« C’est une bénédiction. Un cadeau venu du ciel. » Native de Montréal-Nord, Maël Gilles a eu la chance de participer à un camp d’entraînement de la Women’s National Basketball Association (WNBA), au printemps. Une expérience qu’elle ne risque pas d’oublier.

En se remémorant son expérience dans la ligue féminine de basketball la plus prestigieuse au monde, lors d’un appel vidéo avec La Presse, Maël Gilles ne peut s’empêcher de sourire.

Vers la mi-avril, l’athlète de 24 ans a obtenu la chance de sa vie. Après cinq saisons universitaires dans la National Collegiate Athletic Association (NCAA), elle a été invitée à se joindre au Mercury de Phoenix, l’une des 12 équipes de la WNBA, pour un camp d’entraînement de deux semaines. Elle n’avait pas été sélectionnée au repêchage, quelques jours plus tôt.

PHOTO FOURNIE PAR MAËL GILLES

Maël Gilles a joué quatre saisons à l’Université Rutgers avant de passer à l’Université d’État de l’Arizona, pour sa dernière année dans la NCAA.

Le premier jour [du camp], je me suis mise à genoux dans le vestiaire. J’ai pleuré. Le repêchage pour la WNBA, il est très petit. Il y a seulement 3 tours, 12 filles par tour. Et puis ce ne sont pas toutes les filles qui sont repêchées qui sont retenues pour le camp ou la saison.

Maël Gilles

Au bout du compte, Maël Gilles n’a pas réussi à se tailler un poste pour la saison. Mais elle garde un souvenir extrêmement positif de son séjour chez les professionnelles.

« Ç’a été une expérience inoubliable. Tous les jours, je suis restée humble. Ça n’a juste pas été assez pour rester, mais je ne pensais pas à ce qu’il allait se passer dans deux semaines. Je suis contente d’avoir été comme ça. Je suis restée dans le moment présent. »

« C’est juste dommage qu’il n’y ait pas plus d’équipes, parce que des filles comme elle pourraient jouer dans la ligue », affirme Charli Turner Thorne, qui a été l’entraîneuse de la Montréalaise la saison dernière à l’Université Arizona State. « Chaque année, les effectifs sont remplis. Il y a assurément de l’espace pour une expansion, mais il faut seulement trouver les finances pour le faire. »

Côtoyer des étoiles

Diana Taurasi, Skylar Diggins-Smith, Tina Charles... dans le vestiaire du Mercury, Maël Gilles a interagi avec plusieurs étoiles de la WNBA.

« Tu réalises que ce sont des personnes comme toi, dit-elle en ricanant. Mais c’était impressionnant de voir comment elles agissaient, se parlaient et se comportaient en tant que pros. [...] Elles arrivaient toujours une heure à l’avance, faisaient leurs traitements de corps ensemble et se préparaient pour tous les entraînements. »

Le 28 avril, la Montréalaise a même eu l’occasion de disputer un match d’avant-saison, contre le Storm de Seattle. Elle a inscrit sept points, distribué deux passes, bloqué un tir et intercepté un ballon en 12 minutes de jeu.

PHOTO FOURNIE PAR MAËL GILLES

Maël Gilles lors d’une rencontre de pré-saison entre le Mercury et le Storm de Seattle

« Mon premier panier, c’était un tir à trois points sur une passe de Skylar Diggins. J’ai crié “yeah !”, raconte-t-elle. Le tir d’avant, je l’avais manqué. Ils voulaient vraiment que je la shoote.

« Juste de voir mon nom de famille sur le dos du jersey... j’étais comme “wow” ! C’est un peu comme le collégial, mais à grande échelle. »

Continuer à travailler

Même si elle a fait partie de plusieurs équipes provinciales et même nationales durant son adolescence, Maël Gilles a connu un parcours assez difficile.

Le basket, ce n’est pas gratuit, et on n’avait pas beaucoup d’argent. C’était tough d’avoir trois repas par jour. Mes coachs, ils savaient ça. Ils m’ont aidée avec les ressources qu’ils avaient.

Maël Gilles

« Même durant les championnats canadiens, elle travaillait jusqu’à 3 ou 4 h du matin. Elle surétudiait pour pouvoir obtenir son diplôme, se rappelle Martin Fortier, son ancien entraîneur chez les Nomades du cégep Montmorency. Elle est capable de prendre des rebonds à l’anneau, elle a une exceptionnelle impulsion et un bon leadership. C’était parfait, de la coacher. C’était évident qu’elle allait jouer pro un jour. »

« Quand je pense à ma famille – à toutes les fois où elle m’a vue me lever le matin extrêmement tôt pour aller m’entraîner –, je n’ai pas de mots pour décrire tous les moments où elle a cru en moi », ajoute l’athlète québécoise.

Maël Gilles n’a pas encore signé de contrat professionnel pour la prochaine saison. Elle a cependant déjà eu des discussions avec des clubs en Belgique, en Espagne, en France et en Turquie : elle jouera donc certainement sa première campagne pro de l’autre côté de l’Atlantique.

« Mon but, c’est de jouer dans la WNBA, mais ça ne me dérange pas de jouer overseas quelques années. »

En savoir plus
  • 1997
    Saison inaugurale de la WNBA, ligue qui appartient à la NBA
    Source : Archives WNBA
    36
    Le calendrier de la WNBA compte 36 rencontres, comparativement à 82 pour la NBA.
    Source : WNBA