Encore aujourd’hui, une grande proportion des joueurs de la NBA proviennent de milieux défavorisés. Toutefois, la plupart d’entre eux ont grandi avec un ballon dans les mains et une équipe favorite à proximité ou dans une ville avoisinante.

Christopher Boucher, lui, est né à Sainte-Lucie, a grandi « un peu partout à Montréal » et n’a commencé à jouer au basket sérieusement que vers 17, 18 ans. Malgré tout, l’athlète de 6 pi 9 po (2,06 m) tentera d’ajouter une troisième bague de championnat à ses doigts alors que les Raptors de Toronto amorcent la défense de leur titre face aux Nets de Brooklyn, en première ronde des séries éliminatoires, ce lundi, à 16 h.

Le même jour, RDS proposera le documentaire Chris Boucher : l’histoire du bambou, qui raconte le parcours improbable du Québécois. Il sera diffusé à 21 h ou dès la conclusion du match entre les 76ers et les Celtics.

Le moment de diffusion est bien choisi, mais il était difficile d’imaginer que Boucher allait en plus offrir certaines des plus belles performances de sa jeune carrière dans la semaine précédente. Lundi, il a réalisé un sommet personnel en marquant 25 points contre les Bucks de Milwaukee, en plus de récupérer 11 rebonds, et ce, en seulement 29 minutes. Puis, mercredi, il a de nouveau mené les siens au chapitre des points, ex æquo avec Kyle Lowry, avec 19, en plus de réussir 4 tirs de 3 points et de bloquer autant de lancers. Vendredi, il a inscrit 9 points et 9 rebonds.

PHOTO MIKE EHRMANN, AP

Malgré ces statistiques impressionnantes, le joueur de 27 ans risque d’avoir de la difficulté à obtenir du temps de jeu de manière constante en séries. Pascal Siakam ainsi que les vétérans Marc Gasol et Serge Ibaka joueront certainement la majorité des minutes aux postes d’ailier fort et de centre maintenant que l’enjeu est plus grand. Toutefois, Boucher n’en est pas à son premier obstacle et, comme le documentaire le démontre, il a l’habitude de les surmonter.

Toujours faire mieux

« J’ai toujours été quelqu’un qui pense beaucoup. Ça m’aide, mais ça me tue aussi, parce que même quand je fais bien, je suis toujours en train de penser à ce que je peux faire mieux ou ce que je ne fais pas assez. » Le documentaire de 24 minutes réalisé par Sylvain Rancourt s’ouvre sur ces paroles de Chris Boucher.

On comprend rapidement que c’est son travail acharné qui l’a mené où il est. Mais comme bien des récits de succès, il a aussi rencontré les bonnes personnes au bon moment. En 2012, même après avoir ratissé tous les gymnases du Québec, Igor Rwigema, ex-dirigeant de l’Académie de basketball du Collège d’Alma, n’avait jamais vu jouer ou même entendu parler de Chris Boucher. Quand ce jour est venu, sur un terrain du quartier Petite-Bourgogne, il s’est demandé comment ce jeune lui avait échappé.

J’avais l’impression qu’il était partout en même temps. Je me suis dit : “Il a vraiment quelque chose à faire avec lui parce que je ne pense pas qu’on a déjà vu ça.”

Igor Rwigema, ex-dirigeant de l’Académie de basketball du Collège d’Alma

Ainsi, le jeune Chris, qui n’allait plus à l’école et travaillait à temps plein dans une rôtisserie St-Hubert, a déménagé au Saguenay–Lac-Saint-Jean, a terminé son secondaire et s’est concentré presque uniquement sur le basket. Les années suivantes donnent l’impression qu’elles se sont déroulées à une vitesse folle. Boucher a évolué dans les rangs de trois collèges américains, dont celui de l’Oregon. Une blessure majeure au genou lors de sa dernière saison chez les Ducks l’a tenu à l’écart pendant un an. Malgré son grand potentiel, son nom n’a pas été appelé lors du repêchage de la NBA de 2017, mais les Warriors de Golden State lui ont donné une chance. Le Montréalais a joué quelques matchs avec leur club-école à Santa Cruz et était dans l’alignement qui a remporté le titre de la NBA en 2018.

Toutefois, les champions l’ont laissé partir la saison suivante, et les Raptors ont saisi l’occasion. Boucher a poursuivi son développement dans la G-League, où il a rencontré un autre Québécois, Charles Dubé-Brais, entraîneur adjoint des Raptors 905. Le colosse s’est épanoui avec cette équipe, puis a été nommé joueur par excellence et meilleur défenseur de la ligne en 2019. Depuis, il s’est taillé un poste de réserviste à Toronto.

Bien raconté

Malgré sa courte durée, Chris Boucher : l’histoire du bambou permet d’en apprendre beaucoup sur l’un des trois Québécois dans la NBA. Son parcours inspirant est raconté par Boucher lui-même, Igor Rwigema, Charles Dubé-Brais et Ibrahim Appiah, son gérant et confident. On aurait aimé entendre les propos de sa famille, de ses coéquipiers ou de son entraîneur, mais les démarches de l’équipe de production de la série de documentaires 25 ans d’émotions n’ont pas permis d’obtenir ces témoignages.

Le montage manque un peu de dynamisme, ce qui est accentué par une trame sonore très dramatique avec des notes de piano lourdes et lentes. C’est un peu étrange, car il s’agit d’une histoire avec un dénouement des plus heureux. Les images d’archives à l’école secondaire et dans les différents collèges américains combinées à celles chez les Raptors et celles de Boucher dans un gymnase donnent cependant le goût de continuer de suivre la trajectoire de ce jeune athlète d’ici.