Cinq saisons, trois équipes, 1000 points, 200 paniers à trois points et deux participations au March Madness. La Québécoise Julie Brosseau peut dire mission accomplie en NCAA.

On parle généralement peu de ces joueuses de basketball qui quittent la province pour pratiquer le sport qu’elles aiment au sud de la frontière. Regard sur le parcours d’une d’entre elles, qui vient de passer cinq ans au sein du circuit américain.

Au moment de s’entretenir avec La Presse, Julie Brosseau faisait encore son deuil de l’élimination de son équipe, les Jayhawks du Kansas, aux mains du Cardinal de l’Université Stanford au deuxième tour du March Madness, le championnat national. Ce qui signifiait aussi la fin de sa carrière en NCAA division 1.

« C’est décevant, admet-elle. [...] Mais je pense que cette équipe-là va gagner le national. »

Fruit du Collège Montmorency, Julie Brosseau n’aurait jamais même pensé qu’elle participerait un jour au March Madness. Tout s’est vraiment enclenché en 2016, à l’issue de ses années collégiales, quand elle a été classée 4e joueuse au Canada par le Crown Scout Magazine.

Si la native de Repentigny elle-même ne comprenait « pas trop » ce que ça voulait dire à l’époque et qu’elle ne s’en souciait pas vraiment, elle a conscience que c’est en partie ce qui lui a permis d’obtenir une offre d’une université américaine. Celle du Maine.

« L’entraîneur-chef est venu me visiter deux fois à Montréal, l’assistant-entraîneur était venu me voir jouer aussi. Ils étaient vraiment impliqués dans mon processus », raconte-t-elle.

« C’était tout nouveau pour moi », enchaîne-t-elle.

Dans mon équipe, personne n’était passé par là nécessairement, dans ma famille non plus. Je me suis juste lancée dans l’aventure. C’était ma seule offre officielle, alors c’était sûr que j’allais la prendre.

Julie Brosseau

Maine, Utah, Kansas

À sa première saison au sein du circuit américain, Julie Brosseau a enregistré une moyenne de 6,8 points par match et réussi 33,7 % de ses trois points, sa force.

« Je me souviens que mon entraîneur au Collège Montmorency essayait de préparer ses joueuses pour les universités américaines, raconte-t-elle. [...] Je le savais un peu qu’il fallait que je sois tout le temps à mon meilleur dans les pratiques. »

Naturellement, qui dit États-Unis dit anglais. « Il y avait une grosse barrière. Je ne parlais pas tant l’anglais. Je le comprenais un peu. Ça m’a pris un peu de temps pour faire la transition. »

À sa deuxième saison avec l’Université du Maine, en 2017-2018, Brosseau a eu l’occasion de participer au March Madness pour la première fois. Son équipe s’est inclinée au premier tour devant l’Université du Texas, mais il n’en a pas fallu plus à la Québécoise pour se fixer un nouvel objectif : y retourner.

PHOTO TONY AVELAR, ASSOCIATED PRESS

Julie Brosseau (20)

« C’est après ce match-là que j’ai réalisé que c’est vraiment ce que je voulais, que je voulais aller jouer contre des joueuses plus fortes, des conférences plus fortes, avoir plus d’attention des médias. »

Elle a donc pris la décision de rejoindre deux de ses anciennes coéquipières du Collège Montmorency chez les Utes de Utah, dans la conférence du Pac-12. Après une année comme redshirt – une campagne sans matchs afin de gagner un an de plus à l’université –, Julie Brosseau a disputé une saison en Utah. Puis, elle a transféré chez les Jayhawks du Kansas pour ses deux dernières années universitaires.

Je pense que j’ai pris beaucoup d’expérience de chaque équipe, ce qui a comme formé la joueuse que je suis aujourd’hui.

Julie Brosseau

Cette saison, elle a joué en moyenne 16,2 minutes par match, alors que son équipe a pris le 5e rang de la conférence du Big 12. La Québécoise présente une fiche de 5,5 points, 1,5 passe décisive et 1,4 rebond par rencontre. Elle a d’ailleurs réalisé son meilleur pourcentage de réussite sur ses tirs de trois points : 40,6 %. À la fin de janvier, elle a inscrit son 1000e point et son 200e panier de trois points.

« C’est quelque chose dont je suis fière », confie-t-elle à ce sujet.

« Pour vrai, je suis satisfaite de ma saison, affirme-t-elle. J’ai accompli de gros objectifs que je voulais toujours accomplir, qui étaient de retourner au March Madness et de gagner plus d’un match. C’est arrivé cette saison. »

Le plan

Julie Brosseau termine cette année son MBA. Mais le veston et les dossiers, ce n’est pas pour tout de suite.

« Je veux continuer à jouer au basket professionnellement », dit-elle sans la moindre hésitation quand on lui demande ce qui s’en vient pour elle.

« La prochaine étape est d’engager un agent qui va m’aider à m’organiser pour mes prochaines opportunités et options. »

Si tout se passe bien, elle traversera donc l’océan Atlantique d’ici quelques mois.

« Pourquoi ne pas continuer à voyager et à découvrir d’autres places en faisant ce que j’aime ? »

Dit comme ça, ça a bien du sens.