de la finale de la NBA rue Peel, à Montréal, en 2019, année du triomphe des Raptors de Toronto

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Foule enthousiaste pour la diffusion du sixième match de la finale de la NBA rue Peel, à Montréal, en 2019, année du triomphe des Raptors de Toronto

  • Foule enthousiaste pour la diffusion du sixième match de la finale de la NBA rue Peel, à Montréal, en 2019, année du triomphe des Raptors de Toronto

    PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

    Foule enthousiaste pour la diffusion du sixième match de la finale de la NBA rue Peel, à Montréal, en 2019, année du triomphe des Raptors de Toronto

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Par ailleurs, à plus d’une reprise par le passé, le joueur étoile LeBron James a non seulement exprimé le souhait de voir le basketball professionnel atterrir à Vegas, mais s’est aussi montré ouvertement intéressé à faire partie des propriétaires d’une potentielle franchise qui s’y installerait. Hasard ou non, la nouvelle convention collective permet désormais aux joueurs de détenir des parts dans une équipe.

« À l’arrêt »

Michel Leblanc, président et chef de la direction de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM), ne tente pas davantage d’embellir la réalité.

« Le projet est complètement à l’arrêt », laisse-t-il tomber. Une « nouvelle mobilisation » serait nécessaire si la NBA lançait, un jour, un appel d’offres.

Pour lui, la pandémie a « brisé un momentum » du côté montréalais.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

Match préparatoire de la NBA entre les Raptors de Toronto et les Wizards de Washington au Centre Bell, en 2015

Pendant longtemps, M. Leblanc a été au cœur même du dossier. Il a lui-même, en compagnie de Michael Fortier et de Kevin Gilmore, gestionnaire bien connu qui a notamment été président du CF Montréal, rencontré des investisseurs potentiels, québécois comme étrangers.

Son opinion ne change pas, malgré l’absence de traction pour un projet en ce moment : à ses yeux, « les grandes villes du monde se caractérisent par des équipes de sport professionnel des ligues majeures ». C’est pourquoi il refuse de dire « que la fenêtre est fermée pour toujours ».

On peut toutefois se demander à quel moment cette « fenêtre » rouvrira. Après une expansion potentielle de la NBA à Seattle et à Vegas, la prochaine aurait-elle lieu « deux ans, huit ans après ? », se demande Michael Fortier. « On ne sait pas. »

Il s’attend davantage à une percée internationale, possiblement en Europe ou au Mexique. Il ne s’expliquerait pas, toutefois, pourquoi Montréal accéderait à une nouvelle division « mondiale » si les Raptors de Toronto demeurent liés aux clubs américains.

Rien de neuf au baseball

On s’en doutait, mais le baseball est dans le même bateau que le basketball quand on parle d’une franchise à Montréal. Michel Leblanc, de la Chambre de commerce, répète d’ailleurs les mêmes mots pour parler du projet : « complètement à l’arrêt ». En janvier 2022, après que le baseball majeur eut rejeté l’idée d’une équipe en garde partagée entre Tampa et Montréal, le groupe dirigé par Stephen Bronfman a affirmé qu’il n’avait « pas de plan B ». « Aucune information ne me donne à penser qu’il y a présentement du travail souterrain » en cours, affirme M. Leblanc.