Montréal est-elle mûre pour accueillir une équipe de la NBA ? Pas encore selon l’avis de quelques intervenants.

N’empêche, la métropole se prépare à la venue de la nouvelle équipe de la Ligue canadienne élite de basketball pour mai 2022, ce qui pourrait donner un aperçu de l’intérêt des partisans et des investisseurs pour la suite des choses.

La question est d’autant plus d’actualité après la rencontre historique qui a eu lieu dimanche entre les Raptors de Toronto et le Thunder d’Oklahoma City.

Le match a réuni pour la toute première fois sur le terrain trois joueurs Montréalais : Chris Boucher, Khem Birch et Luguentz Dort.

Il y aurait donc du talent dans la métropole et une certaine effervescence d’après les acteurs de la scène locale.

Mais qu’en est-il du projet d’un groupe de gens d’affaires québécois qui souhaite attirer une équipe de la NBA à Montréal ?

« Le projet est toujours sur la planche à dessin, indique l’ex-ministre fédéral et banquier Michael Fortier qui porte ce projet depuis plusieurs années. On verra si la ligue se décidera à faire une expansion. On pense aussi qu’il n’est pas impossible de voir un transfert d’une équipe qui existe déjà. Ce ne n’est pas nécessairement probable, mais ce n’est pas impossible. »

Dans tous les cas, M. Fortier est conscient qu’il faudra être patient et que même si la ligue donnait le feu vert pour l’ajout d’une nouvelle concession la compétition serait forte.

Plusieurs villes dont Tampa Bay et Las Vegas ainsi que Seattle, qui a vu son équipe délocalisée pour devenir le Thunder d’Oklahoma City, se feraient également concurrence.

D’où l’importance de réunir des investisseurs qui seront prêts à toute éventualité, croit-il.

Il peut d’ailleurs compter sur le milliardaire Stéphan Crétier, président-directeur général de Garda et Geoff Molson, le président et propriétaire du Canadien qui détient aussi le Centre Bell.

M. Molson a manifesté son ouverture à accueillir une future équipe dans son amphithéâtre si le projet venait à se concrétiser.

Ce qui éliminerait la question des fonds publics pour financer de nouvelles installations, contrairement à un retour des Expos qui nécessiterait un nouveau stade au centre-ville.

M. Fortier croit qu’une deuxième équipe au Canada pourrait facilement opérer avec succès et profiterait d’une rivalité naturelle avec les villes de Toronto, Boston et New York.

« Quand on parle à de possibles investisseurs aux États-Unis ou en Europe, les gens le voient le potentiel de la métropole, poursuit-il. Par contre, ils attendent de voir ce que les gens de la NBA vont décider. Alors notre travail en ce moment est de faire de Montréal, un endroit où la NBA voudrait s’installer. »

Équipe professionnelle

Mais est-ce que la métropole serait prête si la réponse s’avérait positive ?

« Je ne pense pas qu’on est encore prêt pour une équipe de la NBA », avance Alexandre Victor, président et cofondateur de l’Institut de sport Dynastie qui forme des joueurs de haut niveau provenant des quatre coins de la francophonie.

« Il y a eu un engouement chaque fois que des équipes de la NBA sont venues à Montréal, les estrades étaient pleines, mais pour ce qui est d’avoir le même soutien pendant 41 matchs, ce serait là où il y aurait un peu de difficulté à court terme », nuance-t-il.

Selon lui, l’arrivée de la Canadian Elite Basketball Association (CEBL) en anglais, qui sera connue sous le nom de la Ligue canadienne élite de basketball pour le marché québécois, est un « très bon début » pour tester la faisabilité du projet.

Même son de cloche du côté de celle qui tiendra les rênes de cette future concession montréalaise : Annie Larouche.

La directrice des opérations fraîchement débarquée dans l’aventure il y a un mois n’en est toutefois pas à ses premiers pas dans le monde du sport. Ayant passé 25 ans au sein des Alouettes de Montréal où elle a occupé de nombreux postes, elle dit connaître le marché « comme le fond de sa poche ».

Si elle est aussi d’avis qu’une équipe de la NBA est peu probable dans un proche avenir, elle est convaincue que ce n’est pas par désintérêt pour le sport, au contraire.

Elle croit que la métropole est prête pour une équipe professionnelle.

« On a la clientèle, on a l’intérêt », dit-elle emballée à l’idée de tout mettre en œuvre pour la 8e équipe de la Ligue canadienne élite de basketball.

« Avoir une équipe pro, ça va faire bouger les choses. Ça va donner une plateforme supplémentaire pour le sport et pour les jeunes. »

Former la relève

Mme Larouche estime qu’il y a beaucoup de talent au Québec. Or si les programmes de hockey sont très bien établis et suivent un parcours linéaire, le parcours n’est pas figé pour le basketball.

Il y a plutôt diverses façons d’accéder au rang professionnel. Et comme les programmes universitaires ne sont pas aussi développés qu’à Toronto, par exemple, c’est lors du passage aux études supérieures « qu’on perd nos jeunes ».

C’est d’ailleurs pour remédier à cette lacune que M. Victor, qui a fait partie de la première cohorte de basketball de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a décidé de cofonder Dynastie.

Croit-il que Montréal aurait le potentiel pour créer un écosystème afin de propulser les jeunes comme c’est le cas à Toronto ?

« Définitivement. Nous avons un bassin de joueurs assez talentueux, répond M. Victor, en faisant allusion aux jeunes athlètes québécois qui ont joint les rangs professionnels dans les dernières années. Le problème c’est peut-être juste un manque d’infrastructure. »

L’entrepreneur a démarré ce projet avec un désir de développer le talent des jeunes joueurs au Québec en plus d’offrir un centre d’excellence pour tous les joueurs de la francophonie.

« Notre vision est de devenir un hub pour tous ces talents-là », résume-t-il.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.